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Paris : Compte-rendu du procès de jeunes néo-nazis

Quatre hommes de la mouvance néonazie sont jugés depuis lundi pour association de malfaiteurs terroriste

Le Tribunal de Paris à la fin de sa construction. (Crédit : Jeanne Menjoulet - photographie / Renzo Piano - bâtiment / CC BY-SA 2.0)
Le Tribunal de Paris à la fin de sa construction. (Crédit : Jeanne Menjoulet - photographie / Renzo Piano - bâtiment / CC BY-SA 2.0)

Le militaire à la retraite a refusé de venir témoigner devant la justice mais son ombre plane sur les débats. Au procès à Paris de jeunes néonazis soupçonnés de projets d’attentats, la cour d’assises spéciale s’est attardée mercredi sur la « transmission idéologique » d’un père à son fils.

« Votre père était militaire ? », demande l’avocat général. « Affirmatif », répond Gauthier Faucon. « Manifestement il y a peut-être un peu d’héritage », sourit le magistrat.

Le jeune homme de 25 ans est l’un des quatre hommes de la mouvance néonazie jugés depuis lundi pour association de malfaiteurs terroriste devant la cour d’assises des mineurs spéciale (l’un d’eux était âgé de moins de 18 ans au moment des faits, en 2017 et 2018).

D’après l’accusation, ces hommes d’aujourd’hui 22 à 28 ans étaient membres d’un forum sur la messagerie Discord, « projet Waffenkraft », où leurs discussions avaient « rapidement dérivé vers l’élaboration de projets terroristes », notamment contre des mosquées.

Pour l’instant, la cour s’intéresse à leur personnalité et parcours de vie, avant les faits pour lesquels ils sont jugés.

« Seul son père n’a pas répondu à nos sollicitations », indique d’emblée l’enquêtrice de personnalité qui a rencontré Gauthier Faucon. Elle décrit son enfance « à la dynamique familiale contrastée » entre deux parents séparés : d’un côté, la mère, secrétaire en établissement scolaire « douce, présente »; de l’autre, le père lieutenant-colonel de l’armée de l’air qui finira sa carrière comme « relais » de l’armée à Météo-France, « exigeant », « très politisé à l’extrême droite ».

« Je dirais que le terme d’extrême droite est même un peu faible », nuance à la barre Gauthier Faucon, barbe claire, l’air pas à l’aise dans son costume sombre. « Je ressentais une haine de sa part ».

Une « haine institutionnelle ? Des Juifs, des Maghrébins ? », demande le président Christophe Petiteau au jeune homme, aujourd’hui apprenti conseiller bancaire.

« Institutionnelle », oui. « Pas de haine des Juifs mais une haine de l’étranger », précise-t-il. Avec son père, il parlait « depuis l’âge de 11 ans » de « politique, de faits divers de société ».

« Notre-Dame brûle »

« On a beaucoup abordé la transmission idéologique », lance l’avocat général Olivier Dabin. Il lit des échanges de SMS entre l’accusé et son père, datant du jour de l’incendie de Notre-Dame de Paris, en avril 2019.

« Notre-Dame brûle », écrit le père. « A coup sûr, un coup des Suédois », répond le fils, sarcastique. « Non le châtiment divin pour l’acceptation des prêtres homosexuels », « pour avoir élu Macron l’adorateur des singes et des rats », poursuit le père.

Puis: « c’est confirmé, c’est bien les ouvriers maghrébins ».

« Etonnant », ironise en réponse le fils, alors que son père se lance sur « la plus grande mosquée » qui serait construite sur les cendres de la cathédrale.

« Des échanges clairement estampillés », commente le représentant du parquet antiterroriste. « Comment on doit les lire ? »

Gauthier Faucon, qui avait raconté un peu plus tôt comment le « choc » de ses ennuis judiciaires l’avait fait « évoluer », bafouille un peu. Au moment de ces textos, il est mis en examen depuis près de six mois car les autorités l’ont identifié comme membre du forum, et ont retrouvé chez lui un fusil à pompe vendu par son coaccusé Alexandre Gilet, le « plus radical et plus motivé » selon l’accusation, après un entraînement au tir en forêt du groupe.

« C’est l’idéologie », « détestable », que « je pouvais avoir à l’époque », avance l’accusé, expliquant que « le changement se fait pas en quelques mois ». Et puis « le fait de ne pas vouloir couper les liens avec mon père », justifie celui que les expertises ont décrit comme « influençable ».

Au tour de son avocat de prendre la parole. « Votre père était au courant » du procès, et convoqué comme témoin, rappelle Me Jean-Baptiste Riolacci. « Pourquoi pensez-vous qu’il n’est pas là ? »

« Il n’a pas envie d’être soumis à des questions sur ses positions idéologiques, d’être « ‘jugé’ pour ses idées », répond Gauthier Faucon.

« Et vous, vous n’avez pas l’impression qu’on vous demande surtout de vous expliquez sur des opinions ou des idées ? », avance l’avocat.

Son client acquiesce. Les quatre accusés seront interrogés sur les faits la semaine prochaine.

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