Otages : Les familles demandent à Trump de pousser Netanyahu à s’engager dans un accord
Einav Zangauker, mère d'un captif, s'est adressée à Benjamin Netanyahu lors d'un point-presse, l'accusant de "se hâter de torpiller" les derniers efforts déployés pour parvenir à un accord
Des milliers de personnes ont participé à des rassemblements en faveur de la conclusion d’un accord sur les otages et à des manifestations anti-gouvernement dans tout le pays samedi soir, à la quatrième nuit de Hanoukka, quelques jours après qu’Israël et le Hamas se sont de nouveau accusés mutuellement de faire dérailler les négociations en vue de la finalisation d’un accord pour la libération des otages détenus par le Hamas et d’autres groupes terroristes palestiniens dans la bande de Gaza.
Les familles de plusieurs otages se sont exprimées lors d’une conférence de presse à Tel Aviv avant le début des rassemblements.
Yehuda Cohen, le père de l’otage Nimrod Cohen, a accusé samedi le Premier ministre Benjamin Netanyahu d’essayer de « tromper » le président élu américain Donald Trump en lui faisant croire qu’il s’intéressait à la conclusion d’un accord avec le groupe terroriste palestinien du Hamas, accord qui ouvrirait la porte à la libération des otages de Gaza.
Cohen, ainsi que les familles de plusieurs autres captifs, se sont exprimés lors d’une conférence de presse organisée avant les manifestations anti-gouvernementales et les rassemblements appelant à la conclusion d’un accord sur les otages qui ont lieu chaque semaine, à Tel Aviv.
« Cher président Trump, Netanyahu essaie de vous tromper. Mettre un terme à la guerre et rendre tous les otages est dans l’intérêt de l’État d’Israël », a dit Cohen.
« Vous êtes peut-être la dernière personne à pouvoir faire pression sur Netanyahu. Ne faites pas de compromis sur un accord partiel qui deviendra une condamnation à mort pour les otages restants, et qui ne mettra pas fin à la guerre. »
« Les paroles de Netanyahu et du ministre de la Défense sur la poursuite de la guerre et le contrôle militaire de Gaza servent les extrémistes du gouvernement et elles ne vont pas dans le sens des intérêts israéliens », a-t-il ajouté.
Einav Zangauker, la mère de l’otage Matan Zangauker, s’est directement adressée à Netanyahu au cours de la conférence de presse, l’accusant de « se hâter de torpiller » les derniers efforts déployés pour parvenir à un accord avec les otages.
« Netanyahu a peur de [Itamar] Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et de [Bezalel] Smotrich, ministre des Finances, et il refuse de mettre fin à la guerre – ce qui est en totale contradiction avec les intérêts israéliens », a indiqué Zangauker.
« Netanyahu et [le ministre de la Défense] Israel Katz sont assis dans des salles chauffées et ils se vantent de poursuivre la guerre, alors que mon Matan et les autres otages gèlent et pourrissent dans les tunnels. »
« Vous avez du sang sur vos mains », a-t-elle continué.
« Mettez fin à cette guerre et sortez mon Matan et tous les otages de cet enfer. »
Zangauker a entraîné la foule dans un chant : « Netanyahu n’oubliez pas, l’Histoire ne pardonne pas. »
Samedi soir, le bureau du Premier ministre a également démenti les informations relayées par un reportage de la chaîne N12, selon lequel Israël et le Hamas pourraient convenir d’un accord « limité » sur les otages en guise de geste de bonne volonté avant le début du second mandat de Trump. Le reportage a affirmé que les deux parties s’intéressent à un accord plus restreint à temps pour l’investiture de Trump le 20 janvier.
Dans une courte déclaration, le cabinet du Premier ministre a qualifié le reportage de « mensonge complet ». Un diplomate arabe de haut rang a également démenti l’information auprès du Times of Israel.
Le rassemblement du Forum des familles des otages et des portés-disparus à Tel Aviv, samedi soir, a été lancé par l’ancienne otage Yocheved Lifshitz, qui a été libérée en novembre 2023 et dont le mari Oded est toujours en captivité. Yocheved a allumé les bougies de Hanoukka au début du rassemblement avec son fils Yizhar.
Israël et le Hamas se sont mutuellement reproché, au cours de la semaine dernière, d’avoir tergiversé dans les négociations sur les otages, qui semblaient avoir pris un nouvel élan ces derniers temps.
Le forum a reproché à Netanyahu d’avoir, semble-t-il, cherché à conclure un accord qui, dans une première phase, ne permettrait de libérer que les otages dits « humanitaires », à savoir les femmes, les personnes âgées ou malades.
« Après quatorze mois, ils sont tous humanitaires », a déclaré jeudi le forum dans un communiqué annonçant ses rassemblements du week-end, avertissant que les otages pourraient ne pas survivre à l’hiver qui s’annonce.
S’adressant à une foule de plusieurs centaines de personnes sur la place des otages, Yaïr Mozes, fils de l’otage Gadi Mozes, a déclaré : « Encore une fois, il y a des négociations, et encore une fois, nous entendons le Premier ministre et le ministre de la Défense faire des déclarations publiques qui ne font qu’empêcher le retour de tout le monde. »
Les négociateurs israéliens auraient été consternés par la déclaration faite par Netanyahu dans le Wall Street Journal le week-end dernier, selon laquelle il ne signerait pas un accord mettant fin à la guerre – et par la déclaration de Katz qui s’est exprimé depuis le corridor Philadelphi de Gaza, mercredi, disant qu’Israël conserverait le contrôle de la sécurité dans la bande de Gaza. Des propos qui, dans les deux cas, ont été considérés comme susceptibles de durcir la position du Hamas.
« Combien de temps cela peut-il encore durer ? », a demandé Mozes.
« Qu’est-ce qui doit encore se passer ? Tout le monde sait déjà que [les otages] n’ont plus de temps à perdre. »
À un pâté de maisons de la Place des Otages, des familles d’otages opposées au gouvernement et leurs sympathisants ont manifesté devant l’entrée des quartiers généraux de l’armée de la Kirya, à Tel Aviv, rue Begin.
Cette manifestation a été renforcée par les militants d’un rassemblement précédent, au carrefour Begin-Kaplan, qui s’étaient réunis contre la relance de la très controversée refonte radicale du système judiciaire du gouvernement.
La manifestation contre la réforme judiciaire, organisée par le mouvement « Libres dans notre patrie », a commencé par une marche de la Place Habima de Tel Aviv jusqu’au carrefour Begin-Kaplan, également connu sous le nom de Place de la Démocratie. Lors de la manifestation, Yaïr Golan, chef de l’alliance Les Démocrates – une fusion des partis de gauche Avoda et Meretz – a promis de renverser le gouvernement et de le remplacer par des « loyalistes du sionisme et de la démocratie ».
Golan a félicité le public pour être venu semaine après semaine dans le but de protester contre « cet horrible gouvernement ».
« Vous êtes les héros du quotidien », a-t-il déclaré.
Il a accusé le gouvernement de diffuser une propagande « toxique » qui promeut « les mensonges, le racisme et la haine », de « démanteler le système judiciaire et les institutions démocratiques », de prolonger la guerre à Gaza pour rester au pouvoir et de ne pas créer de commission d’enquête sur les événements qui ont précédé le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas, le 7 octobre 2023, dans le sud d’Israël, qui avait déclenché la guerre – « parce qu’ils savent qu’une commission d’enquête de l’État les jugera responsables de ce qui s’est passé le 7 octobre, de ce qui s’est passé avant et de ce qui s’est passé après ».
« Nous sommes le pouvoir, et avec ce pouvoir, nous les mettrons dehors, nous assécherons la machine à empoisonner, et nous ramènerons cette nation à un discours sain », a-t-il déclaré.
Après le discours de Golan, le groupe de rock israélien emblématique T-Slam a interprété sa chanson de protestation de 1990, « Face of the Nation », dans laquelle un politicien corrompu promet des faveurs matérielles aux personnes qui votent pour lui.
Danni Bassan, le chanteur, a déclaré que le groupe devait se produire lors de la manifestation hebdomadaire contre la refonte judiciaire prévue le 7 octobre 2023.
Des manifestants se sont également rassemblés dans d’autres villes d’Israël, notamment à Haïfa, Herzliya, Rehovot et Jérusalem.
Samedi matin, la police a également arrêté cinq personnes qui avaient manifesté en faveur de la libération des otages devant le domicile de Netanyahu à Jérusalem, selon le Detainee Support Group (groupe de soutien aux captifs), une équipe d’avocats qui défendent bénévolement les manifestants anti-gouvernement arrêtés.
La chaîne N12 a rapporté que les manifestants ont été arrêtés alors qu’ils revenaient d’une manifestation de 20 minutes, à laquelle avaient participé une vingtaine de personnes. Selon la chaîne, la police a suivi le groupe et l’a accusé d’avoir violé les lois relatives au tapage. Les manifestants ont été interrogés au poste de police Moriah de Jérusalem, puis relâchés.