Paris annonce la libération de deux Français détenus en Iran
Le Français Benjamin Brière était accusé d'espionnage et le Franco-irlandais Bernard Phelan d'atteinte à la sécurité nationale
Le Français Benjamin Brière et le Franco-irlandais Bernard Phelan, qui étaient détenus dans la prison de Mashhad dans le nord-est de l’Iran, ont été libérés, ont annoncé vendredi le président français et sa ministre des Affaires étrangères.
Le premier, âgé de 37 ans, avait été arrêté en mai 2020 accusé d’espionnage. Le second, 64 ans, consultant en tourisme, avait de son côté été arrêté le 3 octobre 2022 pour atteinte à la sécurité nationale. Les deux hommes, qui ont toujours clamé leur innocence, ont été libérés pour raisons humanitaires alors que leur état de santé s’est particulièrement dégradé ces derniers mois.
« Libres, enfin. Benjamin Brière et Bernard Phelan vont retrouver leurs proches. C’est un soulagement. Je salue leur libération. Merci à tous ceux qui ont œuvré à cette issue », a écrit Emmanuel Macron dans un tweet.
Benjamin Brière, libéré vendredi après avoir été détenu dans une prison iranienne depuis mai 2020, courait « un vrai risque vital » en Iran, a déclaré à l’AFP son avocat.
M. Brière, 37 ans, doit atterrir vendredi à 19h au Bourget, a précisé Me Philippe Valent à l’AFP.
Il avait été arrêté en mai 2020 pour avoir pris des « photographies de zones interdites » avec un drone de loisirs dans un parc naturel. Il avait été condamné à huit ans de prison pour « espionnage » avant d’être acquitté mi-février. Il avait toutefois été maintenu en détention.
Il avait entamé une grève de la faim depuis le 28 janvier, « plus de cent jours », souligne son avocat.
Il refusait d’y renoncer tant qu’il n’aurait pas recouvré sa liberté, tout en acceptant de s’alimenter par intermittence.
« Il était temps que cette libération intervienne avant qu’une catastrophe ne survienne, il y avait un vrai risque vital », a affirmé son avocat.
Depuis février, Me Valent était « en relation continue » avec le Quai d’Orsay en vue de la libération de son client.
Si l’état physique de ce dernier va exiger « une hospitalisation assez rapide », à son arrivée à Paris, M. Brière est resté « extrêmement combatif moralement et prêt à poursuivre son combat au péril de sa vie », a salué Me Valent.
Le chef de la diplomatie irlandaise Micheal Martin s’est dit vendredi « soulagé » de la libération de Bernard Phelan, Franco-irlandais.
« Bernard Phelan a été libéré de prison en Iran et est maintenant sur le chemin du retour vers sa famille. Les sept derniers mois ont constitué une épreuve très difficile pour Bernard et sa famille et je suis heureux et soulagé qu’elle soit maintenant terminée », a déclaré M. Martin dans un communiqué.
A l’occasion d’un échange vendredi matin avec son homologue iranien, Hossein Amir Abdollahian, la cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna a précisé dans un communiqué avoir « rappelé la détermination de la France pour que les autres citoyens français encore retenus en Iran retrouvent eux aussi leur pleine liberté rapidement et bénéficient de leur droit à la protection consulaire ».
Quatre ressortissants français restent encore détenus en Iran, dont Cécile Kohler et Jacques Paris, arrêtés le 7 mai 2022, « lors d’un séjour touristique » selon leurs proches ainsi qu’un consultant de 35 ans, Louis Arnaud, arrêté le 28 septembre à Téhéran alors qu’il visitait le pays. L’identité d’un autre Français détenu n’a jamais été rendue publique.
La chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah, arrêtée en juin 2019 puis condamnée à cinq ans de prison pour atteinte à la sécurité nationale, a quant à elle été libérée le 10 février mais elle ne peut pour l’heure quitter le territoire iranien.
Depuis des mois, Paris dénonce sans relâche des détentions qu’il juge arbitraires, employant même le terme d' »otages d’Etat ».
Comme la France, d’autres pays européens et des défenseurs des droits humains accusent Téhéran de détenir des dizaines d’étrangers sous des prétextes fallacieux dans une stratégie de prise d’otages pour arracher des concessions à l’Occident.
Mais face à un régime qui multiplie les emprisonnements et les condamnations à mort, la marge de manœuvre pour libérer les Occidentaux s’est fortement réduite.