« Possessions », la nouvelle série franco-israélienne de Canal+
Diffusée à partir du 2 novembre, la série présente une mariée dont le mari israélien a été tué le soir de leurs noces
Un marié israélien retrouvé mort le soir de la noce, sa femme française soupçonnée. Telle est l’intrigue de « Possessions », une nouvelle série franco-israélienne pleine de suspense, diffusée par Canal+.
Thriller troublant et imprégnée de fantastique, la série a été créée par la chaîne française mais filmée en Israël et dans les territoires palestiniens avec un casting franco-israélien.
L’actrice Nadia Tereszkiewicz, dont c’est la première série, joue le rôle principal, Natalie, une française expatriée en Israël. Le soir-même de ses noces, elle est accusée d’avoir assassiné son époux. Elle va faire la rencontre de Karim, un diplomate français, interprété par Reda Kateb, qui lui apporte son aide face à un appareil judiciaire israélien redoutable. En 6 épisodes de 52 minutes, il va tenter de résoudre ce crime troublant en explorant le passé mystérieux de Natalie.
Le vice-consul de France, qui tombera sous le charme de la mariée, cherche ainsi à découvrir si elle est victime d’une erreur judiciaire ou si elle est une redoutable manipulatrice. Pour ce faire, il devra se plonger dans le mystérieux passé de Nathalie et rencontrer sa famille, déchirée.
Petit à petit, au lieu d’éclaircir les événements, la série brouille les pistes et instille le doute chez le téléspectateur: la jeune femme est-elle une redoutable manipulatrice ou bien la victime d’une machination… voire d’une force maléfique?
Canal+ a eu l’envie de développer cette série, créée par Shachar Magen (« Sirènes »), en partant d’une image forte: « celle d’une mariée avec sa robe pleine de sang devant tous les témoins du mariage », a raconté lors d’une présentation à la presse Fabrice de La Patellière, directeur de la fiction chez Canal+, séduit par l’idée « d’un thriller qui glisse peu à peu vers le fantastique, sans tomber dans ‘L’exorciste' ».
Diffusée chaque lundi, à partir du 2 novembre sur Canal+, la mini-série de six épisodes de 52 minutes a été tournée au printemps 2019 en Israël.

« Possessions » se plonge également dans les croyances et le poids qu’elles occupent, présentant des individus possédés par leur foi. Elle s’intéresse aussi aux violences faites aux femmes – un sujet brûlant en Israël, pays particulièrement touché par le phénomène.
Un « conte cruel »
La série surfe sur le clash des cultures entre le cartésianisme de Karim ou le flegme des policiers israéliens, et les mythes et superstitions du judaïsme incarnées notamment par la mère de Natalie. Et les dialogues sont presque autant en français qu’en hébreu, donnant une couleur particulière au projet, non sans poser un défi aux acteurs dont beaucoup ne parlaient qu’une des deux langues…
Il s’agit d’une forme de « conte cruel », un genre qui permet par la fiction de s’échapper d’une réalité souvent difficile en Israël, a expliqué l’écrivaine Valérie Zenatti qui a coécrit le scénario avec Shachar Magen. Celui-ci, après s’être inspiré des sirènes, dans sa précédente série, s’est cette fois appuyé « sur un autre mythe moins connu, le dibbouk », confie-t-elle.
C’est « une âme blessée qui peut venir hanter les vivants, mais aussi aimer la personne qu’elle possède », dit l’auteure.
La série est servie par un décor évocateur et ambigu: la ville de Beersheva, « un lieu improbable planté au milieu du désert, avec une lumière violente qui va se projeter sur l’histoire de cette famille », ajoute la coscénariste qui a habité plusieurs années dans cet endroit singulier.
Le poids des traditions
Pour le réalisateur Thomas Vincent, « c’est un western polanskien, un western psychique ou mythologique; un mélange entre l’intime et le fantastique d’un côté, et cette terre mythique, la terre de la Bible, une terre originelle ».
« Possessions » est aussi une réflexion sur les sociétés française et israélienne, les rapports pleins de tensions entre ces deux pays, et les pesanteurs liées au mariage et aux traditions religieuses et culturelles.
Natalie doit lutter en permanence pour ne pas se laisser étouffer: par sa famille (surtout sa mère, qui lui répète qu’elle voudrait la faire revenir dans son ventre pour mieux la protéger); et par les multiples règles qu’elle est censée suivre en tant que femme, expatriée, épouse et juive dans une société israélienne conservatrice et un milieu bourgeois qu’elle intègre par son mariage…
On pourrait aussi être tenté d’y voir en filigrane une métaphore de l’occupation de la Palestine, tant le titre de la série se prête à de multiples interprétations, comme le suggère Reda Kateb: « derrière le S de Possessions, il y a plein de choses: lorsque je joue, c’est un peu un rite de possession, on se laisse posséder comme dans une transe; et c’est aussi une série féministe qui raconte comment, lorsque les hommes n’arrivent pas à posséder les femmes, ils disent qu’elles sont possédées… »
Outre Nadia Tereszkiewicz, franco-finlandaise de 24 ans qui joue pour la première fois à la télévision, et Reda Kateb (« Un prophète », « Hippocrate », « Django »…) l’œuvre met en scène les talentueux Judith Chemla, Aloïse Sauvage, Tchéky Karyo, Noa Koler ou encore Ariane Ascaride.
Diffusée en avant-première fin septembre au festival de la Fiction de La Rochelle, la série a été acclamée par la critique.

Elle est réalisée par Thomas Vincent (« Bodyguard », « Versailles »). Elle a été écrite par Shachar Magen, scénariste, réalisateur et auteur, ancien journaliste du Maariv et diplômé en cinéma de l’université de Tel Aviv. Il a notamment déjà travaillé sur les séries « Exposed », « Prime Minister’s Children » et « Sirens », qui a rencontré un grand succès en Israël. Sa prochaine œuvre se nomme « Metamorphosis ».