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Analyse

Pezeshkian courtise l’UE, mais n’exclut pas une sortie du traité de non-prolifération

Le président iranien accuse Washington et ses alliés occidentaux de saper le TNP par des sanctions, et cite les ”conséquences néfastes" de l'assassinat de Soleimani

Le nouveau président iranien Masoud Pezeshkian assistant à une cérémonie de deuil commémorant le martyre du petit-fils du prophète Mahomet, Hussein, au VIIe siècle, à Téhéran, le 12 juillet 2024. (Crédit : Bureau du guide suprême iranien via AP)
Le nouveau président iranien Masoud Pezeshkian assistant à une cérémonie de deuil commémorant le martyre du petit-fils du prophète Mahomet, Hussein, au VIIe siècle, à Téhéran, le 12 juillet 2024. (Crédit : Bureau du guide suprême iranien via AP)

Une semaine après avoir été élu président de l’Iran, Massoud Pezeshkian, le candidat dit « réformateur », a exposé au monde entier sa doctrine en matière de politique étrangère. La tribune choisie : la première page du quotidien anglophone Tehran Times.

Il était évident que l’article de Pezeshkian, publié vendredi, avait été soigneusement édité. Il s’est efforcé de plaire à tout le monde, y compris à l’Occident. Plutôt qu’un antagoniste, il a cherché à se présenter comme un pragmatique, un patriote iranien désireux de préserver les intérêts de l’État qui lui a été confié.

Toutefois, en s’adressant aux pays musulmans voisins et en les appelant à coopérer sur la base de « valeurs islamiques communes », Pezeshkian a évité de nommer l’Arabie saoudite, le Bahreïn et les Émirats arabes unis. Et ce, pour une bonne raison : malgré le retard de la normalisation israélo-saoudienne, les accords militaires de ces pays avec Israël ont été mis en œuvre pour la première fois le 14 avril, contre l’Iran.

Dans l’ensemble, Pezeshian a utilisé un langage général pour envoyer un message clair : « Notre région est en proie depuis trop longtemps à la guerre, aux conflits sectaires, au terrorisme et à l’extrémisme […] et à l’ingérence étrangère. Il est temps de s’attaquer à ces défis communs […] Nous devons nous unir et nous appuyer sur le pouvoir de la logique plutôt que sur la logique du pouvoir », a écrit le nouveau président, qui se situe bien en dessous du guide suprême Ali Khamenei dans la hiérarchie du régime.

Massoud Pezeshkian (au centre) affichant un signe de victoire après avoir voté à l’élection présidentielle iranienne alors qu’il est accompagné par l’ancien ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif (à gauche), dans un bureau de vote à Shahr-e-Qods non loin de Téhéran, en Iran, le 5 juillet 2024. (Crédit : Vahid Salemi/AP)

Les relatifs réformateurs de l’Iran ont toujours eu recours à des paroles douces pour tenter d’apaiser les tensions.

En ce qui concerne les liens entre l’Iran et l’Europe, Pezeshkian semble avoir jeté son dévolu sur l’Allemagne, la France et l’Italie – les « trois grands » de l’Union européenne (UE) – et il a semblé essayer de creuser un fossé entre eux et les États-Unis en ce qui concerne le programme nucléaire du régime.

D’une part, Pezeshkian a accusé l’Europe de revenir sur sa promesse de préserver les liens économiques avec l’Iran après que Washington s’est retiré en 2018 de l’accord sur le programme nucléaire de Téhéran – connu sous le nom de JCPOA. D’autre part, il a affirmé que le moment était venu de renouer le dialogue sur la base du respect des droits du peuple iranien.

« Il existe de nombreux domaines de coopération que l’Iran et l’Europe peuvent explorer une fois que les puissances européennes auront accepté cette réalité et mis de côté la suprématie morale qu’elles s’arrogent, associée aux crises fabriquées qui ont empoisonné nos relations pendant si longtemps », a écrit Pezeshkian.

Des centrifugeuses construites en Iran visibles dans le cadre d’une exposition sur les réalisations nucléaires du pays, à Téhéran, en Iran, le 8 février 2023. (Crédit : Vahid Salemi/AP)

Le ton du président nouvellement élu à l’égard des États-Unis était beaucoup plus vif et conflictuel, parfois presque menaçant. Pezeshkian a choisi de souligner que l’Iran est signataire du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), auquel Israël n’a jamais adhéré.

« Les États-Unis et leurs alliés occidentaux […] ont gravement porté atteinte au traité de non-prolifération en montrant que le coût de l’adhésion aux principes du régime de non-prolifération pourrait l’emporter sur les avantages qu’il peut offrir », a écrit Pezeshkian – laissant clairement entendre que les sanctions sévères imposées à l’Iran pourraient l’amener à envisager de quitter le TNP.

Si une telle décision n’équivaut pas à une mise au point immédiate de la bombe par l’Iran, l’Occident doit tenir compte de cette menace à peine voilée.

Selon toute vraisemblance, ces propos visent à inciter l’Occident à reprendre les pourparlers avec l’Iran qui, désormais sur le point de se doter de l’arme nucléaire, occuperait une position de négociation nettement plus forte qu’auparavant.

L’ancienne responsable de la politique étrangère de l’UE Catherine Ashton (à gauche) le ministre britannique des Affaires étrangères Philip Hammond (3e à gauche), le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif (à l’arrière centre) et le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius (2e à droite) attendant le début des négociations nucléaires à huis clos avec l’Iran, à Vienne, en Autriche, le 21 novembre 2014. (Crédit : Ronald Zak/AP)

Il convient de noter que Pezeshkian s’est adressé aux « États-Unis et à leurs alliés occidentaux », tentant ainsi de les présenter comme une sorte de « mauvais flic » nuisant aux intérêts de tous.

Dans les jours qui ont suivi la publication de son article, Pezeshkian a reçu une certaine reconnaissance de la part des médias iraniens, étroitement contrôlés, pour avoir ostensiblement exprimé les positions intransigeantes de Khamenei d’une manière modérée.

Depuis son élection, Pezeshkian a tenté de faire savoir qu’il était « le président de tout le monde », y compris du camp conservateur qui s’était opposé à sa candidature.

Selon des informations parues à Téhéran, Pezeshkian assiste tous les matins à l’office à la mosquée centrale de la capitale iranienne, ce qui lui permet de s’attirer les faveurs de ceux qui l’ont dénigré en le qualifiant de laïc.

Le président élu Masoud Pezeshkian (à gauche) assis à côté du guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, lors d’une cérémonie de deuil commémorant le martyre, au VIIe siècle, du petit-fils du prophète Mahomet, Hussein, alors qu’un portrait du défunt président Ebrahim Raïssi est placé au centre, à Téhéran, Iran, le 12 juillet 2024. (Crédit : Bureau du guide suprême iranien via AP)

Pezeshkian a également veillé à s’attirer les faveurs du Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI), le bras armé du régime en dénonçant l’assassinat en 2020 du général Qassem Soleimani, le commandant de la Force Al-Qods du CGRI, un groupe terroriste désigné comme tel par les États-Unis.

Soleimani, a affirmé Pezeshkian, était « un héros anti-terroriste mondial connu pour avoir réussi à sauver les peuples de notre région du fléau de l’État islamique [EI] et d’autres groupes terroristes féroces ».

« Aujourd’hui, le monde est témoin des conséquences néfastes de ce choix », a écrit Pezeshkian à propos de la frappe aérienne américaine qui a tué Soleimani.

Au terme de son intervention, le nouveau président a déclaré que « la doctrine de défense de l’Iran ne comprend pas d’armes nucléaires ». Téhéran avait minimisé ce message pendant le mandat du prédécesseur de Pezeshkian, Ebrahim Raïssi, et les dirigeants du régime ont récemment été signalés comme étant engagés dans un « débat stratégique » sur la question de savoir si le moment est venu de construire la bombe.

Un manifestant brandissant une affiche de feu le général Qassem Soleimani, de la Force Al-Qods du CGRI, qui a été tué lors d’une attaque de drone américaine en 2020 en Irak, lors d’un rassemblement anti-Israël devant l’ambassade britannique à Téhéran, en Iran, le 14 avril 2024. (Crédit : Vahid Salemi/AP)

Ainsi, cet article est perçu comme une tentative d’apaiser l’Occident et de relancer les négociations en vue d’alléger les sanctions – un élément central de la campagne électorale de Pezeshkian – quelles que soient les intentions réelles du régime en ce qui concerne son programme nucléaire.

Traduit et édité à partir de l’original du site Zman Yisrael, la version en hébreu du Times of Israel.

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