Pour ces anciens réfugiés juifs, c’est une question de reconnaissance
Forcés de fuir leurs maisons et expropriés, les Juifs du Moyen Orient expliquent que leurs revendications n’ont rien à voir avec celles des Palestiniens
43 années après avoir quitté son Liban natal, le rabbin Elie Abadie se vante des 3 000 chansons arabes qu’il écoute régulièrement sur son téléphone portable.
Peu de temps après la création de l’Etat d’Israël en 1948, les parents d’Elie Abadie ont été contraints de fuir Alep, en Syrie, où leur famille avait vécu pendant des millénaires, sous la pression du gouvernement.
Elie Abadie, né à Beyrouth en 1960, a pris la route avec sa famille en 1971, cette fois pour le Mexique, alors que l’OLP avait déménagé son siège de Jordanie, où elle n’était plus la bienvenue, au Liban.
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« Nous avons vécu au Liban sans la citoyenneté, en tant que réfugiés. Nos documents d’identité disaient « apatrides, » raconte Abadie au cours d’une conversation avec le Times of Israel dimanche.
La date du 30 novembre a été désignée par la Knesset comme journée officielle de commémoration de l’expulsion et de la fuite de quelques 900 000 Juifs du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord depuis la création d’Israël.
Les communautés juives du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord sont passées d’une population de 856 000 Juifs en 1948 à moins de 4 400 aujourd’hui, a déclaré le député Shimon Ohayon (Israël Beitenou) qui a rédigé le projet de loi.
« Deux mille cinq cents ans d’histoire juive ont pris fin en 25 ans, » a déclaré Ohayon à des journalistes lors d’une conférence de presse à Jérusalem. « En Israël, personne ne connait cette histoire. »
C’est l’ancien ministre adjoint des Affaires étrangères, Danny Ayalon, qui a commencé à mener la pression diplomatique pour faire connaître le sort des Juifs du Moyen-Orient chassés de leurs terres natales.
Les critiques d’Ayalon l’ont accusé d’opportunisme en utilisant ce terme de « réfugiés » pour faire contrepoids aux revendications des Palestiniens quant au même statut de réfugié et de « droit au retour » pour récupérer leurs maisons et leurs biens perdus pendant la guerre d’Indépendance d’Israël.
Mais Abadie, gastro-entérologue et rabbin de la synagogue Edmond Safra à Manhattan – mais aussi co-président de Justice pour les Juifs des pays arabes (JJAC), une organisation de défense créée en 1999 – a rejeté cette critique.
« Notre combat n’a rien d’une réclamation contre les réfugiés palestiniens, » a-t-il expliqué. « Nous laissons les questions politiques aux hommes politiques, mais les droits des Juifs devraient simplement être reconnus. Ces Juifs doivent être qualifiés de réfugiés en vertu du droit international et il n’y a pas de prescription quant à leurs revendications. Pour tout processus de paix, pour qu’il soit crédible, la réparation, la vérité et la réconciliation sont nécessaires des deux côtés. »
Gina Waldman (née Boublil) a quitté la Libye en 1967, quand des milliers d’émeutiers musulmans étaient descendus dans les rues après la guerre des Six Jours, en détruisant des biens juif s, y compris l’entrepôt de son père. Waldman, qui avait 19 ans à l’époque, s’est cachée pendant un mois dans la maison d’un collègue britannique.
À ce moment, le gouvernement a ordonné l’expulsion des Juifs restants de Libye et l’expropriation de leurs biens. La famille de Waldman a reçu l’ordre de se diriger vers l’aéroport et autorisée à prendre juste une valise et 20 dollars pour chaque personne. Après un pénible voyage en bus, la famille s’est rendue à Malte, et de là à Rome. La communauté juive de Libye, au nombre de 38 000 personnes en 1948, est passée à 500 deux décennies plus tard, selon les données recueillies par l’American Jewish Committee.
Waldman s’est installée à San Francisco, où elle a fondé en 2001 un organisme voué à l’éducation et la collecte de récits oraux des réfugiés juifs du Moyen-Orient et Afrique du Nord [Jews Indigenous to the Middle East and North Africa – JIMENA].
« Je me sens comme si un chapitre de notre histoire avait été arraché du livre de l’histoire juive, » a déclaré Gina Waldman au Times of Israel. « La plupart des Israéliens originaires de pays arabes ne connaissent pas leur propre histoire. »
En 2011, JIMENA a commencé à traduire des comptes-rendus personnels, en arabe et en perse avec l’aide de dissidents du Moyen-Orient, et à lancer une page Facebook en arabe l’année dernière qui a déjà recueilli 10 000 adeptes.
« Nous pensons que notre travail n’est complet que si la jeune génération arabe est éduquée, » explique-t-elle. «Nous recevons des réactions extrêmement positives. »
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