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ONU : Le journaliste tué par Tsahal au Liban le 13 octobre était « clairement identifiable »

Selon les Casques bleus, aucun tir n'a eu lieu dans l'heure qui a précédé les tirs du char ; Tsahal assure avoir riposté à l'attaque du Hezbollah sur une communauté du Nord

Issam Abdallah, vidéaste pour l’agence de presse Reuters, prend un selfie alors qu’il travaille à Maras, en Turquie, le 11 février 2023. (Crédit : Issam Abdallah/Reuters via AP)
Issam Abdallah, vidéaste pour l’agence de presse Reuters, prend un selfie alors qu’il travaille à Maras, en Turquie, le 11 février 2023. (Crédit : Issam Abdallah/Reuters via AP)

Une enquête de l’ONU, consultée jeudi par l’AFP, indique qu’il n’y avait pas d’échanges de tirs à la frontière israélo-libanaise au moment où un char israélien a fait feu le 13 octobre, tuant un reporter de l’agence Reuters et blessant six autres journalistes, dont deux de l’AFP.

Selon les conclusions de l’enquête de la Force intérimaire des Nations unies au Liban, remise aux autorités libanaises et israéliennes, « l’armée israélienne a tiré deux obus de 120 mm de char Merkava » ce jour-là en direction des journalistes.

Elle souligne qu’il « n’y avait pas d’échanges de tirs à travers la Ligne bleue », qui marque la frontière entre le Liban et Israël, à ce moment-là, estimant que la raison des frappes visant les journalistes n’est pas connue.

« Les tirs contre des civils, en l’occurrence des journalistes clairement identifiables, constituent une violation de la résolution 1701 [du Conseil de sécurité de l’ONU, votée en 2006 et appelant à un cessez-le-feu permanent entre Israël et le Liban, NDLR] et du droit international », selon le rapport.

L’enquête indique que des échanges de tirs de part et d’autre de la Ligne bleue ont été signalés avant la frappe contre les journalistes.

Les reporters étaient partis couvrir dans le sud du Liban les affrontements transfrontaliers quotidiens depuis le 8 octobre entre l’armée israélienne d’une part et le mouvement islamiste libanais Hezbollah et d’autres groupes armés d’autre part.

En vertu de la résolution 1701, adoptée en 2006 pour mettre fin à la guerre entre Israël et les terroristes du Hezbollah soutenus par l’Iran, les forces de maintien de la paix de l’ONU ont été déployées pour garantir le cessez-le-feu le long de la ligne de démarcation de 120 kilomètres, autrement appelée Ligne bleue, entre Israël et le Liban.

La résolution prévoit également que le Hezbollah se retire derrière le fleuve Litani, une disposition que l’organisation terroriste n’a jamais respecté.

Des membres de la Défense civile enlèvent le corps du vidéaste de Reuters, Issam Abdallah, tué par un bombardement, dans le village frontalier d’Alma al-Shaab avec Israël, au sud du Liban, le 13 octobre 2023. (Crédit : AP Photo/Hassan Ammar, Dossier)

Dans le cadre de leur mission, les soldats de l’ONU enregistrent les violations du cessez-le-feu et enquêtent sur les cas les plus flagrants.

En plus de la mort d’Abdallah, les deux tirs de char ont blessé six journalistes présents.

Interrogée par l’AFP sur le rapport de la FINUL, l’armée israélienne a renvoyé à un communiqué publié vendredi dernier selon lequel des chars et canons d’artillerie israéliens ont ouvert le feu, le 13 octobre, en riposte à des tirs de missiles antichars, de roquettes et de mortier de la part du Hezbollah, qui se pose en alliée du Hamas, « afin d’éliminer la menace ».

Le texte « déplore tout préjudice causé à des parties non impliquées » et ajoute que l’armée israélienne « n’ouvre pas le feu délibérément sur des civils, particulièrement quand il s’agit de journalistes ».

Il ajoute que le mécanisme d’établissement et d’évaluation des faits de l’État-major général, chargé d’examiner les situations exceptionnelles, continuerait d’enquêter sur les circonstances de cet incident.

Selon le site Internet de Tsahal, l’équipe en charge de l’enquête remet un rapport au département des affaires juridiques de l’armée, lequel décide de l’intérêt d’une enquête criminelle.

Depuis le 8 octobre, les forces dirigées par le Hezbollah attaque quasi-quotidiennement les communautés israéliennes et postes militaires situés le long de la frontière, officiellement pour soutenir Gaza aux prises avec la guerre d’Israël contre le groupe terroriste du Hamas.

Ces frappes donnent lieu à des ripostes israéliennes quotidiennes. Toutefois, la plupart de ces escarmouches sont restées circonscrites à des zones proches de la frontière.

Cette photo prise depuis Israël le long de la frontière avec le Sud-Liban montre des volutes de fumée près du village libanais de Khiam lors de frappes israéliennes le 12 mars 2024 (Crédit : Jalaa MAREY / AFP)

Tsahal estime à plus de 300 le nombre de membres du Hezbollah tués, dont cinq hauts commandants, auxquels s’ajoutent 750 blessés, par des frappes israéliennes. Le Hezbollah parle, lui, de 244 morts dans ses rangs.

Quarante membres d’autres groupes terroristes ont également été tués dans des frappes sur le sud-Liban, ainsi qu’un soldat libanais et au moins 30 civils, dont trois journalistes.

Les échanges de tirs le long de la frontière ont causé la mort de sept civils côté israélien et de 10 soldats et réservistes de Tsahal.

Des preuves visuelles de l’incident

La rédactrice en chef de Reuters, Alessandra Galloni, a demandé à Israël d’expliquer comment l’attaque qui a tué Abdallah, 37 ans, avait pu se produire, et de demander des comptes aux responsables.

Le rapport de la FINUL a été envoyé aux Nations Unies, à New York, le 28 février dernier et communiqué aux militaires libanais et israéliens, ont déclaré deux sources proches du dossier.

« Il est souhaitable que l’armée israélienne mène l’enquête sur cet incident et examine ses procédures dans le détail afin d’éviter qu’il ne se reproduise », indique le rapport dans sa partie « recommandations ». « L’armée israélienne devrait partager les conclusions de son enquête avec la FINUL. »

Selon le rapport, pour les besoins de son enquête, la FINUL a dépêché une équipe sur le terrain le 14 octobre et reçu des contributions de la part de l’armée libanaise et d’un témoin anonyme, présent sur la colline lorsque les frappes ont eu lieu.

Les rapports réguliers du Secrétaire général de l’ONU sur l’application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité renferme des détails des incidents survenus dans la zone d’opérations de la FINUL. Toutefois, les enquêtes de la FINUL ne sont que rarement rendues publiques, et Reuters n’a pas été en mesure d’établir s’il y aurait ou non un suivi de la part de l’ONU.

Une patrouille de la FINUL (Force intérimaire des Nations Unies au Liban) photographiée sur le site d’un bombardement israélien de nuit dans le village libanais de Kafra, le 29 février 2024. (Crédit : Mahmoud Zayyat / AFP)

Le porte-parole de la FINUL, Andrea Tenenti, s’est dit dans l’impossibilité de parler de l’enquête.

Les conclusions de la FINUL confortent celles de l’enquête de Reuters, publiée le 7 décembre dernier, établissant que sept journalistes de l’Agence France-Presse, d’Al Jazeera et de Reuters avaient été touchés par deux obus de 120 mm tirés par un char à 1,34 kilomètre de là, en Israël.

Le groupe de journalistes filmait des bombardements transfrontaliers à distance depuis une zone dégagée, sur une colline, non loin du village libanais d’Alma al-Chaab une heure avant l’attaque.

Le lendemain, Tsahal déclarait avoir en sa possession des preuves visuelles de l’incident, lequel faisait l’objet d’une enquête. L’armée n’a pas publié de rapport de ses conclusions à ce jour.

La FINUL a indiqué dans son rapport avoir envoyé une lettre et un questionnaire à Tsahal pour obtenir son concours. Tsahal a répondu par une lettre, mais pas au questionnaire.

Reuters n’a pas pu consulter la copie de la lettre de Tsahal, dont le contenu est résumé dans le rapport de la FINUL.

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