Portland State University suspend ses liens avec Boeing, mais les étudiants ne cèdent pas
Alors que la présidente de l'institution promet un débat, en mai, pour évoquer les donations faites par le géant aérospatial, les étudiants refusent de lever leur camp, bloquant la bibliothèque du campus
L’université de Portland dans l’Oregon (PSU) a décidé de rompre temporairement ses liens avec Boeing suite à la demande faite par les manifestants anti-israéliens de couper toutes les relations avec le leader de l’industrie aérospatiale, alors même qu’un campement des étudiants a été dressé, lundi, malgré les sommations de la sécurité pour vider le campus.
Dans une lettre ouverte, la présidente de l’université, Ann Cudd, a annoncé que l’université accueillerait au mois de mai un forum qui débattra des inquiétudes nourries par les étudiants face aux « liens » avec l’entreprise, qui fabrique également des armes – des liens qui consistent majoritairement en des donations philanthropiques qui sont faites à l’université.
Alors que les étudiants ont exhorté l’établissement d’enseignement supérieur à couper toutes ses relations avec Boeing depuis des années, les pressions se sont renforcées depuis le début de la guerre qui oppose Israël au Hamas dans la bande de Gaza, une guerre entraînée par l’assaut meurtrier qui avait été commis par le groupe terroriste dans le sud d’Israël, le 7 octobre.
Cudd avait expliqué dans le détail les liens entre l’université et Boeing lors d’une conférence de presse, le mois dernier – comme l’avait fait savoir la newsletter étudiante PSU Vanguard – disant que la compagnie avait, cette année, offert 150 000 dollars pour la construction d’une salle en plus de ses dons réguliers de 28 000 dollars, de l’argent qui sert à financer des bourses étudiantes.
L’aile de défense du fabricant aérien, Boeing Defense, Space and Security, a des bureaux en Israël et elle fournit à l’État juif des avions de chasse, comme le F-15IA — la variante israélienne du F-15EX innovant — et des hélicoptères d’attaque Apache AH-64.
Boeing a aussi une grande usine implantée à Everett, dans l’état de Washington, à environ 320 kilomètres de Portland où des anciens élèves de l’université travaillent souvent après avoir terminé leurs études.
Si Cudd avait expliqué, lors de la conférence de presse du mois de mars, qu’elle ne voyait « aucune raison logique de repenser » la relation avec Boeing, elle a écrit qu’après des semaines de manifestations anti-israéliennes sur les campus de tous les États-Unis, « la passion » animant les étudiants qui réclament cette rupture des liens l’amenait dorénavant à « les écouter et à se poser de nouvelles interrogations ».
Dans l’intervalle, a-t-elle continué, « la PSU va suspendre ses demandes ou son acceptation de nouveaux dons et autres subventions de la part de Boeing » jusqu’à ce que « nous ayons l’opportunité de nous engager dans ce débat et de tirer des conclusions concernant une marche à suivre raisonnable ».
Une initiative qui survient suite à des arrestations de protestataires – d’autres ont été suspendus – qui s’insurgent contre la guerre à Gaza sur un certain nombre de campus américains. Les mouvements de protestation, qui ont balayé les établissements d’enseignement supérieur sur tout le territoire américain, ont parfois basculé dans l’antisémitisme et les étudiants juifs ont dit avoir été victimes d’intimidation.
Malgré la décision prise de faire une pause dans les contributions financières apportées par Boeing, les manifestants, à la PSU, ont barricadé la bibliothèque du campus, ce qui a amené la sécurité, lundi, à leur demander d’évacuer leur campement.
A l’université de Columbia, qui est l’épicentre du mouvement anti-israélien, les autorités ont commencé, lundi, à suspendre les participants aux rassemblements qui refusaient de se disperser malgré de multiples demandes et autres mises en garde.
Alors que des manifestations pro-palestiniennes et anti-israéliennes ont régulièrement été organisées sur les campus américains depuis le début de la guerre du 7 octobre, suite à l’attaque sans précédent lancée par le groupe terroriste du Hamas dans le sud d’Israël – les hommes armés avaient tué près de 1 200 personnes, kidnappant également 253 personnes qui avaient été prises en otage dans la bande de Gaza – les rassemblements avaient attiré une attention nouvelle après que les étudiants de Columbia ont dressé leur campement sur une pelouse du campus, occupant les lieux, au début du mois.