Israël en guerre - Jour 433

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Oskar Gröning replonge ses juges dans l’horreur d’Auschwitz

L'ancien comptable d'Auschwitz pourrait être l'un des derniers nazis jugés

Oskar Gröning ( Crédit : Capture YouTube/TVE)
Oskar Gröning ( Crédit : Capture YouTube/TVE)

Au deuxième jour de son procès en Allemagne, l’ancien comptable d’Auschwitz Oskar Gröning a replongé mercredi ses juges dans l’horreur du camp emblématique de la Shoah, de l’arrivée à Birkenau aux expériences du docteur Mengele.

« Tout se passait de manière ordonnée », a relaté l’ancien soldat SS de 93 ans, qui pourrait être le dernier ancien nazi traduit en justice. Il était pressé de questions sur l’organisation du camp au plus fort de l’extermination des Juifs d’Europe, il y a 71 ans.

Le tribunal de Lunebourg (nord), après avoir examiné mardi son engagement volontaire dans les SS fin 1940 puis son affectation à Auschwitz en 1942, s’est penché sur le cœur de l’accusation: la « complicité » dans l’envoi de 300 000 Juifs hongrois dans les chambres à gaz entre mai et juillet 1944.

Oskar Gröning, qui demande « pardon » pour sa « faute morale » mais conteste toute responsabilité pénale, a tenté de décrire la surveillance qu’il a exercée à trois reprises sur la « rampe » d’arrivée de Birkenau, dit « Auschwitz II », à trois kilomètres du camp de concentration souche d’Auschwitz-I.

Coeur de l’extermination industrielle, avec ses quatre complexes associant chambres à gaz et fours crématoires, Birkenau s’ouvrait sur trois voies, permettant d’accueillir trois convois simultanés. « C’était un peu houleux parce que la zone n’était pas grande », a raconté le vieil homme, aussi alerte que la veille.

Le travail ou la mort

L’ancien comptable, principalement chargé de trier les devises des déportés pour les envoyer à Berlin, a décrit une organisation glaçante tournée vers l’efficacité, « pas aussi épuisante » pour les gardes « que sur la rampe d’Auschwitz-I », avec une stricte parcellisation des tâches.

« Les Juifs qui arrivaient » dans des wagons à bestiaux chargés de 80 à 85 personnes, vidés à tour de rôle, « n’avaient pas à décharger leurs affaires sur la rampe, le personnel le faisait pour eux », a-t-il raconté, précisant ignorer si une « limite de poids » était prévue pour chaque bagage.

Exténués par leur voyage, les déportés étaient « inspectés visuellement » par deux médecins, qui triaient ceux jugés aptes au travail de ceux – enfants, femmes enceintes, malades, personnes âgées -, voués à une mort immédiate.

« La seule différence avec Auschwitz-I est qu’il n’y avait pas de camions. Ils partaient à pied. En bas, il y avait les fours crématoires et les chambres à gaz », a-t-il poursuivi, la voix étranglée. Face à la salle silencieuse et aux 67 parties civiles, rescapés de la Shoah ou proches des victimes, l’ancien nazi s’est voûté, marquant une pause.

Interrogé sur l’attitude des nouveaux arrivants, Gröning a expliqué qu’ils « n’avaient aucune idée de ce qu’il se passait ». Mais au fur et à mesure de « l’opération Hongrie », menée en seulement deux mois après l’invasion du pays par la Wehrmacht, « certains se sont doutés de quelque chose ».

‘Elle est si jeune’

Eprouvé par sa déposition, l’ancien soldat a laissé Eva Kor, partie civile rescapée d’Auschwitz, dépeindre un autre visage du camp: les expériences menées par le docteur Josef Mengele sur les déportés, en particulier sur les vrais jumeaux qui le fascinaient.

« En 40 minutes », cette petite femme énergique enveloppée dans un gilet bleu a vu disparaître ses parents et ses sœurs de 12 et 14 ans sur la rampe de Birkenau. A 10 ans, elle survit seule aux côtés de sa jumelle Miriam, parmi les rats et les poux, soumise aux piqûres régulières de « l’Ange de la Mort ».

Atteinte d’une forte fièvre, l’enfant voit Mengele à son chevet, un « rire sarcastique » sur les lèvres: « C’est dommage, elle est si jeune ! Elle n’a plus que deux semaines à vivre ».

Rampant sur le sol « parce qu’elle ne pouvait plus marcher », la fillette survit et retrouve sa sœur, à qui le médecin nazi a injecté une substance qui fige la croissance de ses reins. « Si j’étais morte, Miriam aurait été tuée avec une injection dans le coeur. Mengele aurait mené une autopsie comparée », poursuit-elle.

Le 27 janvier 1945, par une journée « d’un calme irréel », les deux sœurs voient entrer les soldats russes qui libèrent Auschwitz. « Ils nous ont donné du chocolat, des gâteaux et des câlins. Le premier goût de la liberté », se souvient Eva Kor.

Retrouvant leur foyer hongrois en octobre, les fillettes découvrent que « personne n’est revenu » des camps. « Trois photos sur le sol poussiéreux, c’est tout ce qu’il restait de ma famille ».

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