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Plan Trump: 3 pans de terre israéliens pour la Palestine et 5 autres points-clés

Plan Trump méconnu: libération de prisonniers palestiniens, don à la "Palestine" d'une bande de terre à la frontière égyptienne et peut-être, prière des Juifs sur le mont du Temple

Vue de la zone frontalière entre Israël et l'Égypte depuis la route 10, au sud d'Israël, le 5 décembre 2018. (Yossi Zeliger/Flash90)
Vue de la zone frontalière entre Israël et l'Égypte depuis la route 10, au sud d'Israël, le 5 décembre 2018. (Yossi Zeliger/Flash90)

L’administration Trump a publié la semaine dernière son plan de paix, longtemps retardé, très discuté et très controversé, sous les acclamations massives des Israéliens et les protestations retentissantes des Palestiniens.

Ses principaux points sont désormais bien connus. Si elle est mise en œuvre, la proposition cédera à Israël quelque 30 % de la Cisjordanie, y compris la vallée du Jourdain. Un futur État palestinien sur les 70 % restants disposera d’une souveraineté restreinte, surtout en ce qui concerne sa défense, Israël gardant le contrôle de la sécurité de l’espace aérien de la Cisjordanie et des passages frontaliers vers la Jordanie.

Il n’y aurait pas de droit au retour pour les réfugiés ou les descendants de réfugiés palestiniens en territoire israélien, et une capitale palestinienne serait déclarée à Jérusalem-Est, mais seulement dans ses sections les plus à l’est qui se trouvent en dehors de la barrière de sécurité israélienne, dont certaines, comme Abu Dis, sont considérées comme faisant partie de Jérusalem par les Palestiniens, mais pas par les Israéliens. En attendant, les Palestiniens devront reconnaître Israël comme un État-nation juif.

Tout cela a suffi à de nombreux observateurs et experts pour qualifier la proposition américaine comme la plus favorable à Israël en 27 ans d’histoire du processus de paix.

Le président américain Donald Trump (à droite) et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu participent à une conférence commune dans l’East Room de la Maison Blanche, le 28 janvier 2020 à Washington DC. (Sarah Silbiger/Getty Images/AFP)

Les Palestiniens affirment depuis longtemps que les lignes d’avant 1967 devraient servir de base pour entamer des négociations en vue d’une solution à deux États avec Jérusalem-Est comme capitale palestinienne. La nouvelle carte repousse ces frontières profondément en Cisjordanie et accepte de nombreuses demandes israéliennes de longue date considérées comme essentielles à tout accord de paix – comme la démilitarisation de la Palestine. L’administration Trump a fait valoir que sa nouvelle carte reconnaît les réalités sur le terrain de l’expansion des implantations israéliennes et les besoins de sécurité – et pourrait constituer la « dernière chance » pour les Palestiniens d’empêcher Israël de « s’étendre » davantage et de se doter d’un État.

En même temps, la discussion autour de la proposition américaine a parfois négligé certaines de ses principales stipulations et suggestions – certaines d’entre elles favorables à Israël, mais pas toutes. Il s’agit notamment du réexamen de l’interdiction de la prière juive sur le mont du Temple, ultra-sensible, de l’idée d’un remaniement profondément controversé d’une poignée de villes arabes israéliennes adjacentes à la Cisjordanie vers le nouvel État palestinien, du transfert d’une partie du territoire israélien au sud de la Cisjordanie vers l’État palestinien, de la libération de nombreux prisonniers palestiniens des prisons israéliennes et d’une nouvelle partie de l’État palestinien, de forme étrange, qui s’étend sur près de la moitié de la longueur de la frontière entre Israël et l’Égypte – mais qui ne touche pas la frontière, qui reste sous contrôle israélien.

1. Prière sur le mont du Temple

Le plan Trump semble à la fois soutenir et rejeter la prière juive sur le mont du Temple, une contradiction que les responsables de l’administration Trump ont tenté d’expliquer en disant que la prière juive ne serait autorisée que par « l’accord de toutes les parties ».

Des hommes musulmans assistent à la prière du vendredi sur le mont du Temple dans la Vieille Ville de Jérusalem, le 31 janvier 2020. (Ahmad Gharabli/AFP)

Le plan américain prévoit le maintien du « statu quo » vieux de plusieurs décennies sur le mont du Temple – selon lequel seuls les musulmans peuvent prier sur le site, tandis que les Juifs ne sont autorisés qu’à des visites restreintes – mais semble se contredire en affirmant que : « Les personnes de toute confession devraient être autorisées à prier sur le mont du Temple/Haram al-Sharif, d’une manière qui soit pleinement respectueuse de leur religion, en tenant compte des horaires des prières et des fêtes de chaque religion, ainsi que d’autres facteurs religieux ».

La situation du lieu le plus saint du judaïsme et troisième lieu saint de l’islam est extrêmement sensible.

La proposition a déjà suscité la colère et même une mise en garde voilée de la part de la Jordanie, depuis longtemps « gardienne » du site.

Des groupes religieux juifs israéliens de droite ont récemment tenté de prier au mont du Temple et ont accru leur présence sur le site. Les Palestiniens et les autorités jordaniennes se sont opposés à ces visites, qu’ils considèrent comme des provocations, et ont exprimé leur inquiétude quant à l’intention d’Israël de s’emparer du site ou de le partager. Le gouvernement israélien a déclaré à plusieurs reprises qu’il n’avait pas l’intention de modifier les aménagements.

Illustration : Des Israéliens passent devant le Dôme du Rocher dans l’enceinte du Mont du Temple à Jérusalem, le 2 juin 2019. (AP Photo/Mahmoud Illean)

2. Les Arabes israéliens réinstallés en Palestine

L’administration Trump a fourni deux cartes avec sa proposition, mais n’a pas délimité l’actuelle ligne verte sur les cartes, ce qui laisse planer quelques doutes sur la façon dont les nouvelles lignes se comparent aux lignes existantes.

Carte conceptuelle de la Vision pour la paix, publiée par l’administration Trump le 28 janvier 2020.

Ceux qui ont superposé les cartes Trump à la situation actuelle et lu attentivement la « Vision » de l’administration pourraient mieux comprendre deux éléments inattendus du plan : parler de la possible remise de plusieurs villes israéliennes à forte population arabe dans le nord au futur État palestinien, ainsi que de la réaffectation à une future Palestine d’une importante étendue de désert semi-aride près d’Arad.

La section en vert foncé de la carte jointe au tweet ci-dessus indique les zones qu’Israël cédera aux Palestiniens.

Les zones les plus controversées sont, sans surprise, celles qui sont peuplées de citoyens israéliens. Le plan envisage une éventuelle division ethnique de la terre – le noyau des plans de partage internationaux du passé, mais une idée qui a été qualifiée de raciste lorsqu’elle a été appliquée par l’Israël actuel à sa minorité arabe.

Le plan suggère que des villes entières, y compris Umm al-Fahm, Arare et d’autres dans la zone dite du « Triangle » adjacente au nord de la Cisjordanie, pourraient être remises à l’État palestinien, mais ne précise pas explicitement si les habitants de ces villes verraient leur citoyenneté israélienne révoquée au profit d’une citoyenneté palestinienne. Les conseillers du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ont rejeté dimanche l’idée de la requalification.

3. Le développement du sud de la Cisjordanie

La zone vert foncé située juste en dessous de la Cisjordanie comprend un désert semi-aride, et abrite aujourd’hui une population bédouine clairsemée et quelques espaces d’entraînement militaire.

Elle représente un tiers du territoire israélien destiné à des échanges de terres avec la future Palestine, pour compenser les 30 % du territoire de Cisjordanie – incluant notamment la vallée du Jourdain et toutes les implantations – qui seront annexés par Israël avec le soutien américain.

Les deux autres parties du territoire israélien à échanger se trouvent toutes deux dans le Néguev, près de la frontière entre Israël et l’Égypte.

Une vue de l’implantation de Maale Adumim en Cisjordanie, 28 janvier 2020. (Menahem Kahana/AFP)

4. Des lignes dans le sable

L’un de ces deux morceaux du Néguev est destiné à devenir une grande zone industrielle palestinienne. L’autre est prévue comme une zone résidentielle et agricole encore plus au sud. Toutes deux se situent sur une bande du futur territoire palestinien rattachée par une fine ligne à la bande de Gaza ; cette ligne de nouvelles zones palestiniennes s’étend sur près de la moitié de la longueur de la frontière israélo-égyptienne, mais ne touche pas cette dernière, où une étroite bande tenue par les Israéliens contrôle la frontière dégagée jusqu’à Gaza.

Interrogé sur la faisabilité de ce tronçon, l’architecte en chef du plan, Jared Kushner, a déclaré samedi au média égyptien El Hekaya : « Nous avons l’un des plus grands promoteurs du Moyen-Orient qui, nous l’espérons, annoncera bientôt qu’il nous aidera à réaliser un plan directeur pour les nouveaux ajouts à Gaza ».

Il n’a pas nommé le promoteur, mais a expliqué que celui-ci contribuerait à établir une zone industrielle de produits manufacturés high-tech et une zone agricole résidentielle pour les Palestiniens dans les deux poches.

La frontière d’Israël avec la péninsule du Sinaï en Égypte. (Judah Ari Gross/Times of Israel)

5. Les dissimulations

La Maison Blanche a fait l’éloge de son plan en disant qu’il place quelque 97 % des Israéliens vivant en Cisjordanie dans le territoire israélien contigu et quelque 97 % des Palestiniens de Cisjordanie dans le territoire palestinien contigu.

Par « contigu », les responsables de l’administration Trump entendent une série de « ponts et tunnels » prévus dans le plan qui permettrait aux Palestiniens et aux Israéliens de voyager l’un au-dessus et au-dessous de l’autre entre les zones appartenant à leurs États respectifs sans avoir à passer par les points de contrôle israéliens ou à contourner les enclaves de l’autre côté, a expliqué Kushner samedi.

Mais certains observateurs ont noté que la « carte conceptuelle » américaine fournie avec le plan de paix avait été dessinée dans un souci de clarté plutôt que de détail, et place de grands symboles de passages circulaires aux endroits où ces ponts et tunnels seraient placés – couvrant ainsi leur emplacement réel et une grande partie des zones environnantes où le plan prévoit leur construction.

Avec ses lignes épaisses, la carte est tout aussi vague sur l’interconnexion palestinienne que sur la façon dont les Israéliens accéderont aux 15 enclaves israéliennes qui les obligent à traverser les zones palestiniennes.

Carte conceptuelle de la Vision pour la paix publiée par l’administration Trump, le 28 janvier 2020.

En tant que tel, le plan ne précise pas exactement combien de passages devraient être construits, quelle serait leur longueur et où ils pourraient créer des goulets d’étranglement pour la circulation des personnes et des marchandises à l’intérieur d’un État palestinien « contigu ».

6. Libérer les prisonniers, mais pas les assassins

Dans une dernière clause, largement négligée, le plan demande également que les prisonniers palestiniens soient libérés des prisons israéliennes, sauf ceux qui sont condamnés pour meurtre, tentative de meurtre ou conspiration de meurtre, ou ceux qui sont citoyens israéliens.

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