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ONU: la Turquie viole les droits de « centaines de milliers de personnes »

Parmi ces violations figurent la torture, les détentions arbitraires, la privation arbitraire du droit au travail et de la liberté de mouvement, d'association et d'expression

Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'adresse à la 42e réunion de Mukhtars au complexe présidentiel d'Ankara, le 20 décembre 2017. (Crédit : ADEM ALTAN / AFP)
Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'adresse à la 42e réunion de Mukhtars au complexe présidentiel d'Ankara, le 20 décembre 2017. (Crédit : ADEM ALTAN / AFP)

La prolongation de l’état d’urgence en Turquie a conduit à de « graves » violations des droits de « centaines de milliers de personnes », a accusé mardi un rapport de l’ONU, qualifié par Ankara de « biaisé » et « inacceptable ».

Dans un document de 29 pages couvrant l’année 2017, le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme a souligné que « les prolongations régulières de l’état d’urgence en Turquie ont conduit à de graves violations des droits de l’homme de centaines de milliers de personnes ».

Parmi ces violations figurent la torture et autres mauvais traitements, les détentions arbitraires, la privation arbitraire du droit au travail et de la liberté de mouvement, ou encore les atteintes à la liberté d’association et d’expression, selon le rapport qui dénonce « l’érosion de l’état de droit en Turquie » et réclame la fin de l’état d’urgence.

La réaction d’Ankara n’a pas tardé.

Ce rapport « contient des informations déformées, baisées et fausses (et) est inacceptable pour la Turquie », a affirmé le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué.

L’état d’urgence a été instauré en Turquie quelques jours après une tentative de coup d’Etat le 15 juillet 2016, imputée par les autorités au prédicateur Fethullah Gülen, installé aux Etats-Unis et qui nie toute implication.

« Les chiffres sont stupéfiants : près de 160 000 personnes arrêtées pendant 18 mois d’état d’urgence ; 152 000 fonctionnaires renvoyés, dont beaucoup de manière totalement arbitraire ; des enseignants, juges et avocats renvoyés ou poursuivis ; des journalistes arrêtés, des médias fermés et des sites web bloqués », a déclaré le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, cité dans un communiqué.

Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, à une conférence de presse sur le Venezuela aux bureaux des Nations unies à Genève, en Suisse, le 30 août 2017 (Crédit : AFP / Fabrice COFFRINI)

« Il est clair que les états d’urgence successifs déclarés en Turquie ont été utilisés pour restreindre sévèrement et arbitrairement les droits humains d’un très grand nombre de personnes », a-t-il ajouté.

Le Haut-Commissariat reconnaît « les défis complexes auxquels la Turquie a dû faire face pour répondre à la tentative de coup d’Etat du 15 juillet 2016 et à un certain nombre d’attentats terroristes ».

Mais le rapport indique également que « le simple nombre » et « la fréquence » des décrets d’urgence, ainsi que « l’absence de lien » entre ces décrets et la « menace nationale semblent pointer (…) une utilisation des pouvoirs d’urgence pour étouffer toute forme de critique ou de dissidence à l’égard du gouvernement ».

« Simulacre de noyade »

« L’une des conclusions les plus alarmantes du rapport », a relevé M. Zeid, est « la manière dont les autorités turques auraient détenu une centaine de femmes enceintes ou venant d’accoucher, principalement au motif qu’elles étaient associées à leur mari, qui sont soupçonnés d’être liés à des organisations terroristes ».

Des partisans de la campagne du « non » en Turquie manifestent et chantent des slogans durant un défilé organisé dans le district de Kadikoy d’Istanbul le 17 avril 2017 (Crédit : Bulent Kilic/AFP)

Selon le Haut-Commissaire, certaines de ces femmes « ont été détenues avec leurs enfants et d’autres ont été violemment séparées d’eux ». « C’est tout simplement scandaleux, tout à fait cruel, et cela ne peut certainement pas avoir quoi que ce soit à voir avec l’amélioration de la sécurité du pays », a-t-il asséné.

Le rapport de l’ONU documente également le recours à la torture et aux mauvais traitements en détention, y compris les passages à tabac, les agressions sexuelles, les chocs électriques et le simulacre de noyade par la police, la gendarmerie, la police militaire et les forces de sécurité.

Le rapport dénonce aussi la détention d’environ 300 journalistes, les accusations de fermeture de plus de 100 000 sites internet l’an dernier.

La Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) a également condamné mardi la Turquie pour la détention de deux journalistes, Mehmet Altan et Sahin Alpay, jugeant que leur maintien en détention ne pouvait être considéré comme « régulier » et « opéré selon les voies légales ».

Dans son rapport, l’ONU note par ailleurs les allégations continues de violations des droits de l’Homme dans le sud-est de la Turquie, région en majorité peuplée de Kurdes.

Dans un rapport publié il y a un an, le Haut-Commissaire avait dénoncé les « allégations de destructions massives, de meurtres et de nombreuses autres graves violations des droits de l’Homme commises entre juillet 2015 et décembre 2016 dans le sud-est de la Turquie, au cours des opérations de sécurité gouvernementales ».

Le Comité européen pour la prévention de la torture (CPT), organe spécialisé du Conseil de l’Europe, s’est par ailleurs inquiété mardi des conditions de détention du chef historique de l’opposition kurde Abdullah Öcalan, qui purge depuis 1999 une peine de prison à vie, et de trois autres prisonniers de l’île-prison d’Imrali (nord-ouest de la Turquie), privés de contact avec leurs avocats depuis presque cinq ans et avec leurs proches depuis plus de dix-huit mois.

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