Polémique après la découverte d’écrits antisémites dans une église de Bruxelles
En cause : une légende remontant au 14e siècle inscrite sur les vannes officielles de l’église et selon laquelle des Juifs auraient volé des hosties
« Exclu : À l’Église Sainte-Catherine (Bruxelles), l’antisémitisme colle comme un sparadrap » : c’est par ce titre que le blogueur et écrivain belge bruxellois francophone Marcel Sel alertait le 3 août dernier sur la présence d’écrits antisémites dans un édifice religieux de sa ville.
En cause : une légende remontant au 14e siècle inscrite sur les vannes officielles de l’église.
Selon l’histoire, des hosties ont été volées en 1369 par des Juifs. Celles-ci sont ensuite devenues rouge sang, ce qui fut interprété comme un miracle et une manifestation du Christ. La (re)découverte du panneau blasphématoire à l’encontre des Juifs a causé la polémique, conduisant les journaux locaux à en parler, à l’instar du quotidien régional La Capitale.
« En avril 1370, [les hosties] seront violemment transpercées à coups de couteaux dans une synagogue de Bruxelles : du sang en jaillira miraculeusement, sous les yeux des profanateurs ébahis », peut-on lire sur la pancarte de l’église. Un présumé vol entouré de mystère et présenté sur la pancarte comme tout à fait véridique qui a à l’époque justifié l’assassinat et l’expulsion de Juifs.
En cause également : la vente d’un pamphlet antisémite consacré à cette légende à l’accueil de l’église. Intitulé Le très saint Sacrement du Miracle, un miracle eucharistique à Bruxelles méconnu, le livre « accable les Juifs bruxellois de l’époque » et « pérennise le vieil antijudaïsme catholique » selon Marcel Sel. Ecrit par Véronique Hargot-Deltenre, l’ouvrage a été publié par un groupe « proche d’une congrégation plutôt radicale ».
L’épiscopat serait au courant de l’existence du pamphlet et des problèmes posés depuis déjà plusieurs mois. Le 23 mai 2018, la page Facebook de la Commission nationale catholique pour les relations avec le monde juif publiait le message suivant : « Même si l’intention, louable, de l’auteure est de nourrir la ferveur et la dévotion eucharistique, son ouvrage contribue à remettre en avant, comme parfaitement authentiques, des phénomènes hautement douteux liés à des événements qui sont, eux, malheureusement authentiques, à savoir la mise à mort, en 1370, de plusieurs Juifs bruxellois et l’expulsion d’un certain nombre de Juifs de la ville. »
La page ajoutait : « Quelque bonnes qu’aient pu être les intentions qui ont présidé à la rédaction de ce livre, sa publication est donc gravement inopportune, car elle risque de raviver l’antique hostilité anti-juive dont beaucoup de chrétiens ne sont pas débarrassés et ainsi de nourrir un antisémitisme que l’Église ne peut que combattre résolument. »
Un message auquel l’auteur du livre a répondu : « Halte à cette auto-flagellation. Pourquoi ne pas évoquer tout le bien fait aux juifs et dit des/aux juifs par l’Église et ses fidèles, même avant le concile [de Latran, qui a imposé des discriminations envers les Juifs] ? Quid des persécutions juives contre des chrétiens ? Quid des attaques de juifs contre des processions du Saint-Sacrement et des crucifix historiquement attestées au moyen-age (sic) ? »
L’affiche n’a pas été retirée et le pamphlet serait toujours en vente dans l’église. La Commission nationale catholique pour les relations avec le monde juif n’a pas réagi à la récente polémique.