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« Petit pas en avant » pour relancer les efforts de paix en Libye

Les principaux pays concernés par le conflit en Libye ont promis de respecter un embargo sur les armes mais les deux protagonistes s'ignorent

Des miliciens locaux appartenant à un groupe opposé à l'homme fort libyen Khalifa Haftar auprès de véhicules saisis aux forces de ces derniers sur une de leurs bases située à Zawiya, le 5 avril 2019. (Crédit : Mahmud TURKIA / AFP)
Des miliciens locaux appartenant à un groupe opposé à l'homme fort libyen Khalifa Haftar auprès de véhicules saisis aux forces de ces derniers sur une de leurs bases située à Zawiya, le 5 avril 2019. (Crédit : Mahmud TURKIA / AFP)

Les principaux pays concernés par le conflit en Libye ont promis dimanche de respecter un embargo sur les armes et de ne plus interférer dans ses affaires intérieures, pour tenter de ramener la paix dans ce pays déchiré par la guerre civile.

Toutefois, les conséquences de cet engagement pris lors d’un sommet international à Berlin sur le terrain, où règne une trêve des combats précaire entre les deux camps, restent incertaines : les deux rivaux directs, Fayez al-Sarraj, le chef du Gouvernement d’union nationale (GNA) reconnu par l’ONU à Tripoli, et son rival qui contrôle l’est libyen Khalifa Haftar, ont refusé de se rencontrer lors de la conférence sous l’égide de l’ONU.

Et le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a reconnu que si la conférence avait été « très utile », le fossé restait béant entre les deux hommes. « Il est clair qu’on n’a pas réussi pour l’instant à lancer un dialogue sérieux et stable entre eux », a-t-il déclaré à la presse à Berlin.

Tant M. Lavrov que la chancelière allemande Angela Merkel, hôte de la conférence, ont parlé d’un « petit pas en avant », tout en reconnaissant que beaucoup restait à faire pour parvenir à la paix.

Principale avancée de la réunion de Berlin, les dirigeants de onze pays, à commencer par la Russie et la Turquie qui jouent un rôle-clé en Libye, ont souligné dans une déclaration commune « qu’il n’y a pas de solution militaire au conflit », s’est félicité le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.

(FILES) L’homme fort de Libye Khalifa Haftar salue pendant une parade militaire à Benghazi, à l’est de la Libye, le 7 mai 2018 (Crédit : Abdullah DOMA / AFP)

« Tous les participants se sont engagés à renoncer à des interférences dans le conflit armé ou les affaires intérieures de la Libye », a indiqué M. Guterres, alors que la Turquie soutient militairement le GNA et que la Russie, malgré ses dénégations, est soupçonnée d’appuyer le maréchal Haftar, aux côtés de l’Egypte, de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis.

Les participants ont aussi promis de respecter enfin l’embargo sur les livraisons d’armes à la Libye, décrété par l’ONU en 2011 mais resté largement lettre morte.

Depuis la reprise des combats entre camps rivaux en Libye en avril 2019, plus de 280 civils et 2 000 combattants ont été tués et, selon l’ONU, plus de 170 000 habitants ont été déplacés. Le pays est dans le chaos et miné par les violences et les luttes de pouvoir depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.

Le chef de l’Etat français Emmanuel Macron, soupçonné par ses alliés européens de faire bande à part en soutenant le maréchal Haftar, a demandé lui l’arrêt de l’envoi de miliciens syriens pro-turcs et de militaires turcs pour soutenir le GNA.

« Vive inquiétude »

« Je dois vous dire la vive inquiétude que m’inspire l’arrivée de combattants syriens et étrangers dans la ville de Tripoli, il faut que cela cesse », a-t-il affirmé.

L’ONU espère surtout que cette conférence renforcera la trêve entrée en vigueur le 12 janvier à l’initiative de la Russie et la Turquie.

Une rencontre entre représentants militaires des deux camps devrait pouvoir se tenir « dans les prochains jours » selon l’ONU pour transformer cette accalmie en cessez-le-feu « permanent », comme les participants au sommet de Berlin l’ont appelé de leurs vœux.

Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo en conférence de presse au Département d’Etat à Washington DC, le 18 novembre 2019. (Crédit : JIM WATSON/AFP)

Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a parlé de « progrès » faits à Berlin vers « un cessez-le-feu complet », même « s’il reste des questions » sur la capacité de la communauté internationale à en vérifier la réalité.

Pour Emadeddin Badi, expert au Middle East Institute, le résultat du sommet est plutôt « décevant », compte tenu « de l’importance des dirigeants » présents.

Les cours du pétrole étaient en hausse lundi après-midi, de plus de 1% sur les marchés asiatiques, du fait de l’inquiétude pour l’offre provoquée par le blocage des principaux terminaux pétroliers de l’Est de la Libye par les forces pro-Haftar.

Force internationale ?

Des escarmouches sont signalées presque quotidiennement, y compris le jour du sommet au sud de Tripoli. Et le camp Haftar a bloqué les exportations de pétrole libyennes, seule véritable source de revenus du pays, à la veille du sommet de Berlin.

Dans ce contexte, le chef du GNA a demandé dimanche l’envoi dans son pays d’une « force militaire internationale » sous l’égide de l’ONU.

Elle aurait pour mission de « protéger la population civile », a-t-il dit, faisant écho à des propos similaires cette semaine du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

Plusieurs dirigeants, notamment les chefs de gouvernement italien et britannique, se sont dits ouverts dimanche à l’idée de l’envoi d’une mission internationale, voire d’une force, pour aider à garantir un cessez-le-feu, une fois qu’il aura été agréé entre les deux camps.

Les pays de l’UE doivent commencer à débattre lundi à Bruxelles d’une contribution dans ce domaine.

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