Plusieurs pays convoquent les envoyés d’Iran après l’attaque contre Israël
Le Royaume-Uni, la France, la Jordanie, l'Allemagne, la République tchèque et la Belgique ont convoqué les chefs des missions diplomatiques iraniennes pour protester contre l'attaque de l'Iran contre Israël
Le ministère britannique des Affaires étrangères a convoqué dimanche le chargé d’affaires de l’ambassade iranienne à Londres pour lui passer les mêmes messages et condamner « dans les termes les plus forts l’attaque directe et sans précédent de l’Iran contre Israël », a indiqué le Foreign Office dans un communiqué.
« Le Royaume-Uni condamne avec la plus grande fermeté l’attaque directe et sans précédent de l’Iran contre Israël, ainsi que la violation de l’espace aérien de la Jordanie et de l’Irak. À un moment de grande tension au Moyen-Orient, il s’agit d’une escalade profondément dangereuse et inutile de la part de l’Iran », a déclaré le ministère.
Londres a confirmé que la Royal Air Force avait intercepté des drones iraniens.
Le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné a annoncé dimanche faire convoquer lundi l’ambassadeur d’Iran en France pour « passer un message de fermeté » après les frappes iraniennes menées dans la nuit de samedi à dimanche contre Israël.
« J’ai demandé aux services du ministère des Affaires étrangères de convoquer l’ambassadeur d’Iran pour passer » ce « message de fermeté », a déclaré dimanche le ministre sur la télévision publique France 2.
« Il ne faut pas inverser les responsabilités, a-t-il ajouté. « C’est les Iraniens qui ont attaqué Israël. (…) Ca fait maintenant depuis 1979 que l’Iran a mis au cœur de sa diplomatie la haine contre Israël. »
Le porte-parole de Tsahal, le contre-amiral Daniel Hagari, a confirmé dimanche matin que la France avait pris part à la défense d’Israël, tout en précisant qu’il ne disposait pas de détails exacts sur la question de savoir si les avions français avaient abattu l’un ou l’autre des missiles lancés par l’Iran.
« La France dispose d’une très bonne technologie, d’avions à réaction, de radars, et je sais qu’elle a participé à la patrouille de l’espace aérien », a-t-il déclaré.
La France a intercepté plusieurs de ces projectiles afin de protéger les bases françaises dans la région, en Jordanie, aux Emirats arabes unis ou en Irak, a expliqué le ministre.
« Nous avons pris nos responsabilités parce que nous sommes acteurs de la sécurité régionale », a déclaré M. Séjourné.
« L’attaque iranienne ne mettait pas seulement en cause Israël, mais elle portait également atteinte à la sécurité de nos forces et violait l’espace aérien de nos partenaires arabes », a-t-il poursuivi, appelant à « la désescalade » dans la région.
J’ai convoqué l’ambassadeur d’Iran en France demain.
Notre message doit être celui de la fermeté, pour assurer la désescalade. pic.twitter.com/X2k2vRZ7Hq
— Stéphane Séjourné (@steph_sejourne) April 14, 2024
Parallèlement, le ministre jordanien des Affaires étrangères, Ayman Safadi, a déclaré que son pays avait convoqué l’ambassadeur iranien pour protester contre les remarques de l’Iran qui constituaient une ingérence dans les affaires intérieures du royaume.
Dans des remarques faites à la chaîne publique Mamlaka, Safadi a fait référence à des commentaires parus ces derniers jours dans les médias officiels iraniens, qui avertissaient que la Jordanie serait la prochaine cible, au cas où elle coopérerait avec Israël dans l’interception d’une attaque iranienne.
Alors que les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France sont des alliés militaires d’Israël, l’aide apportée par la Jordanie pour repousser l’attaque iranienne a constitué une démonstration spectaculaire du soutien d’Amman, qui a fortement critiqué la poursuite par Israël de sa guerre à Gaza contre le Hamas.
Deux sources de sécurité régionales ont déclaré que l’armée de l’air jordanienne avait intercepté et abattu des dizaines de drones iraniens qui avaient violé son espace aérien et se dirigeaient vers Israël.
Le ministre tchèque des Affaires étrangères Jan Lipavsky a décidé lundi de convoquer l’ambassadeur iranien.
« La diplomatie tchèque a fait comprendre à l’Iran qu’il avait franchi toutes les limites en attaquant Israël » et qu’il « met en danger la situation sécuritaire dans la région », a déclaré Jan Lipavsky sur le réseau social X.
La République tchèque, membre de l’UE et de l’Otan, est historiquement l’un des plus solides alliés d’Israël en Europe.
Alors que M. Lipavsky avait fustigé le « comportement agressif sur le long terme » de Téhéran après son attaque de missiles et de drones visant Israël, le Premier ministre tchèque Petr Fiala avait indiqué « soutenir fermement Israël et son droit à se défendre ».
M. Lipavsky a également écrit sur X que Téhéran agissait « avec l’approbation tacite de ses amis russes ».
La Belgique qui a condamné dimanche par la voix de son Premier ministre l’attaque perpétrée par l’Iran contre Israël a décidé lundi de convoquer l’ambassadeur iranien à Bruxelles, a annoncé le ministère belge des Affaires étrangères.
L’ambassadeur, Seyed Mohammad Ali Robatjazi, a été convoqué au ministère où lui a été transmise « la ferme condamnation par la Belgique de l’attaque de l’Iran contre Israël », selon un communiqué.
« Notre pays appelle toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue. Une escalade régionale est absolument à éviter », a ajouté le ministère.
Téhéran avait annoncé plus tôt avoir convoqué les ambassadeurs du Royaume-Uni, de France et d’Allemagne pour protester contre « les positions irresponsables de certains responsables de ces pays concernant la réponse de l’Iran à la série d’actions du régime sioniste contre les ressortissants et les intérêts de notre pays », selon un communiqué de Téhéran publié par l’agence officielle Irna.
L’Allemagne a annoncé lundi avoir convoqué aussi l’ambassadeur iranien en réaction à cette mesure de Téhéran.
« Je peux vous confirmer que l’ambassadeur iranien a été convoqué ce matin au ministère des Affaires étrangères et que les discussions sont en cours », a précisé un porte-parole du ministère lors d’une conférence de presse régulière à Berlin.
Dimanche, Tsahal a déclaré que l’attaque iranienne, la première attaque directe de la République islamique contre Israël, comprenait quelque 170 drones, 30 missiles de croisière et 120 missiles balistiques. Hagari a déclaré dimanche que 99 % des quelque 300 projectiles tirés par l’Iran sur Israël au cours de la nuit avaient été interceptés par les défenses aériennes.
Selon Hagari, la plupart des missiles ont été interceptés par le système de défense aérienne à longue portée Arrow, et ont été abattus pour la plupart en dehors de l’espace aérien israélien, a-t-il précisé, ajoutant que des avions de chasse avaient également intercepté des dizaines de missiles de croisière et des dizaines de drones.
Certains des missiles ont réussi à contourner les défenses israéliennes et ont touché la base aérienne de Nevatim, dans le sud d’Israël. Hagari a déclaré que certaines infrastructures de Nevatim avaient été légèrement endommagées, mais que la base aérienne fonctionnait normalement.
L’Iran a dit à la tribune de l’ONU n’avoir « pas eu d’autre choix que d’exercer son droit à l’autodéfense » en lançant des centaines de drones et de missiles vers Israël.
Cette attaque sans précédent, baptisée « Promesse honnête », a été déclenchée dans la nuit de samedi à dimanche, en riposte à une frappe imputée à Israël contre une annexe du consulat d’Iran à Damas le 1er avril. qui a tué 12 personnes, dont deux généraux iraniens de haut rang de la force d’élite des Gardiens de la révolution, la Force Qods. Elle fait craindre un embrasement régional, en pleine guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza.