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Pandémie et annexion au menu d’une visioconférence du Conseil de sécurité

La 1ère vidéoconférence de l'ONU sur le conflit israélo-palestinien a abordé le coronavirus ; pour la France, l'annexion de la vallée du Jourdain "sera contestée"

Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

L'ambassadeur d'Israël auprès des Nations unies, Danny Danon, participant, par vidéoconférence, à une discussion du Conseil de sécurité des Nations unies sur le conflit israélo-palestinien, le 30 mars 2020. (Avec l'aimable autorisation de la Mission permanente d'Israël auprès des Nations unies)
L'ambassadeur d'Israël auprès des Nations unies, Danny Danon, participant, par vidéoconférence, à une discussion du Conseil de sécurité des Nations unies sur le conflit israélo-palestinien, le 30 mars 2020. (Avec l'aimable autorisation de la Mission permanente d'Israël auprès des Nations unies)

Le Conseil de sécurité des Nations unies a tenu lundi sa toute première discussion virtuelle sur le conflit israélo-palestinien. Les délégués ont salué la coopération des parties dans la lutte contre la pandémie de coronavirus, mais ont également réitéré leurs points de discussion traditionnels sur la solution à deux États, les implantations, l’incitation et autres points de friction.

Les représentants des 15 membres du Conseil « se sont félicités de la coordination israélo-palestinienne en cours pour relever ce défi commun et ont appelé à l’intensification des efforts des parties pour faire face au Covid-19 », a rapporté la mission allemande auprès des Nations unies à New York dans un communiqué.

« Ils ont félicité l’ONU pour ses efforts visant à soutenir cette coordination et le peuple palestinien en ce moment critique, notamment en raison de la vulnérabilité particulière de la bande de Gaza, qui est déjà confrontée à une situation humanitaire désastreuse ».

Plusieurs orateurs ont réaffirmé leur opposition farouche à l’expansion des implantations israéliennes, mettant en garde Jérusalem contre la poursuite de son plan d’annexion unilatérale de grandes parties de la Cisjordanie.

« Malheureusement, les informations provenant du terrain indiquent que même le coronavirus ne change pas les plans pour la poursuite des activités de colonisation et la démolition de biens immobiliers palestiniens », a déclaré l’ambassadeur russe Vassily Nebenzia. « Nous pensons qu’il est important que les parties ne s’engagent pas dans des actions provocatrices et des mesures unilatérales, en particulier en ce moment ».

Les envoyés israélien et palestinien ont également participé à la vidéoconférence, qui était présidée par le président du Conseil, le Chinois Zhang Jun.

« Même dans ce nouvel environnement difficile, nous continuons à prendre part au travail diplomatique en cours au sein de la famille des nations », a assuré l’ambassadeur d’Israël aux Nations unies, Danny Danon.

« En ce moment, malgré l’aide d’Israël à l’Autorité palestinienne, nous entendons des commentaires provocateurs de la part du Premier ministre palestinien [Mohammad Shtayyeh], qui accuse les soldats de Tsahal de propager le coronavirus à l’AP. Il n’y a pas de place pour de telles déclarations insensées de la part des dirigeants de l’AP. Les Nations Unies doivent condamner ces remarques ».

Ces derniers jours, les responsables des Nations unies ont salué la coopération « sans précédent » et « excellente » entre Jérusalem et Ramallah dans la lutte contre ce virus mortel, qui comprend l’assouplissement des restrictions à la liberté de circulation et la facilitation des sessions de formation pour le personnel médical palestinien, ainsi que le don par le ministère israélien de la Santé de milliers de kits de dépistage du coronavirus et d’équipements de protection individuelle.

Un policier palestinien à un poste de contrôle pour réceptionner et enregistrer les travailleurs sortant d’un poste de contrôle de l’armée israélienne, sur le chemin du retour à la fin d’une journée de travail en Israël, près du village de Nilin en Cisjordanie, à l’ouest de Ramallah, le mercredi 25 mars 2020. (AP/Nasser Nasser)

Au début de la session de lundi, Nickolay Mladenov, coordinateur spécial des Nations unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, a informé les membres du Conseil de sécurité des efforts conjoints israélo-palestiniens pour endiguer la pandémie.

Cependant, plusieurs responsables de l’AP continuent d’accuser Israël d’opprimer cruellement le peuple palestinien en pleine crise de santé publique. Shtayyeh, par exemple, a déclaré en début de semaine que « l’occupation haineuse est totalement inhumaine et que la communauté internationale doit mettre un frein à ses pratiques illégales ».

Ce n’est pas le moment de discuter des moindres détails de la vision de l’administration Trump pour la paix

L’ambassadrice adjointe des États-Unis auprès des Nations unies, Cherith Norman Chalet, a déclaré dans son discours que la propagation mondiale alarmante du coronavirus capte à juste titre l’attention du monde entier en ce moment, écartant d’autres questions de l’ordre du jour international.

« Nous reconnaissons également que ce n’est pas le moment pour une discussion complexe sur les moindres détails de la Vision pour la paix de l’administration Trump », a-t-elle concédé, se référant au plan de paix de la Maison Blanche présenté plus tôt cette année, qui encourage Israël à annexer toutes les implantations israéliennes et toute la vallée du Jourdain.

« Nous aurons l’occasion d’aborder une autre fois ces questions importantes, ainsi que la manière dont nous pouvons garantir un avenir de dignité et de prospérité pour tous les Israéliens et les Palestiniens ».

En conséquence, la diplomate a concentré ses brèves remarques sur la coopération israélo-palestinienne dans la lutte contre la pandémie, qui, selon elle, « est encourageante, constructive, et … dans une moindre mesure, témoigne de la puissance du dialogue – le type de dialogue que nous avons tous exhorté les parties à engager depuis de nombreux mois maintenant ».

Le dialogue sanitaire entre Jérusalem et Ramallah est « une démonstration tangible des progrès accomplis – et des vies humaines qui peuvent être littéralement sauvées – lorsque les dirigeants se réunissent autour d’une table pour discuter, pour reconnaître la dignité de chacun et pour s’efforcer d’ouvrir la voie vers un avenir plus sûr, plus sain et plus prospère », a-t-elle poursuivi.

Une fois que le bouleversement mondial causé par Covid-19 sera passé, le besoin de coopération israélo-palestinienne sera tout aussi grand qu’auparavant, et le Conseil de sécurité devrait rappeler aux deux parties que, « dans une période d’épreuve, c’est le dialogue qui les a fait avancer l’un vers l’autre », a-t-elle souligné.

L’envoyé français à l’ONU, Nicolas de Rivière, a concentré ses remarques sur l’impact que le coronavirus est censé avoir dans la bande de Gaza.

« A Gaza, le système de santé était déjà sur le point de s’effondrer avant la pandémie », a-t-il commenté. « Il n’y avait que la moitié des médicaments essentiels disponibles pour un mois seulement. L’équipement de base pour répondre au COVID fait manifestement défaut. La propagation du virus pourrait également conduire à une déstabilisation sociale et politique plus large, avec des conséquences régionales ».

Des membres de la branche armée du groupe terroriste du Jihad islamique palestinien, les Brigades Al-Qods, pulvérisent du désinfectant dans les rues de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, lors d’une campagne visant à ralentir la propagation du nouveau coronavirus, le 26 mars 2020. (Abed Rahim Khatib/Flash90)

Tout en prenant « note des efforts déployés », l’ambassadeur français a appelé à « plus de coopération ». Plus précisément, il a exhorté Israël à autoriser la livraison de matériel médical et les évacuations d’urgence humanitaire à Gaza. « L’Autorité palestinienne devrait également lever les restrictions qui empêchent la livraison de matériel médical et de médicaments » à la bande côtière, a-t-il ajouté.

Nicolas De Rivière a condamné les roquettes qui ont été tirées sur Israël depuis l’enclave gouvernée par le groupe terroriste palestinien du Hamas et a exhorté Jérusalem à lever son blocus naval sur le territoire.

Il a également critiqué la promesse d’Israël de construire davantage d’implantations et d’annexer la vallée du Jourdain et toutes les localités juives de Cisjordanie.

« De telles mesures, si elles sont appliquées, susciteront des protestations », a-t-il mis en garde.

« En conclusion, permettez-moi d’espérer que le Covid-19 sera également l’occasion de favoriser la réconciliation et la paix. Les mesures unilatérales visant à répondre aux défis communs ne fonctionnent tout simplement pas », a-t-il indiqué. « J’espère donc que nous pourrons collectivement préparer le terrain pour la reprise des pourparlers de paix dans le cadre des paramètres convenus au niveau international et de la solution à deux États ».

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