Paris : Un concert d’Enrico Macias perturbé cette fois par des boules puantes
Le chanteur a déposé plainte ; en décembre, un concert de l’artiste avait déjà été perturbé par des militants anti-Israël à Marseille
Un concert d’Enrico Macias, 86 ans, a été perturbé, samedi soir au Dôme de Paris, par des boules puantes. La salle accueillait près de 4 000 spectateurs. Celle-ci a rapporté au commissariat que deux jeunes femmes avaient déversé un produit nauséabond dans la salle vers 22h30, juste avant l’entracte. Lundi soir, le chanteur a déposé plainte.
Les fenêtres et les portes menant vers l’extérieur de la salle ont alors été ouvertes pour aérer, et une vingtaine de spectateurs auraient quitté la salle selon Le Parisien, mais le concert a tout de même repris.
Le parquet de Paris a annoncé dimanche soir l’ouverture d’une enquête pour « entrave concertée et avec menace à l’exercice de la liberté de création artistique ».
« Il y avait des énergumènes qui ont voulu nous saboter le spectacle », a déclaré Enrico Macias sur scène, comme le montrent des vidéos relayées sur les réseaux sociaux. « Mais moi je m’en fous. Ils peuvent faire ce qu’ils veulent, même me jeter une bombe, j’aurais peur pour vous mais je n’ai pas peur pour moi. Malgré tout ça, je garde toujours l’espoir et l’espérance que la barbarie s’amenuise. »
Auprès du Parisien, Enrico Macias a ajouté que cet incident l’avait « beaucoup touché ». « Je n’ai pas compris toute de suite ce qui se passait, je me demandais pourquoi les fenêtres étaient ouvertes avant qu’on m’informe de l’incident. J’étais à mille lieues d’imaginer une chose pareille. Je n’ai pas peur. Il ne faut pas avoir peur. Je ne minimise pas le danger. Mais je ne suis pas un dégonflé. Je suis sensible à tout ce qui se passe et je vais continuer mes concerts et à dire ce que je pense. Je sais que ma parole porte, les gens m’écoutent. Je vais poursuivre ma tournée [encore une quinzaine de dates] avec la même détermination, l’amour vaincra toujours la haine. »
En décembre, un concert de l’artiste avait déjà été perturbé à Marseille. En amont de la représentation, un petit groupe de militants pro-palestiniens avait manifesté devant la salle de spectacle aux cris de « Enrico, casse-toi ! Marseille n’est pas à toi ». Au lendemain du concert, Urgence Palestine Marseille avait publié un communiqué au vitriol contre Enrico Macias, affirmant qu’il « n’est pas un simple artiste : il est un soutien assumé de l’État génocidaire ».
Le chanteur est la cible de militants pro-palestiniens depuis ses propos tenus contre la France insoumise sur le plateau de CNews au lendemain du pogrom du 7 octobre 2023. « Quand j’entends l’extrême gauche qui se défausse devant cette horreur, eh ben vous m’obligez à dire ce que je ne voulais pas dire, il faut les dégommer ces gens-là », avait déclaré Enrico Macias sur le plateau de Pascal Praud. « Politiquement », lui faisait préciser l’animateur. « Bah bien sûr, mais peut-être physiquement », ajoutait le célèbre chanteur, mentionnant plus tard qu’il parlait de membres de LFI, à ses yeux « complices » du Hamas.
Juif berbère, Enrico Macias, de son vrai nom Gaston Ghrenassia, avait célébré ses 80 ans lors d’un grand concert en 2018 à Netanya avec 40 musiciens de l’orchestre de Raanana.
Sa carrière a démarré il y a une soixante d’années. Il est devenu célèbre à la fin des années 60, en pleine vague « yéyé », avec des tubes comme « Enfants de tous pays », « Porompompero », « Les Filles de mon pays » ou encore « Poï Poï Poï ».
Originaire d’Algérie, il est arrivé en France en 1962, pendant l’exode pied-noir, et avait annoncé en 2014 vouloir faire son alyah.