Peut-on inculquer la tolérance aux élèves israéliens ?
Plusieurs directeurs de lycée révèlent ce que la tolérance signifie dans leurs écoles
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »

Cela fait trois jours que l’année scolaire a débuté et la plupart des directeurs d’école du secondaire n’étaient pas tout à fait prêts à parler de cours sur la tolérance prescrits par le ministère de l’Education.
« Essayer de nous [contacter] la semaine prochaine », a déclaré un porte-parole du ministère pour la région de Tel Aviv.
Idem pour la plupart des écoles de Jérusalem.
Les leçons en question font partie du plan actuel du ministère de l’Education visant à consacrer la première semaine de l’année scolaire à un plan d’apprentissage sur la violence, le racisme et la tolérance, après un été marqué par des attaques terroristes sanglantes et de violents discours racistes.
Ces récents événements en question incluent l’assassinat du petit enfant palestinien, Ali Saad Dawabsha, et de son père, Saad Dawabsha, dans une attaque terroriste en Cisjordanie, probablement perpétrée par des extrémistes juifs, et l’assassinat de Shira Banki, 16 ans, pendant le défilé de la Gay Pride à Jérusalem.

Il existe quelques écoles, cependant, où la tolérance a toujours fait partie du débat.
A Leyada, le prestigieux lycée de Jérusalem où Shira Banki aurait fait sa rentrée si elle n’avait été tuée, l’école a organisé une cérémonie en sa mémoire lors du premier jour des classes.
Des classes formelles sur la tolérance ne sont, cependant, pas nécessaires, a déclaré Rena Gampel, la coordinatrice du lycée.
« Nous ne menons pas des cours formels sur la tolérance, parce que la tolérance fait partie de notre conversation quotidienne, cela fait partie de qui nous sommes, » a-t-elle précisé.
Idem pour Nisui, une école expérimentale dans le centre de Jérusalem pour les élèves de la maternelle au secondaire, qui est connue pour son ton pluraliste.
Selon Uri Geva, le principal de Nisui, l’idée même de classes sur la tolérance n’a pas de sens pour son institution, où « la tolérance est discutée tout le temps. Cela fait partie de qui nous sommes », a-t-il déclaré.

A l’école publique religieuse Himmelfarb de Jérusalem, une école pour garçons en âge d’aller au lycée, la principale Yirmi Stavisky m’a dit qu’il a passé beaucoup temps cet été à penser à la tolérance.
Stavisky, qui a été profondément troublé par les événements de l’été, a voulu faire plus que donner des cours sur la tolérance. Il a commencé à penser à Shirin Natour Hafi, la directrice de la Haute Ecole arabe de Lod, qu’il a rencontrée il y a quelques années lors d’un rassemblement professionnel. Il avait eu [le souffle] « coupé » par ce qu’elle avait à dire.
« Elle essaie de susciter la fierté de ses étudiants musulmans, de les rendre fiers de sorte qu’ils n’aient pas à être violent, et elle se bat contre l’islam radical », a-t-il décrit.
Il l’a amenée à son école l’année dernière pour discuter, et maintenant Stavisky veut passer quelques heures à enseigner l’anglais chaque semaine aux élèves de Hafi. En retour, il espère qu’elle viendra à Himmelfarb enseigner la littérature hébraïque à ses étudiants.
Les élèves et les parents, selon lui, semblent intéressés.
« Nous avons tenu une réunion l’autre nuit avec tous les parents et j’ai essayé d’expliquer comment les choses avaient évolué », a déclaré Stavisky.
« Je leur ai dit que cette école n’a pas de ligne politique mais qu’elle a une une ligne morale et religieuse – ce qui signifie que tout être humain est créé à l’image de Dieu. Cet humain doit être respecté, à moins qu’il ne cherche à nous nuire. S’il cherche la paix, nous voulons rechercher la paix avec lui ».
L’école Himmelfarb, selon Stavisky, a un « grand corps mixte de Juifs sionistes, de Juifs engagés qui sont plus ou moins religieux. Ils envoient leurs garçons dans cet école parce que ce qu’ils recherchent, c’est une certaine forme de religion qui n’est pas absolue ».
C’est aussi une école avec une famille dont le fils, soldat, a été tué à Gaza l’été dernier, et un autre étudiant qui a presque été assassiné par un Palestinien l’an dernier, a déclaré Stavisky.
« Ce n’est pas comme si nous vivions dans un conte de fées », a poursuivi le principal.
« Mais tous les parents ont applaudi et ont dit ce que c’était ce que nous voulons qui arrive. Nous ne voulons pas entendre tout ce discours raciste et sectaire ».