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Nir Orbach explique pourquoi il soutient le « gouvernement du changement »

Rejetant les menaces et les pressions, l'élu affirme que sa décision, prise à contrecœur, est nécessaire pour éviter l'effondrement d'Israël

Le député de Yamina Nir Orbach arrive pour une réunion avec le chef du parti, Naftali Bennett, à Raanana, le 4 juin 2021. (Crédit :  Avshalom Sassoni/Flash90)
Le député de Yamina Nir Orbach arrive pour une réunion avec le chef du parti, Naftali Bennett, à Raanana, le 4 juin 2021. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Après avoir passé plusieurs jours à hésiter face à la pression intense des deux camps politiques, le député Yamina Nir Orbach a annoncé mardi qu’il soutiendrait la coalition émergente – dont son parti fait partie – qui évincerait le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Orbach, dont le soutien apporte au « gouvernement du changement », composé de huit partis, une étroite majorité (61;59) dans un vote de confiance prévu dimanche à la Knesset, a expliqué que sa décision était difficile mais nécessaire pour sortir de l’impasse politique qui dure depuis des années et empêcher Israël de « s’effondrer ».

« J’ai choisi ce qui est bon pour le pays », a-t-il déclaré.

Le chef du Parti sioniste religieux, Bezalel Smotrich, a réagi en déclarant qu’Orbach avait rompu avec l’idéologie du sionisme religieux et l’a qualifié d’ « homme confus qui a perdu son chemin ».

Le vote d’Orbach, considéré comme décisif pour la coalition, a attiré l’attention parce que le député avait déclaré qu’il était disposé à démissionner de la Knesset plutôt que de soutenir la nouvelle coalition que le chef de son parti, Naftali Bennett, a accepté de former avec le chef de Yesh Atid, Yair Lapid. Son remplaçant, le prochain sur la liste de Yamina, serait un membre du parti qui avait déclaré son soutien total à la coalition.

Le vote de la Knesset sur la confirmation de la coalition aura lieu dimanche. La défection d’un seul député pourrait faire échouer sa formation.

(De gauche à droite) : le leader de Yisrael Beytenu Avigdor Liberman, le dirigeant de Yesh Atid Yair Lapid, le chef de Yamina Naftali Bennett, le responsable de Tikva Hadasha Gideon Saar, celui de Benny Gantz, le leader de Raam Mansour Abbas, la présidente du parti Travailliste Merav Michaeli et celui du Meretz, Nitzan Horowitz, lors d’une réunion à Tel Aviv, le 6 juin 2021. (Crédit : Raanan Cohen)

Orbach a été confronté à d’intenses protestations près de son domicile à Petah Tikva par des partisans de Netanyahu qui lui ont demandé de s’opposer au gouvernement émergent. Lui et d’autres membres de Yamina ont également reçu des menaces dirigées contre leurs familles.

La coalition émergente, composée de huit partis, est très hétéroclite : elle regroupe des partis de droite, centristes, de gauche et arabes.

« J’ai décidé de mettre fin à l’impasse de la politique israélienne. J’ai décidé de voter en faveur du gouvernement d’union », a écrit Orbach au début d’une longue publication sur Facebook expliquant sa décision.

« Je n’emprunte pas ce chemin avec bonheur ou enthousiasme, je l’emprunte précisément parce qu’il n’est pas clair, mais la nation israélienne ne craint pas un long chemin sinueux ; elle craint l’impasse », a-t-il écrit.

« Ce n’est pas une décision simple, mais elle est nécessaire dans cette situation, où nous nous levons chaque matin avec plus de 700 jours d’instabilité du leadership, de crise civile, de discours violents, de sentiment de chaos. Au bord de la guerre civile. Nous ne sommes plus une lumière pour les nations ».

Le député Yamina Nir Orbach arrive pour la prestation de serment de la 24e Knesset à Jérusalem, le 6 avril 2021 (Olivier Fitoussi / Flash90)

Orbach a rappelé l’histoire du sionisme, notant son objectif de créer une « société exemplaire » qui servirait de phare à la justice et à la moralité.

« Une société exemplaire peut regrouper la droite et la gauche dans un même foyer. Une société exemplaire doit fuir les forces marginales. Dans cette société exemplaire, le sionisme religieux… devrait avoir une place centrale », a-t-il déclaré.

« Malheureusement, le sionisme religieux politique dont je suis issu, qui savait coopérer avec la droite et la gauche, n’existe plus. Des forces qui ne représentent ni moi ni la communauté d’où je viens se le sont appropriées », a-t-il écrit, critiquant l’extrême droite de Smotrich.

« Malheureusement, il n’y a aucun lien entre le sionisme religieux digne d’un homme d’État et le Parti sioniste religieux », a accusé Orbach.

Le député Betzalel Smotrich et des manifestants de droite lors d’une manifestation contre le gouvernement d’union nationale devant le domicile de la membre du parlement Yamina Ayelet Shaked à Tel Aviv le 3 juin 2021. (Crédit: Avshalom Sassoni/Flash90)

Orbach a ajouté que son parti avait cherché à former un gouvernement de droite, et qu’il avait personnellement investi beaucoup d’efforts dans cette tentative. Il a déclaré que l’échec de la formation d’une telle coalition et la formation d’un « gouvernement du changement » devraient servir de « signal d’alarme » et d’opportunité pour combler les fossés entre les communautés et les camps idéologiques divisés en Israël.

« À choisir entre la déstabilisation du pays et un gouvernement soutenu par [le chef du parti islamiste Raam] Mansour Abbas, j’ai choisi ce qui me semble être bon pour le pays », a-t-il déclaré. « Nous prenons nos responsabilités afin d’éviter que le pays ne s’effondre. »

« Je prie Dieu pour que, effectivement, le choix que j’ai fait soit le bon et je suis plein d’espoir que ce soit le cas ».

En réponse, Smotrich a fustigé Orbach et a déclaré que Yamina avait coupé ses liens avec le sionisme religieux.

« Une écrasante majorité des rabbins, des dirigeants et des électeurs sionistes religieux, qui s’opposent avec véhémence à cette trahison de la morale et des électeurs et à la formation d’un gouvernement arabe de gauche, ne sont pas le sionisme religieux de Nir Orbach. Lui seul l’est, bien sûr », a tweeté Smotrich.

« Je voulais écrire qu’il n’est personne. Mais il est tellement arrogant, insolent, menteur et avide de pouvoir qu’il viendrait immédiatement vers nous si on lui offrait une place réservée », a accusé Smotrich.

Il a qualifié la publication d’Orbach de « recueil de clichés vides, superficiels et pleins de contradictions par un homme confus qui a perdu son chemin. »

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