Plan de réadaptation des prostituées au point mort pour un retard de financement
Selon un journal, le ministère des Affaires sociales n'a pas encore entièrement débloqué l'argent reçu en avril, alors qu'une nouvelle loi sur les travailleurs du sexe se profile
Un plan gouvernemental de réadaptation des travailleuses et travailleurs du sexe n’a pas encore été mis en œuvre, car la majeure partie du financement du programme n’a pas été versée, selon un article du journal publié dimanche.
Ce projet, élaboré par de nombreux ministères et approuvé en janvier, prévoyait la création de foyers de groupe et de programmes de réinsertion pour les prostituées, l’expansion des établissements médicaux dédiés et la création de plans éducatifs visant notamment la santé sexuelle et la lutte contre les abus, entre autres.
Son approbation est intervenue peu après l’adoption par la Knesset d’une loi pénalisant les clients des prostituées.
Selon le quotidien Haaretz, le ministère des Affaires sociales – qui est chargé de gérer le budget annuel de 30 millions de shekels (7,5 millions d’euros) du plan – n’a reçu les fonds du ministère des Finances que quatre mois après son approbation, soit en avril. Elle n’a commencé à transférer une partie des fonds au ministère de la Santé qu’il y a deux semaines et n’a pas encore envoyé d’argent au ministère de l’Éducation, qui participent également au programme.
En raison des retards budgétaires, les ministères responsables de la mise en œuvre du plan ne l’ont pas encore fait.
« Le budget du ministère des Affaires sociales n’a pas été transféré au ministère de l’Éducation. Dès sa réception, le ministère est prêt à mettre en œuvre les décisions », a déclaré le journal en citant des sources du ministère de l’Éducation.
Le ministère des Affaires sociales a déclaré que la planification du programme avait été retardée parce que le ministère des Finances avait attendu jusqu’en avril pour transférer l’argent. Le Trésor a rejeté la faute et a déclaré que le ministère des Affaires sociales avait reçu l’argent il y a plusieurs mois, selon le rapport.
La Coalition contre la prostitution en Israël, qui regroupe des organisations gouvernementales et non gouvernementales, s’est dite préoccupée par le fait que les retards de financement pourraient retarder l’entrée en vigueur, en juillet 2020, de la loi pénalisant les clients des prostituées.
« Nous nous attendions à ce que l’on comprenne qu’il s’agit d’un besoin urgent, mais même si le ministère des Finances a transféré le budget, le ministère des Affaires sociales ne l’utilise pas », a déclaré Nitzan Kahane, un membre de la coalition, à Haaretz.
Le but de ce plan était d’aider les travailleuses et travailleurs du sexe à trouver d’autres moyens de subsistance, dans le cadre de la législation qui criminalisera le fait de se procurer les services d’une prostituée.
Bien que le proxénétisme, le trafic sexuel et l’exploitation d’une maison close soient punis par la loi israélienne en vigueur, la prostitution elle-même reste légale.
En 2016, le ministère de la Protection sociale a estimé qu’il y avait environ 12 000 travailleuses et travailleurs du sexe dans l’industrie du sexe du pays, soit l’équivalent de 1,2 milliard de shekels (300 millions d’euros). Selon ce rapport, 71 % des prostituées ont déclaré avoir commencé à se prostituer pour des raisons financières catastrophiques et 76 % qu’elles quitteraient l’industrie si elles pouvaient.
L’idée d’interdire les clients et les proxénètes, mais pas la prostitution, a été introduite pour la première fois par la Suède dans sa loi de 1999 sur le sexe tarifé – Sex Purchase Act – adoptée depuis par la Norvège, l’Islande, le Canada, la France et l’Irlande du Nord – qui oblige les clients à payer une amende sinon à encourir un emprisonnement maximal de six mois.
Défendant la contradiction apparente qui consiste à pénaliser les clients, mais à légaliser la prostitution, la Suède a soutenu que la prostitution est essentiellement un acte d’exploitation et de violence de la part des clients, qui occupent une position de pouvoir et devraient supporter le plus gros de la peine.