Paris demande de ne pas lier nucléaire iranien et Occidentaux détenus
La ministre française des Affaires étrangères affirme que "l'Iran poursuit son programme nucléaire et c'est source de très grande préoccupation"
La France estime qu’il faut se garder de lier le dossier nucléaire iranien à celui des prisonniers occidentaux détenus en Iran, préférant se focaliser sur la nécessité pour Téhéran de respecter ses engagements en matière nucléaire.
« Je n’ai pas à commenter l’accord qui est intervenu entre les Etats-Unis d’Amérique et l’Iran » pour la libération de cinq prisonniers américains, a déclaré mardi la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, à l’issue d’une rencontre à New York avec Rafael Grossi, Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), en marge de l’assemblée générale de l’ONU.
« Je crois qu’il faut néanmoins être extrêmement vigilant à le distinguer du dossier nucléaire », a-t-elle dit à des journalistes. « Cela n’a rien à voir. Ne faites pas de lien, ce ne serait pas avisé de le faire ».
Quatre Français sont encore « arbitrairement détenus » en Iran.
Lundi, cinq Américains ont été libérés par l’Iran dans le cadre d’un accord facilité par le déblocage de six milliards de dollars de recettes pétrolières gelées.
Certains observateurs s’interrogent sur l’impact de ce dégel sur une reprise des discussions sur le dossier nucléaire.
« Il est important de bien distinguer les deux, de ne pas faire de lien entre les deux », a insisté Catherine Colonna.
Rafael Grossi a, lui, appelé à plus de « clarté ». « Évidemment, les choses sont liées mais à faire trop de lien, finalement la confusion monte », a-t-il dit.
Au risque de perdre de vue l’essentiel, a laissé entendre la ministre française, pour laquelle « l’Iran poursuit son programme nucléaire et c’est source de très grande préoccupation ».
« Nous demandons à l’Iran de respecter ses engagements, de poursuivre une désescalade et non pas une escalade », a-t-elle dit. « Et s’il ne le faisait pas, il appartiendra à l’agence (l’AEIA, ndlr) d’en tirer les conclusions sous forme d’un rapport soumis à la décision des Etats ».
Tout en niant vouloir se doter de la bombe atomique, l’Iran s’est affranchi progressivement des engagements pris dans le cadre de l’accord de 2015, en réaction au retrait des Etats-Unis décidé en 2018 par Donald Trump.
Ce pacte était censé limiter les activités atomiques de la République islamique en échange d’une levée des sanctions internationales.
Rafael Grossi a répété que l’Iran continuait « à enrichir (de l’uranium) à des niveaux très hauts, près du grade militaire ».
Or, « nous n’avons plus la visibilité nécessaire pour donner des garanties que tout est en ordre », a-t-il dit alors que l’Iran a retiré l’accréditation d’inspecteurs « les plus expérimentés ».