Pompeo : Washington « envisage » d’interdire les applis chinoises
Une loi chinoise ultra-controversée serait notamment à l'origine de cette annonce
Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a déclaré lundi sur la chaîne Fox News que les Etats-Unis « envisageaient » d’interdire les applications chinoises telles que TikTok, propriété du groupe ByteDance, dans un contexte de nouvelles tensions entre les Etats-Unis et la Chine.
Des responsables américains ont fait part de leur préoccupation sur la gestion par TikTok des données de ses utilisateurs. Ils craignent que la Chine contraigne les entreprises chinoises à collaborer avec la collecte d’informations des services du renseignement contrôlés par le Parti communiste chinois.
TikTok a annoncé arrêter ses opérations à Hong Kong d’ici quelques jours après que Pékin y a imposé la semaine dernière une nouvelle loi de sécurité nationale controversée. Plusieurs pays, dont la Grande-Bretagne et les États-Unis, l’ont vivement dénoncée.
De nombreux Hongkongais se méfiaient pourtant de cette plateforme qui est la propriété de Chinois.
ByteDance a toujours nié partager les données des utilisateurs avec les autorités chinoises et affirmé qu’il n’avait pas l’intention de commencer à le faire.
Depuis son entrée en vigueur, il y a une semaine, nombre de Hongkongais se sont dépêchés d’effacer les traces informatiques de leur engagement pro-démocratie.
Les géants américains des réseaux sociaux, Facebook, Google et Twitter, ont eux rapporté qu’ils ne répondaient plus aux demandes d’informations sur leurs utilisateurs émanant du gouvernement et des autorités de Hong Kong.
Facebook et sa messagerie WhatsApp, ainsi que Twitter et Google ont déclaré à l’AFP qu’ils ne feraient pas suite aux demandes émanant du gouvernement Hongkongais dans le futur immédiat.
« Nous pensons que la liberté d’expression est un droit humain fondamental et soutenons le droit des personnes à s’exprimer sans craindre pour leur sécurité et sans redouter d’autres répercussions », a indiqué un porte-parole de Facebook.
Twitter a fait part à l’AFP de ses « graves inquiétudes » concernant cette loi.
Dans le même temps, un document de 116 pages a été publié par le gouvernement hongkongais, qui confère, en vertu de la nouvelle loi sur la sécurité nationale, plus de pouvoirs à la police, notamment en matière de surveillance.
Cette loi, imposée par le régime chinois il y a tout juste une semaine, vise à réprimer la subversion, la sécession, le terrorisme et la collusion avec les forces étrangères.
Son contenu est demeuré secret jusqu’à sa promulgation.
Même si le gouvernement de Pékin a assuré qu’elle ne concernerait qu’une minorité de personnes, l’inquiétude croit au fur et à mesure que sont dévoilés les détails de son contenu.
Les dispositions les plus récentes laissent augurer d’un changement radical pour Hong Kong en matière de libertés et de droits.
Mike Pompeo a ainsi qualifié « d’orweliennes » les mesures de cette loi qui vise, depuis l’entrée en vigueur de ce texte, à censurer les militants pro-démocratie, les écoles et les bibliothèques.
L’accord de rétrocession en 1997 de l’ex-colonie britannique à la Chine a garanti durant cinquante ans à Hong Kong des libertés et une autonomie inconnues en Chine continentale.
Au fil des ans, une partie de la population s’est inquiétée d’une érosion croissante de ses libertés et du pouvoir grandissant de la Chine.
Un mouvement pro-démocratie a pris de l’ampleur jusqu’à aboutir l’an dernier à une crise politique, avec sept mois de manifestations monstres et parfois violentes.
La Chine n’a jamais caché son désir de faire usage de loi pour mettre fin au mouvement en faveur de la démocratie.
« Le gouvernement hongkongais va appliquer vigoureusement la loi », a martelé mardi Carrie Lam, la cheffe de l’exécutif désignée par Pékin.
Elle a mis en garde les militants « radicaux » contre tout « franchissement de la ligne rouge », martelant que « les conséquences d’une violation de cette loi sont très graves ».
Après le retrait dans les bibliothèques et des écoles de livres écrits par des partisans de la démocratie, le document publié lundi montre qu’il entend également faire régner l’ordre sur Internet.
La police pourra contrôler et supprimer sur Internet toute information s’il y existe des « motifs raisonnables » de penser qu’elle viole la loi sur la sécurité nationale.
Les entreprises du secteur et les prestataires pourront être contraints de retirer toute information et leur matériel susceptible d’être saisi.
Dans le cas où elles refuseraient de s’exécuter, elles seront passibles d’amendes et d’une peine allant jusqu’à un an de prison.
Les sociétés sont également tenues de fournir les registres d’identification ainsi qu’une assistance pour permettre de déchiffrer des données.