Pologne : un élu visé par une enquête après avoir éteint une ménorah avec un extincteur
Le président de la chambre basse du Parlement qui a exclu temporairement Grzegorz Braun de la séance plénière, a estimé que l'incident "s'inscrivait clairement dans l'agenda russe"
Les procureurs polonais ont annoncé mercredi l’ouverture d’une enquête contre un député d’extrême droite qui a éteint les flammes d’une ménorah allumée à l’occasion d’une cérémonie d’allumage pour Hanoukka au Parlement en vidant un extincteur dessus, au lendemain de cet incident largement condamné par la classe politique.
Le député du parti ultra-nationaliste « Confédération », Grzegorz Braun, a utilisé mardi soir un extincteur pour éteindre une ménorah, un chandelier à sept branches, symbole du judaïsme, qui était illuminé dans le hall du Parlement.
Cet incident a été condamné par les principaux partis politiques tout comme par le nouveau Premier ministre polonais, Donald Tusk, qui a dénoncé un acte « inacceptable. »
Le bureau du Parlement a annoncé mercredi dans un communiqué que le président polonais Andrzej Duda participerait jeudi à une cérémonie au cours de laquelle les bougies de la ménorah d’Hanouka seront allumées.
Far-right Poland’s MP Grzegorz Braun used a fire extinguisher to put out a Hanukkah menorah in the parliament building. pic.twitter.com/WOn43bizIU
— Olia (@OliaOnX) December 12, 2023
Le bureau du procureur a annoncé dans un communiqué avoir ouvert une enquête sur l’incident et être en train de « réunir les preuves » sur ce cas.
Le président de la chambre basse du Parlement, Szymon Holownia, qui a exclu temporairement M. Braun de la séance plénière, a estimé que l’incident « s’inscrivait clairement dans l’agenda russe ».
Cet « acte d’une absolue agressivité, stupidité et bestialité qui a eu lieu hier (…) arrange clairement les ennemis de la Pologne », a-t-il ajouté.
La Pologne est l’un des plus fervents soutiens de l’Ukraine dans sa lutte contre l’agression russe et le nouveau Premier ministre a appelé à redoubler l’aide destinée à Kiev.
Marek Sawicki, député du bloc « Troisième Voix » membre de la coalition gouvernementale, a lui aussi estimé que l’incident survenu au Parlement n’était pas « un acte isolé ».
« C’était une mission dictée directement depuis le Kremlin, (…) qui avait pour but de nuire à l’image de la Pologne sur la scène internationale », a-t-il dit sur les ondes de la radio nationale.
M. Braun, un député ultra-nationaliste connu pour ses actes antisémites dans le passé et ses déclarations anti-ukrainiennes, avait déjà été sanctionné financièrement et exclu du Parlement.
Les députés débattaient du nouveau gouvernement quand l’incident s’est produit, retardant le vote de confiance du cabinet dirigé par M. Tusk qui avait annoncé plus tôt à la tribune son soutien à l’Ukraine.
« C’était un message fort envoyé à Moscou et littéralement quelques heures plus tard, on a tenté de discréditer la position de la Pologne dans le monde », a déclaré Pawel Kowal, un député de la Coalition Civique de M. Tusk.