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Pessah prend une résonance particulière pour les Juifs d’Ukraine

Décrivant la fête comme "l'histoire d'un traumatisme", la rabbin Irina Gritsevskaya appelle à "tirer des enseignements du passé" pour trouver l'espoir et apprendre à se réadapter

Les invités d'un seder de Pessah, notamment de nombreuses familles de Kharkiv lourdement impactées, attablés lors de la première nuit de Pessah, à Kiev, en Ukraine, le 5 avril 2023. (Crédit : Marcel Gascon Barbera/JTA)
Les invités d'un seder de Pessah, notamment de nombreuses familles de Kharkiv lourdement impactées, attablés lors de la première nuit de Pessah, à Kiev, en Ukraine, le 5 avril 2023. (Crédit : Marcel Gascon Barbera/JTA)

KYIV, Ukraine (JTA) – Yuliia Krainiakova a fui sa maison de Kharkiv, en Ukraine, après l’invasion des troupes russes l’année dernière et s’est rendue à Berlin, où elle et ses filles se sont installées pendant 10 mois grâce à l’aide de différentes organisations juives.

De retour à Kharkiv il y a plusieurs mois, elle espérait retrouver certaines des réunions juives qui avaient été un phare en cette période de troubles, mais sa ville, la deuxième plus grande d’Ukraine, a continué à être régulièrement bombardée, faisant de la sécurité une priorité plus urgente que la vie communautaire juive.

« En raison de la guerre, il est difficile d’en trouver à Kharkiv », a-t-elle déclaré mardi à la Jewish Telegraphic Agency. « Nous avons donc décidé de venir à Kiev pour le seder de Pessah, afin de vivre une expérience juive ici. »

Krainiakova, son mari et ses deux filles faisaient partie des dizaines de Juifs de Kharkiv qui ont fait le voyage d’environ six heures en train jusqu’à la capitale ukrainienne mardi pour un seder organisé par Midreshet Schechter, qui, en partenariat avec Masorti Olami, gère toutes les communautés massorti (conservatrices) d’Ukraine.

Mercredi, ils se sont assis à une grande table en forme de U, ornée de tous les symboles d’un seder traditionnel, pour un repas festif dont la principale concession à la guerre était que peu de participants se trouvaient dans leur ville d’origine.

La rabbin Irina Gritsevskaya, qui vit en Israël, dirige Midreshet Schechter et s’est rendue plusieurs fois en Ukraine l’année dernière pour soutenir les célébrations des fêtes dans ce pays, tout en donnant des cours en ligne tout au long de l’année aux élèves de Shaalvim, l’école juive de Kharkiv. Elle a expliqué que l’histoire de Pessah, ou maggid, avait une résonance particulière pour les Juifs ukrainiens qui endurent la guerre depuis plus d’un an.

« Le maggid sera centré sur le traumatisme, car Pessah est en fait l’histoire d’un traumatisme, celui de la perte de notre Temple, de notre Beit Hamikdash », a déclaré Gritsevskaya. « Aujourd’hui, nous sommes confrontés à un traumatisme différent, et la question est donc de savoir comment nous pouvons tirer des enseignements de l’histoire qui s’est déroulée il y a de nombreuses années et la relier à notre époque, afin d’en tirer les leçons en termes d’espoir et de réhabilitation. »

Des femmes passant devant un bâtiment endommagé par les bombardements russes dans le quartier de Saltivka, à Kharkiv, en Ukraine, le 16 février 2023. (Crédit : AP Photo/Vadim Ghirda)

L’année dernière, Pessah a eu lieu moins de deux mois après le début de la guerre : les familles étaient dispersées, il était difficile de se procurer des vivres et toute planification pouvait facilement être chamboulée par l’évolution de la situation. Néanmoins, grâce au Mouvement Habad Loubavitch et à l’American Jewish Joint Distribution Committee (JDC), le pays avait organisé de nombreux seders publics, certains organisés dans des hôtels ou plus tôt dans la journée pour tenir compte des couvre-feux d’urgence.

Cette année, la vie en Ukraine se déroule dans une nouvelle normalité qui permet aux Ukrainiens de faire – dans une commune mesure – des projets, malgré les coupures d’électricité continues et les bombardements incessants dans certaines villes. Les célébrations de Pessah prendront une forme plus typique – le Habad, principal moteur de la vie juive dans de nombreuses villes ukrainiennes, organisant 90 seders communautaires et distribuant des provisions pour Pessah à 30 000 personnes.

Le fait que des centaines de milliers d’Ukrainiens, qui avaient quitté le pays dans les premiers jours du conflit, soient rentrés chez eux, contribue positivement à cette nouvelle normalité.

C’est le cas de certaines familles de l’école Shaalvim de Kharkiv, qui reste fermée en raison de la menace permanente de bombardements. Leur voyage à la synagogue massorti de Kiev leur offre une rare occasion de se retrouver.

« Après tout ce temps passé à la maison, ils se réjouissent à l’idée de se retrouver et de passer du temps ensemble », a déclaré leur professeure, Svetlana Maslova, peu après l’arrivée du groupe mardi.

En plus d’être isolés chez eux et contraints de suivre leur scolarité en distanciel, les 120 élèves de Shaalvim subissent depuis des mois des coupures de courant récurrentes, causées par les bombardements ou par les frappes russes sur l’infrastructure énergétique de l’Ukraine. « À un moment donné, nous avons été privés d’électricité pendant deux jours entiers », a déclaré Maslova.

Shaalvim a été une certaine source de stabilité au cours d’une année de bouleversements, selon les parents. Alla Gusak, qui s’est rendue à Kiev avec sa fille de 11 ans, vivait avant la guerre à Tchouhouïv, une ville située à environ 40 km au sud-est de Kharkiv, qui était une cible privilégiée pour les troupes russes car elle abrite une base de l’armée de l’air ukrainienne. La Russie a brièvement occupé la ville au début de la guerre.

« Nous avons été bombardés, nous avons survécu et nous avons réussi à sortir par miracle », a déclaré Gusak. Elle a ajouté que la maison familiale a été fortement endommagée tandis qu’une autre propriété appartenant à la famille, à Izioum, a été rendue inutilisable, de même que le dispensaire local et les écoles, pendant toute la période où l’armée russe a occupé la ville. « Nous ne pouvons même pas y aller parce qu’il y a des mines partout. »

Yuliia Krainiakova, à gauche, et Alla Gusak assises ensemble lors d’un seder de Pessah, à Kiev, en Ukraine, le 5 avril 2023. (Crédit : Marcel Gascon Barbera/JTA)

Alla Gusak et son mari travaillaient en tant qu’agriculteurs, mais les champs qu’ils ont jadis ensemencés sont aujourd’hui parsemés de mines. Ainsi, même en ligne, l’école juive Shaalvim est d’une grande aide pour sa fille qui doit traverser les horreurs de cette guerre, selon elle.

« Ce que l’école juive nous apporte, c’est une véritable famille », a déclaré Natalya Kupin, dont la fille de 11 ans fréquente également Shaalvim. « Elle unit nos enfants, elle nous donne une tradition et c’est ce dont les autres peuples et nations auraient également besoin, une tradition de base, parce que c’est ce qui nous donne la capacité d’être ensemble. »

Dans la salle où se déroulaient les préparatifs du seder de mardi, un déguisement de Pharaon était suspendu dans un coin, prêt pour un repas festif très décoré. Gritsevskaya a expliqué qu’elle avait discuté du seder à l’avance avec ses étudiants et qu’ils auront l’occasion de réfléchir à la signification de leur propre libération. Elle a également précisé que, même si la préparation du voyage et du seder avait été considérable, elle ne savait pas tout ce qui allait se passer.

« Les enfants ont préparé un spectacle sur Yetziat Mitzrayim [la sortie d’Égypte], que je n’ai pas encore vu », a déclaré  Gritsevskaya. « C’est une surprise en mon honneur. »

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