Israël en guerre - Jour 363

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Pour Gantz, la rancœur de Netanyahu pourrait entraîner « la guerre civile »

Abordant la dernière ligne droite électorale, les leaders de Kakhol lavan affirment que la rhétorique de campagne clivante du Premier ministre risquait d'attiser les tensions

Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël

Le leader de Kakhol lavan Benny Gantz s'exprime à Tel Aviv, le 31 mars 2019 (Crédit :  Saria Diamant/ Kakhol lavan)
Le leader de Kakhol lavan Benny Gantz s'exprime à Tel Aviv, le 31 mars 2019 (Crédit : Saria Diamant/ Kakhol lavan)

Le dirigeant de Kakhol lavan, Benny Gantz, a averti dimanche que la rhétorique de campagne utilisée par le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait atteint un haut niveau de dangerosité et qu’elle pourrait « entraîner une guerre civile ».

Cette accusation a été lancée vingt-quatre heures après que Gantz a mis en cause Netanyahu, disant qu’il avait participé aux incitations à la violence qui avaient mené à l’assassinat, en 1995, de l’ancien Premier ministre Yitzhak Rabin.

Lançant la dernière ligne droite de la campagne de Kakhol lavan, dix jours avant le scrutin, Gantz et le numéro deux du parti Yair Lapid ont déclaré qu’après 13 années passées au pouvoir, Netanyahu était devenu « fou » et que le moment était venu qu’il quitte le poste de Premier ministre.

« Quand on reste trop longtemps à une fonction, on perd son autorité et sa stature d’homme d’Etat, on perd le désir et l’empressement à servir les autres et à amorcer le changement. On ne commence qu’à se préoccuper de sa survie politique, » a déclaré Gantz lors d’un événement organisé à Tel Aviv, s’engageant à promouvoir une loi visant à limiter les mandats d’un Premier ministre au nombre de deux – soit huit ans maximum.

« Il est arrivé quelque chose à Bibi, » a lancé l’ex-chef d’état-major, utilisant le surnom du Premier ministre. « Il était très différent dans le passé, mais ce sont treize années passées au pouvoir qui l’ont ainsi changé. Il a perdu quelque chose qu’il avait pourtant auparavant et au lieu de cultiver l’unité au sein de la société, il pourrait être à l’origine d’une guerre civile et nous devons faire très attention à cela, » a-t-il continué.

Gantz a évoqué de récentes publicités de campagne du Likud montrant des tombes de soldats israéliens en arrière-plan ou tournant en dérision l’apparence d’un journaliste grièvement blessé et défiguré lorsqu’il était militaire, sur le champ de bataille. « Quelle chance avons-nous que les Israéliens se tiennent au-dessus de ce torrent de boue que vous tentez de propager. Et ils ne permettront pas que ça continue, » a-t-il dit.

Cette mise en garde est venue faire écho aux prédictions similaires de violences internes israéliennes, les mêmes qui, dans le passé, avaient entraîné l’assassinat du Premier ministre Rabin. Elle a aussi suivi des propos tenus par Gantz samedi soir, où il avait accusé Netanyahu d’avoir joué un rôle dans les incitations qui avaient mené à ce meurtre.

Yair Lapid de Kakhol lavan le 31 mars 2019 (Crédit : Saria Diamant/Kakhol lavan)

Interrogé par la Douzième chaîne au sujet d’un enregistrement présumé dans lequel il disait à ses assistants que Netanyahu pourrait désirer le voir tué, Gantz avait fait référence à la rhétorique incendiaire qui avait précédé l’assassinat de Rabin, aux abords d’un rassemblement à Tel Aviv.

« Souvenez-vous, ce genre de choses a déjà eu lieu en Israël – des événements pendant lesquels, malheureusement, Netanyahu se trouvait déjà à la tribune, marchant ensuite derrière un cercueil à un autre endroit, » avait déclaré Gantz devant les journalistes de l’émission « Rencontre avec la presse ». « Nous avons déjà constaté ce que peut entraîner ce type d’exagérations. »

Rabin avait été assassiné le 4 novembre 1995 par Yigal Amir, un extrémiste juif opposé aux Accords d’Oslo et à la restitution du contrôle de certaines parties de la Cisjordanie aux Palestiniens, telle qu’elle avait été définie dans le cadre de cette convention de paix historique.

Dans les semaines qui avaient précédé cet assassinat, Netanyahu, qui était alors chef de l’opposition, et d’autres hauts-membres du Likud avaient assisté à un rassemblement politique de droite à Jérusalem, où les participants avaient qualifié Rabin de « traître », « meurtrier » et « nazi » pour avoir signé l’accord de paix avec les Palestiniens, plus tôt cette année-là. Netanyahu a régulièrement rejeté les accusations de ceux qui lui avaient reproché d’avoir attisé une rhétorique incendiaire qui avait incité au meurtre de Rabin, qualifiant ces mises en cause de forme « d’assassinat politique. »

Les conseillers de Gantz ont d’ores et déjà mis en garde contre des « incitations graves » à l’encontre du candidat, notamment des vœux de mort, la gravité des menaces ne faisant que s’accentuer avec la proximité du jour du scrutin, ont-ils affirmé. Gantz a récemment commencé à apparaître en public flanqué de gardes du corps.

Les partisans du Likud ont utilisé les enregistrements de Gantz dans lesquels ce dernier s’inquiète pour sa sécurité et d’autres apparitions médiatiques maladroites pour remettre en question la santé mentale de l’ancien chef militaire. Gantz a répondu n’avoir jamais été soumis à un traitement psychiatrique et ne prendre aucun médicament, comme le prétendaient de récentes rumeurs.

Interrogé par le Times of Israel sur le fait que sa suggestion que Netanyahu était devenu « fou » puisse impliquer que l’état mental du Premier ministre soit compromis, Gantz a répondu avec incrédulité qu’il n’a jamais laissé entendre une telle chose.

Il a expliqué que « Netanyahu a un jugement brouillé émanant des pressions énormes qu’il subit en raison des inculpations à son encontre. Il doit donc mettre un terme à sa mission [de Premier ministre]. »

Gantz s’en est également pris à Netanyahu dimanche en raison de ses propositions politiques sécuritaires et domestiques – ou plutôt, a-t-il accusé, de leur absence.

« On ne peut pas laisser le Hamas établir les règles du jeu. Aujourd’hui, c’est ce qu’il fait : il décide de quand attaquer et où. Ce n’est pas acceptable », a-t-il clamé, évoquant les flambées continues de violences avec le groupe terroriste à la tête de la bande de Gaza.

« En même temps, on abandonne les hôpitaux et les besoins des Israéliens, » a-t-il ajouté.

Prenant la parole aux côtés de Gantz, Lapid a expliqué que Kakhol lavan garantirait « une forme différente de leadership » à l’Etat juif.

« Netanyahu a fait de bonnes choses à son poste mais treize ans plus tard, il y a une érosion, une corruption de son autorité, » a affirmé Lapid. « Il n’œuvre pas pour les Israéliens – il n’œuvre que pour lui-même et la seule raison pour laquelle nous nous tenons ici ce soir, c’est que, contrairement à lui, nous voulons travailler pour la population israélienne. »

Après les appels lancés par le parti d’opposition travailliste à annuler un accord de rotation qui permettrait à Lapid de remplacer Gantz au poste de Premier ministre en milieu de mandat, si la formation devait emporter les élections, le leader de Yesh Atid a insisté sur le fait que l’accord resterait en place, représentant une « vraie coopération. »

Cet accord – qui verrait Gantz occuper le poste de chef de gouvernement pendant deux ans et demi si le parti devait former le prochain gouvernement et Lapid lui succéder pendant un an et demi – a été déterminant dans l’alliance entre la formation Hossen LeYisrael de Gantz et Yesh Atid de Lapid, lorsque les deux factions ont fusionné pour devenir Kakhol lavan.

Les sondages montrent que Kakhol lavan, sous les termes de l’accord actuel, a une légère avance sur le Likud, même si les projections semblent indiquer que le parti aurait beaucoup plus de difficultés que le Likud à former une coalition.

Un porte-parole de Kakhol lavan a indiqué au Times of Israel que la formation d’une coalition serait possible tant que le parti conserverait son avance.

« Nous nous focalisons sur le fait d’être le parti le plus important pour être certains que nous serons devant le 9 avril », a-t-il confié.

Laissant entendre que la campagne sera également dirigée en partie contre les formations qui, elles aussi, présentent un programme anti-Netanyahu, Kakhol lavan clame que le seul moyen permettant de garantir que le Premier ministre sera déchu est le rassemblement autour de son drapeau bleu et blanc.

« Tous ceux qui veulent nous voir former une coalition doivent voter pour nous. Tous ceux qui veulent voir Benny Gantz accéder au poste de Premier ministre doivent voter pour nous, » a continué le porte-parole. « Une fois que nous nous imposerons en tant que parti le plus important, la mission de la formation du gouvernement se trouvera entre nos mains. »

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