Paris : Fiasco pour la manifestation controversée sous forte surveillance policière
80 personnes, selon la police, ont demandé la fin de “l'occupation et à la colonisation“ et la levée immédiate du blocus de Gaza

Quelque 200 personnes se sont réunies samedi à Paris pour dénoncer « l’occupation et la colonisation » israéliennes, un rassemblement sous forte surveillance policière condamné par une centaine de manifestants pro-israéliens à proximité, a constaté une journaliste de l’AFP.
« Nous sommes là aujourd’hui pour dire ‘Non à l’occupation et à la colonisation’ et demander la levée immédiate du blocus de Gaza », a expliqué Olivia Zemor, la présidente de l’organisation CAPJPO-EuroPalestine à l’origine de l’appel au rassemblement.
Controversée depuis plusieurs jours, la manifestation, qui a rassemblé 80 personnes selon la préfecture de police, s’est tenue sur la place du Châtelet, dans le centre de la capitale, sous la surveillance de nombreux policiers qui en filtraient les accès.
« Nous ne sommes pas antisémites : nous sommes anti-fascistes, anti-sionistes et nous luttons pour l’égalité des droits alors que le peuple palestinien est privé de tous ses droits fondamentaux », a ajouté Jean-Claude Amara de l’association Droits Devant, qui avait également appelé à la mobilisation.
Peu après le début du rassemblement, une centaine de manifestants pro-israéliens sont arrivés munis de drapeaux israéliens, aux cris de « Israël vivra » et « Islamistes, racistes, assassins » et se sont regroupés à quelques mètres. Ils ont ensuite entonné l’hymne national israélien.

« C’est anormal que cette manifestation, dont les mots d’ordre sont antisémites, soit autorisée. C’est un rassemblement contraire aux valeurs de la France et du vivre ensemble », a déclaré Benjamin, 30 ans.
Vendredi soir, la préfecture de police avait annoncé qu’elle ne voyait pas de motif pour interdire la manifestation pro-palestinienne, malgré les inquiétudes exprimées notamment par la maire PS de Paris Anne Hidalgo et le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), qui redoutaient un rassemblement « antisémite ».
« Quelles que soient les positions de chacun sur le conflit israélo-palestinien, cet appel peut être considéré comme une offense antisémite publique aux juifs parisiens », avait écrit la maire au préfet, évoquant également des risques de « graves troubles à l’ordre public ».
Cet appel reprend les pires clichés antisémites qui existent et il est susceptible de provoquer de graves troubles à l’ordre public. (2/3)
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) March 31, 2017
Avant elle, le CRIF avait aussi exprimé ses craintes. « Un collectif appelle samedi à Paris à une manifestation pro-palestinienne, pour la ‘séparation du CRIF et de l’État’, pour le ‘boycott d’Israël’, en un mot, une manifestation potentiellement ‘antisémite' », avait affirmé le directeur du CRIF, Robert Ejnes, sur sa page Facebook.
Mardi, l’élue de Paris et députée LR Nathalie Kosciusko-Morizet avait demandé sur Twitter l’interdiction de la manifestation, en rappelant un vœu en ce sens voté en Conseil de Paris à l’initiative de son groupe.
.@prefpolice Il faut faire respecter notre vœu voté en #ConseildeParis. Non @Le_CRIF et l'Etat ne sont pas rattachés https://t.co/GdqCAmKENP pic.twitter.com/d5lMbUzDLY
— N. Kosciusko-Morizet (@nk_m) March 28, 2017
Mais la préfecture avait fait valoir que la déclaration préalable à la manifestation ne comportait « pas d’éléments d’appels publics et directs au racisme et à l’antisémitisme », et écarté « une menace grave de trouble à l’ordre public », annonçant toutefois « un dispositif renforcé de maintien de l’ordre ».
Une quarantaine d’associations s’étaient associées à l’appel au rassemblement, dont le mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS). Ce mouvement milite en faveur d’un boycott économique, culturel et scientifique d’Israël, interdit par la loi française.