Philip Morris cible les haredim pour former la prochaine génération de fumeurs
87 %, soit près de 3 millions de shekels, du budget publicitaire local a été consacré aux ultra-orthodoxes, la communauté qui présente le taux de tabagisme le plus faible du pays
Le géant du tabac Philip Morris cible la population ultra-orthodoxe d’Israël pour favoriser la dépendance au tabagisme et augmenter ses profits, selon une étude de l’université hébraïque de Jérusalem publiée mardi.
Des chercheurs de l’aile de santé publique de l’université ont rapporté que 87 % du budget publicitaire de Philip Morris sur une période de quatre ans était destiné au public haredi, bien que ce groupe de population ait le taux de tabagisme le plus bas du pays.
« Nous nous attendions à ce que la société se concentre sur les populations ayant les taux de tabagisme les plus élevés en Israël – à savoir les hommes arabes – et non sur la population qui ne compte pratiquement aucun fumeur », a déclaré la Dr. Yael Bar-Zeev, l’une des chercheuses de l’étude.
Les dépenses de marketing sur le public haredi, qui se concentrent sur la presse écrite, s’élevaient à près de 3 millions de shekels par an. Philip Morris affirme que son contenu publicitaire ne cible que les fumeurs existants, une affirmation remise en question par les conclusions de l’étude de l’université hébraïque.
L’étude a également révélé que la société a développé des stratégies créatives pour contourner la législation sur la publicité pour le tabac, qui limite les publicités à une par journal.
Philip Morris a utilisé des tactiques telles que les doubles pages, qui comptent techniquement comme une seule publicité, ainsi que des QR codes qui conduisent les lecteurs à du contenu promotionnel supplémentaire.
Dans une réponse publiée par la chaîne publique israélienne Kan, Philip Morris a déclaré « opérer dans le respect de la loi et de la réglementation la plus stricte. La société fait de la publicité conformément à la loi israélienne et rend même compte au ministère de la Santé, comme l’exige la loi ».
Dans le cadre de sa « vision » d’un « avenir sans cigarettes », Philip Morris a déclaré qu’il ne cherchait pas à générer de nouveaux fumeurs et qu’il encourageait les fumeurs existants à se défaire de leur dépendance en utilisant leur gamme de cigarettes électroniques.
« Grâce à la détermination et à la persévérance de centaines de scientifiques, d’ingénieurs et de techniciens, et à un investissement de plus de neuf milliards de dollars dans l’innovation scientifique, nous sommes sur la bonne voie pour concrétiser cette vision. »
« Aujourd’hui, près de 19 millions de fumeurs adultes dans le monde utilisent les produits électroniques révolutionnaires que nous avons mis au point. La grande majorité de ces personnes (13,5 millions) ont complètement arrêté de fumer des cigarettes », a déclaré la société.
Les chercheurs de l’université hébraïque ont insisté sur le fait que le seul moyen d’empêcher le géant du tabac de continuer à exploiter les lacunes de la loi, et de former une nouvelle génération de fumeurs, était d’instaurer une interdiction générale de toutes les publicités liées au tabac, « combinée à une application stricte de la législation ».
La population haredit a été ciblée par 55 % des dépenses marketing totales de Philip Morris pour les cigarettes électroniques, soit moins que pour les cigarettes traditionnelles. Toutefois, les ultra-orthodoxes restaient le principal marché cible du marketing des cigarettes électroniques, 39 % étant destinés aux russophones et 6 % à la population arabe.