« Pas la politique de Biden » : Les Démocrates ne comptent pas couper l’aide à Israël
Une responsable indique que le programme reflétera les opinions du président ; "Uncommitted" appelle à cesser les ventes d'armes et soutient un cessez-le-feu immédiat à Gaza
Le comité de rédaction de la plate-forme démocrate a enregistré des avis opposés sur ce que devrait être la politique israélienne du parti, deux intervenants préconisant le maintien de l’aide militaire et le troisième, sa réduction.
Un haut responsable de l’administration qui s’est entretenu avec le Times of Israel a toutefois réfuté les spéculations selon lesquelles le programme du parti bloquerait l’aide américaine à Israël, quelques mois après la signature par le président Joe Biden d’un programme d’aide de 17 milliards de dollars adopté par le Congrès.
« Le programme reflétera les opinions du président des États-Unis, et la réduction de l’aide à Israël ne fait pas partie de la politique du président Biden », a affirmé le responsable.
Si Biden a retenu une livraison de bombes hautement explosives, craignant qu’Israël ne les utilise dans les zones densément peuplées de Rafah, d’autres transferts ont été maintenus, l’engagement des États-Unis à soutenir Israël étant inébranlable, en particulier face aux menaces de l’Iran et de ses mandataires.
La réunion en ligne de mardi, convoquée par un sous-comité de la plateforme démocrate, a souligné le dilemme auquel le parti est confronté avant sa convention du mois d’août.
Toute modification du langage résolument pro-Israël dans la plateforme démocrate de 2020 risquerait d’aliéner les électeurs et les donateurs juifs qui sont déjà sous le choc après des mois de protestations contre la guerre entre Israël et le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza, ainsi que par les critiques de plus en plus virulentes des législateurs démocrates à l’égard des actions d’Israël.
La campagne de Joe Biden, quant à elle, s’efforce d’endiguer le mécontentement de la gauche du parti face au soutien du président à Israël. Ce mécontentement s’est notamment manifesté dans des États clés tels que le Michigan, qui compte une importante population arabo-américaine. En 2012 et 2016, la section de la plateforme démocrate consacrée à la politique israélienne a également donné lieu à des affrontements.
Les programmes des partis ne sont toutefois pas contraignants et sont généralement oubliés une fois la convention terminée.
La réunion sur le programme Démocrate, l’une des nombreuses réunions prévues avant la convention de Chicago, fait suite à la publication par le parti Républicain de son programme, qui comprend un soutien inconditionnel à Israël, une rhétorique anti-immigration, ainsi que des promesses de réduction de la séparation entre l’Église et l’État, deux sujets qui préoccupent depuis longtemps les juifs d’Amérique.
Halie Soifer, présidente du Jewish Democratic Council of America (JDCA), et Dana Stroul, ancienne secrétaire adjointe à la Défense et aujourd’hui chargée de recherche à l’Institut de Washington pour la politique du Proche-Orient, un groupe de réflexion très populaire dans les milieux israéliens de la défense, se sont prononcées en faveur du maintien de l’aide à Israël.
Stroul a indiqué que Biden avait inversé une grande partie des dommages causés, selon elle, à la dissuasion américaine au Moyen-Orient par les politiques isolationnistes de l’ancien président Donald Trump. Elle a présenté le soutien américain à Israël comme faisant partie intégrante d’une politique de défense solide. Elle a souligné que Biden avait associé son soutien à Israël à des projets visant à venir en aide aux millions de Palestiniens déplacés par la guerre déclenchée par l’assaut barbare des terroristes du Hamas le 7 octobre.
« L’accent mis sur la sécurité et les droits de l’homme est la raison pour laquelle l’administration Biden-Harris fait pression sur Israël pour qu’il élabore un plan viable de reconstruction et de stabilisation de la bande de Gaza », a-t-elle indiqué. « Les civils palestiniens méritent un avenir libéré de l’emprise du Hamas et un horizon politique viable pour un État à part entière, aux côtés de l’État démocratique juif d’Israël ».
Soifer a rappelé à quel point Israël était important pour les Juifs américains. Ses propos indiquent que tout changement de programme risquait de desservir les Démocrates auprès de leur plus fidèle électorat.
« 82 % des électeurs juifs s’identifient comme pro-Israël et ont un attachement émotionnel à Israël, et 74 % approuvent la manière dont le président Biden gère la guerre contre le Hamas, selon un sondage réalisé en novembre », a indiqué Soifer, ajoutant que les sondages réalisés par l’Institut de l’électorat juif et d’autres organismes montraient également un large soutien des Américains aux relations entre les États-Unis et Israël. « Le langage de la plate-forme du Parti démocrate sur Israël ne devrait pas perdre de sa force initiale d’il y a quatre ans. »
Elianne Farhat, d’origine libanaise et amérindienne, est directrice exécutive de TakeAction Minnesota, un groupe militant local. Elle a évoqué son évacuation du Liban par la marine américaine en 2006, alors qu’elle rendait visite à sa famille pendant la guerre entre Israël et le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, soutenu par l’Iran, qui faisait rage cet été-là.
« Je sais faire la différence entre les situations où notre pays utilise son immense pouvoir pour promouvoir le bien et celles où il l’utilise à mauvais escient pour répandre la douleur, la souffrance et le génocide », a-t-elle déclaré. « Je sais ce que c’est que de voir des bombes payées avec l’argent de mes impôts me tomber sur la tête. »
Farhat, qui est également une des dirigeantes du mouvement Uncommitted, qui a exhorté les électeurs des primaires démocrates à voter « sans engagement » pour protester contre la politique israélienne de Biden, a cité des sondages dont elle n’a pas identifié la source pour étayer son affirmation selon laquelle la réduction de l’aide à Israël serait populaire et atteindrait les électeurs défavorisés.
« Je vous demande de prendre en compte les opinions de l’écrasante majorité de nos électeurs : 80 % des démocrates soutiennent un cessez-le-feu permanent à Gaza, 52 % des Américains et 62 % des électeurs de Biden sont favorables à l’arrêt des ventes d’armes à Israël », a-t-elle assuré. « Ces chiffres sont renforcés par les dizaines de milliers de personnes qui se sont mobilisées dans tout le pays. »
Elle a exhorté les États-Unis à faire pression pour un cessez-le-feu immédiat à Gaza et un embargo sur les ventes d’armes à Israël.
La structure de cette audience, qui a duré plusieurs heures, a permis à chaque présentation d’être suivie de questions amicales de la part des membres du comité éditorial qui étaient favorables au point de vue du témoin. Jeremy Bash, ancien haut fonctionnaire de la Défense dans des administrations Démocrates et aujourd’hui consultant, s’est adressé à Stroul et Soifer. Keith Ellison, procureur général du Minnesota, très critique à l’égard d’Israël lorsqu’il siégeait au Congrès, s’est entretenu avec Farhat.
La plate-forme doit être terminée avant le début de la convention, où elle sera officiellement approuvée par l’assemblée. La convention débutera le 19 août.
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.