Panama Papers : mise sous séquestre du Modigliani caché à Genève
Le tableau aurait été volé par les nazis à un collectionneur d'art juif qui a fui Paris en 1939
Un tableau de Modigliani, qui aurait été volé durant la Seconde Guerre Mondiale, a été séquestré aux Ports Francs de Genève dans le cadre des révélations liées aux « Panama Papers », a indiqué lundi la justice genevoise.
« Une procédure pénale a été ouverte dans le cadre des révélations liées aux Panama Papers, dans le but de procéder à des vérifications en lien avec la présence d’un tableau de Modigliani à Genève », a déclaré le porte-parole du Pouvoir judiciaire genevois, Henri Della Casa.
« Ce tableau a été séquestré en fin de semaine dernière aux Ports francs de Genève. La procédure est en cours, aucun commentaire ne sera apporté », a-t-il répondu à l’AFP. Les Ports Francs sont un espace exempté de droits de douane et de taxes.
La toile du peintre italien Amedeo Modigliani (1884-1920), dont les œuvres atteignent des records lors des ventes aux enchères, est « L’homme assis appuyé sur une canne ». Elle est évaluée à 25 millions de dollars (22 millions d’euros), selon les médias suisses.
Selon Mondex Corp, une entreprise canadienne spécialisée dans la traque d’œuvres dont les propriétaires ont été spoliés, le tableau aurait été volé par les nazis à un collectionneur d’art juif qui a fui Paris en 1939.
Le tableau aurait ensuite été acquis en 1996 dans une vente aux enchères à Londres par la société offshore International Art Center (IAC), créée par le cabinet Mossack Fonsec.
Mondex soupçonne la richissime famille Nahmad, qui a principalement bâti sa fortune en faisant commerce d’œuvres d’art, d’être le véritable propriétaire du tableau. Les Nahmad ont une collection privée estimée à 4 500 pièces, dont 300 Picasso, qui sont stockées dans les Ports Francs de Genève.
Dès 2011, Mondex a saisi la justice américaine pour le compte de Philippe Maestracci, un agriculteur français et petit-fils du propriétaire spolié, pour récupérer le Modigliani.
Mais devant les tribunaux américains, les Nahmad ont affirmé que le Modigliani ne leur appartenait pas et qu’il était la propriété d’IAC.
Un document publié par le quotidien suisse Le Matin et le journal français Le Monde la semaine dernière dans le cadre des Panama Papers révèle toutefois que les actionnaires d’IAC sont en fait les Nahmad.
Le tableau serait ainsi détenu uniquement par David Nahmad, devenu seul actionnaire de la société offshore IAC.
Interrogé sur Radio-Canada, David Nahmad, lui-même juif, a affirmé qu’il n’accepterait jamais de posséder une œuvre d’art issue du pillage des nazis. « Je ne dormirais pas la nuit si je savais que j’ai un objet volé ».