« Plus jamais. Jusqu’à l’an prochain » : Nike s’excuse après un tollé
La marque a expliqué sa bannière par son intention de motiver les marathoniens de Londres ; des personnalités juives sont choquées qu'aucun employé n'ait réalisé que cela banalisait la Shoah

JTA — Le fabricant de baskets Nike a présenté ses excuses pour avoir utilisé la phrase « Never Again » (« Plus jamais ») sur un panneau publicitaire placé le long du parcours du marathon de Londres dimanche dernier.
Les détracteurs de cette bannière, qui arbore les mots « Never Again. Until Next Year » (« Plus jamais. Jusqu’à l’an prochain ») en lettres majuscules noires sur un fond rouge, ont vivement critiqué l’entreprise pour avoir utilisé une expression souvent employée par les Juifs et d’autres communautés pour rappeler les leçons de la Shoah.
« Le fait que @Nike puisse minimiser la Shoah en utilisant des visuels rappelant le rouge hitlérien dans un monde post-7 octobre est stupéfiant », a écrit l’investisseur juif américain militant Bill Ackman sur le réseau social X.
« Je ne crois pas une seule seconde qu’il y ait eu de mauvaise intention, mais comprenez bien l’inquiétude que suscite l’utilisation des mots ‘Never Again’, ce qu’ils représentent et pourquoi cela était de mauvais goût », a écrit sur X l’avocat et militant pro-Israël Me Arsen Ostrovsky.
Dans ses excuses, recueillies par The Forward, Nike explique que cette affiche temporaire faisait partie d’une campagne visant à « motiver les coureurs » et que le texte s’inspire d’expressions couramment utilisées par les amateurs de course à pied. Cette expression fait référence aux coureurs qui jurent souvent de ne plus jamais courir après avoir terminé une longue course, avant de finalement se remettre en selle.
« Nous n’avions aucune intention de nuire et nous présentons nos excuses pour tout préjudice causé », a déclaré la société.

Nike n’est pas la première enseigne à susciter la controverse pour avoir utilisé un terme courant qui, depuis au moins les années 1960, est associé à des appels à empêcher une nouvelle Shoah. En 2018, les survivants de la fusillade meurtrière dans une école de Parkland, en Floride, avaient utilisé le hashtag « #NeverAgain » pour promouvoir leur campagne nationale en faveur du contrôle des armes à feu. Cette expression a également été utilisée lors de manifestations contre le décret anti-musulmans de Donald Trump au cours de son premier mandat en tant que président des États-Unis, mais aussi pour rendre hommage aux personnes internées pendant la Seconde Guerre mondiale ou encore pour rappeler la loi d’exclusion des Chinois de 1882.
Dans certains cas, les personnes qui ont adopté ces symboles faisaient au moins directement ou indirectement référence à la Shoah et utilisaient « Plus jamais ça » comme une injonction à ne pas répéter les actes qui mènent à l’intolérance et au génocide.
Dans le magazine conservateur britannique The Spectator, le chroniqueur Jonathan Sacerdoti a déclaré avoir été stupéfait à la vue de cette affiche à Londres.
« Il aurait suffi d’un regard averti, d’une seule voix, d’un seul ‘lecteur sensible’ pour soulever une objection courtoise », a écrit Sacerdoti, dont la chronique de la semaine dernière était consacrée à la mémoire de la Shoah.
« Aucun Juif n’a-t-il suggéré que cela pourrait être inapproprié ? Aucun non-Juif, ayant une connaissance de l’histoire ou une conscience du climat actuel, ne l’a-t-il signalé ? Si ce n’est pas le cas, pourquoi ? Était-ce par ignorance, par négligence ou par une glaciale indifférence ? Quoi qu’il en soit, le résultat est insultant et profondément déplaisant. »