Plainte de cinq Gazaouis contre Berlin pour ventes d’armes à Israël
Les cinq Palestiniens sont représentés à Berlin par l'ECCHR, soutenu par trois ONG palestiniennes, le Centre palestinien pour les droits de l'Homme, le Centre Al Mezan, tous deux à Gaza et Al Haq à Ramallah
Cinq Palestiniens habitant la bande de Gaza ont porté plainte contre le gouvernement allemand qui a autorisé la vente d’armes à Israël, a déclaré vendredi à l’AFP le tribunal administratif de Berlin.
La plainte est parvenue jeudi, a précisé la porte-parole de cette instance, confirmant un article de l’hebdomadaire allemand Der Spiegel.
Les cinq Palestiniens, domiciliés dans différentes parties de la bande de Gaza, notamment à Rafah, ont tous perdu des membres de leur famille dans des tirs de missiles israéliens, selon le Centre européen pour les droits constitutionnels (ECCHR) qui les représente à Berlin.
Ils ont engagé des poursuites contre le gouvernement allemand, représenté par le ministère de l’Économie, car il a autorisé la livraison de 3 000 armes antichars à Israël.
Les cinq Palestiniens veulent que ces livraisons soient déclarées illégales et demandent qu’elles soient stoppées si elles sont en cours.
Actuellement, la plainte est transmise au ministère allemand de l’Économie qui a un délai de deux semaines après sa réception pour se prononcer.
La guerre à Gaza a éclaté lorsque le Hamas a envoyé 3 000 terroristes armés en Israël, le 7 octobre, pour mener une attaque brutale au cours de laquelle ils ont tué près de 1 200 personnes. Les terroristes ont également pris en otage 253 personnes, pour la plupart des civils, et les ont emmenées à Gaza. Israël a réagi en lançant une campagne militaire dont l’objectif vise à détruire le Hamas, à l’écarter du pouvoir à Gaza et à libérer les otages.
Les cinq Palestiniens sont représentés à Berlin par l’ECCHR, soutenu par trois ONG palestiniennes, le Centre palestinien pour les droits de l’Homme (PCHR), le Centre Al Mezan (toutes deux à Gaza) et Al Haq à Ramallah.
Dans un communiqué diffusé par l’ECCHR, son secrétaire général, Wolfgang Kaleck, a déclaré : « L’Allemagne ne peut pas rester fidèle à ses valeurs si elle exporte des armes pour une guerre où il est évident que de graves violations du droit international humanitaire sont commises ».
L’ECCHR juge plausible que l’Allemagne viole ses obligations en matière de droit international.
Les plaignants invoquent, entre autres, la Convention des Nations unies sur le génocide de 1948, établie à la suite de l’Holocauste, les Conventions de Genève et les droits de l’Homme.
L’Allemagne est un fervent défenseur d’Israël car elle estime avoir une responsabilité particulière envers ce pays après le massacre de six millions de juifs par les nazis pendant la Shoah.
Elle est, derrière les Etats-Unis, le deuxième fournisseur d’armes à Israël : entre 2019 et 2023, 30 % des armes livrées à ce pays provenaient d’Allemagne, selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri).
Depuis lundi, l’Allemagne fait face à des accusations du Nicaragua devant la plus haute juridiction de l’ONU. Cet Etat d’Amérique centrale considère en effet que Berlin « facilite la commission d’un génocide » contre les Palestiniens avec son soutien militaire et politique à Israël.