Passé la porte de Jaffa, un monde de secrets et d’Histoire
Lorsque Omar iben Al-Khatab a visité Jérusalem peu après la conquête musulmane en 683, il a été furieux de trouver le site le plus saint du judaïsme recouvert d’immondices
- La porte de Jaffa, l'une des sept portes dans les murs de la Vieille Ville, fut restaurée par les dirigeants ottomans de Jérusalem en 1538. (Crédits : Shmuel Bar-Am)
- A l'intérieur de la porte, on trouve deux tombes sans noms, décorées avec des turbans de pierre de l'époque ottomane. (Crédits : Shmuel Bar-Am)
- A la fin du 19e siècle, l'Hôtel Impérial était l'endroit le plus chic pour se loger en ville. (Crédit : Shmuel Bar-Am)
- Les fondations de la citadelle de Jérusalem furent construites par les Macchabées. (Crédits : Shmuel Bar-Am)
- La cloche de l'église du Christ anglicane, qui combine les styles anglais et moyen-oriental. (Crédits : Shmuel Bar-Am)
- L'église du Christ abrite également le Centre d'héritage chrétien, un réservoir d'eau vieux de 2 000 ans et une maison d'hôtes. (Crédits : Shmuel Bar-Am)
L’une des rues les plus animées de la Vieille ville de Jérusalem est une petite place appelée place Omar iben Al-Khatab, en référence au deuxième Calife du monde islamique. Elle part de l’intérieur de la porte de Jaffa au début du quartier arménien, avec la route du patriarche orthodoxe arménien. Elle fourmille de sites historiques à la fois anciens et relativement modernes.
Expert administratif, brillant, sensible et tolérant, Omar a visité Jérusalem peu après la conquête musulmane du Lieu Saint en 638. Omar a révéré nombre des personnalités les plus significatives de l’Ancien Testament, et a beaucoup honoré les sites sacrés du judaïsme, y compris le sommet sur lequel Salomon avait érigé le magnifique Premier Temple.
Alors, lorsqu’il est monté au mont du Temple et l’a trouvé recouvert d’immondices, Omar était fou de rage. Il a immédiatement ordonné que les détritus soient enlevés, et, selon certains, il aurait aidé lui-même à nettoyer de ses propres mains.
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Une fois, l’évêque de Jérusalem Sophronius a invité le Calife à le rejoindre pour prier à l’intérieur de l’église du Saint-Sépulcre. Omar aurait refusé, expliquant que s’il devait accepter, les Musulmans pourraient immédiatement ravir l’un des plus importants sites chrétiens et le remplacer par une mosquée dédiée à l’islam. Il a ensuite accepté de prier en dehors de l’église, exactement là où une mosquée nommée en son honneur se trouve aujourd’hui.

La porte de Jaffa est l’une des sept portes dans les remparts de la Vieille Ville à avoir été restaurées par le sultan turc Souleiman le Magnifique en 1538.
Faites en bois à l’origine mais ensuite fabriquées en fer afin d’éviter les incendies, les portes étaient fermées le soir pour ne rouvrir qu’après le lever du soleil le jour suivant. Une petite ouverture dans la partie droite de la porte appelée « pishpash » dans le jargon local, est une poterne utilisée pour les sorties et les entrées d’urgence. Une large mezuzah est fixée à la partie droite de la porte.
Juste à l’intérieur de la porte, derrière une barrière en fer, se trouvent deux tombes décorées, particulièrement avec des turbans de pierre. Même s’il n’y a pas de noms sur les tombes, elles abriteraient les dépouilles des deux architectes qui ont conçu les murs de la ville.

La tradition locale soutient que Souleiman, fou de rage, les aurait fait exécuter tous les deux lorsqu’il aurait appris que, malgré ses ordres, ils avaient laissé la tombe de David et le mont Sion en dehors des murs de la ville. Selon une autre légende, Souleiman aurait ordonné de les décapiter afin que les glorieux murs de Jérusalem ne puissent jamais être reproduits. Et certains disent que les deux ont été assassinés parce qu’ils connaissaient les secrets de la ville. Une fois morts, bien sûr, ils ne pourraient plus transmettre ces faiblesses à n’importe quel ennemi lâche.
Plus loin sur la place, l’Hôtel Impérial a perdu de sa superbe. Mais les visiteurs qui l’observent à distance peuvent voir pourquoi, à la fin du 19e siècle, c’était l’édifice le plus majestueux où l’on pouvait loger dans la ville. Dans une allée entre les colonnes massives qui encadrent l’entrée se trouve un petit pilier avec, au sommet, un drapeau orthodoxe grec. Parmi les lettres latines sur la quatrième rangée, on retrouve « LEG X ». C’est parce que la Dixième Légion romaine a campé ici lors de la première révolte des Juifs contre les Romains au 1er siècle, et après leur victoire également.

A proximité, un édifice élégant abrite le Centre d’information chrétien franciscain. Erigé en 1858 pour accueillir le bureau de poste de l’Autriche impériale, 11 ans après que les Autrichiens ont ouvert un consulat en Terre Sainte, il a été acheté par les Franciscains en 1965. A l’intérieur, le signe coloré original du bureau de poste historique est visible.
De l’autre côté de la rue, on retrouve la citadelle de Jérusalem, de loin le site historique le plus vieux et le plus intéressant de la place Omar iben Al-Khatab. En 1917, après que la Ville Sainte s’est rendue aux Britanniques, le Maréchal britannique Edmund Allenby est monté sur les marches de la Citadelle et a déclaré que Jérusalem était sous contrôle anglais.
Les fondations de la citadelle de Jérusalem ont été construites il y a un millier d’années après l’ère du Roi David par les dirigeants hasmonéens d’Israël (de la dynastie des Maccabées). Ils ont érigé une tour défensive et un mur de ville ; les restes du mur ont été découverts lors des fouilles. Le roi Hérode a construit un palais à proximité du mur de la ville hasmonéenne et a ajouté trois tours, dont l’une est toujours en place. Ensuite, lors de la Grande Révolte de 66, les défenseurs juifs s’y sont regroupés quand ils ont été repoussés vers les murs par les Romains.

Aujourd’hui, la citadelle abrite le musée de la Tour de David et de l’Histoire de Jérusalem, un bâtiment situé, de façon très pratique, à l’entrée de la Vieille Ville.
Seul musée au monde à traiter exclusivement de l’histoire de Jérusalem, il raconte les millénaires colorés de l’histoire de la ville avec une lumière et une tonalité inhabituelles. Au-delà des expositions intéressantes et splendides, ses bâtiments et ses jardins sont eux-mêmes des sites historiques à explorer. Quelques années plus tard, le musée a ajouté une Nuit spectaculaire, dont le son impressionnant et la lumière spectaculaire sont une fête des sens.
Quand l’église du Christ [Christ Church] est apparue de l’autre côté de la rue, c’était le premier sanctuaire protestant du Moyen-Orient. L’église fut bâtie de 1842 à 1849 par la Société londonienne pour la promotion des Juifs dans la chrétienté, et avait pour but spécifique l’accueil des Juifs chrétiens.

Comme les Turcs ne laissaient pas les Chrétiens sonner les cloches pour appeler les paroissiens à la prière, l’église n’avait même pas de clocher. Cependant, après la guerre de Crimée (1853 – 1856) qui laissa les Turcs redevables aux Anglais, les Anglicans ajoutèrent un modeste clocher et osèrent sonner pour les prières. Finalement, l’église du Saint-Sépulcre suivit le mouvement et, peu de temps après, les cloches étaient entendues dans tout Jérusalem.
Malgré sa sobriété typique des protestants, l’église du Christ est un magnifique sanctuaire. Le design combine une touche de beauté anglaise (les riches et sombres plafonds de bois, les tables) avec des murs en pierre moyen-orientaux et des arches voûtées médiévales.
Un inhabituel écran de bois couvre une grande partie du mur derrière la table de communion. Fabriqué pour rappeler aux badauds l’Arche d’alliance qui, dans les synagogues, contient les cinq livres de Moïse, l’écran est divisé en quatre panneaux. Les Dix Commandements sont écrits, en hébreu, sur les deux panneaux centraux ; sur les côtés sont gravés le Notre Père et le Credo des Apôtres – en écriture hébraïque.
D’autres décorations incluent un éblouissant trio de vitraux qui fait face à l’entrée. Installée lors de l’agrandissement de l’église en 1913, la fenêtre du milieu représente la Trinité chrétienne. Les mots sont inscrits en hébreu et la figure dominante, un arbre ou une vigne, ressemble vaguement à une croix.

Il y a un peu plus de dix ans, l’église du Christ a ouvert le Centre d’héritage chrétien [Christian Heritage Center], qui illustre l’histoire du sionisme chrétien à Jérusalem à travers des documents historiques, des bibles médiévales et des maquettes contemporaines de la ville. Un réservoir d’eau vieux de 2 000 ans, qui mène à un ancien tunnel, est également ouvert au public. Une cafétéria est fréquentée par les touristes et les visiteurs, qui peuvent passer la nuit dans une agréable maison d’hôtes.
Le site le plus éloigné sur la place est le poste de police, construit en 1834 et utilisé comme prison depuis sa construction. Parmi les prisonniers détenus ici pendant le Mandat britannique, on trouve des membres de réseaux clandestins juifs, qui avaient commis le ‘crime’ de souffler le Shofar au mur Occidental. En 1931, les Britanniques avaient en effet décidé que les droits de propriété des Musulmans sur le mont du Temple englobaient également la zone du mur, et avaient interdit aux Juifs de souffler le Shofar dans ce lieu saint.
Mais la cérémonie est une part importante de certaines fêtes, et les Juifs ne pouvaient accepter cela sans se battre. Ainsi, chaque année suivant le bannissement, des membres de l’Etzel et de l’Irgoun soufflaient la « Tekia Gedola » pour marquer la fin du jeûne, et finissaient en prison, que l’on appelait la kishle.
Lors de récentes fouilles, des archéologues ont découvert des restes sous la kishle, vieux de 2 600 ans. Ces vestiges comportent notamment des murs de la période du Premier Temple, ainsi que des découvertes plus modernes qui pourraient être connectées au palais du roi Hérode.
Aviva Bar-Am est l’auteure de sept guides de voyages en anglais sur Israël.
Shmuel Bar-Am est un photographe et guide agréé qui organise des visites privées et customisées pour individuels, familles et petits groupes en Israël.
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