Pour Hanoukka, des mini-détectives résolvent le mystère d’un vol de livres
La Bibliothèque nationale d'Israël a organisé un événement nocturne où des enfants ont été invités à résoudre un mystère et à découvrir les microfilms et le classement à fiches
Il y a un mystère à la bibliothèque nationale d’Israël à Jérusalem. Des livres ont disparu et ont même été retrouvés en morceaux. Qui – ou quoi – pourrait être responsable d’une telle profanation ?
N’ayez crainte, du 23 au 25 décembre, des équipes de Sherlock Holmes 2.0 ont été chargées de résoudre le mystère du voleur de livres. Le Times of Israël a été convié à la première soirée, qui s’est déroulée à guichets fermés, et deux critiques de 10 ans ont donné leur avis pour ce reportage.
À l’heure très tardive de vingt heures trente, les participants se sont rassemblés dans le hall de la Bibliothèque nationale, obscurci pour l’occasion. L’heure du coucher est dépassée pour une grande partie du public – l’événement est destiné aux 8 à 12 ans – ce qui ajoute à l’excitation. La bibliothèque, toujours située sur le campus de l’Université hébraïque Givat Ram de Jérusalem jusqu’à son déménagement prochain dans un tout nouveau bâtiment à proximité, est une structure interdite d’accès, et se promener dans ses salles dans l’obscurité est relativement angoissant.
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Le cadre narratif de l’événement macabre est issu de la série de films à succès « Une nuit au musée ». Il donne un aperçu des coulisses de la bibliothèque qui prend vie après les heures d’ouverture. Pour l’occasion, des invités sont ressuscités : les géants de la littérature Gershom Scholem, Yeshayahu et Nechama Leibowitz, ainsi que Miriam Yalan-Stekelis, qui ont discuté de l’existence des fantômes dans la bibliothèque et de la manière de les exorciser.
Les parents et les enfants bénéficient d’abord d’une courte présentation sur la Bibliothèque nationale et ses activités, puis sont répartis en quatre groupes. Notre groupe, les verts, est monté dans la salle de lecture des études juives et islamiques, où nous avons rencontré Miriam Yalan-Stekelis. Elle a écrit des livres pour les enfants comme « Une fleur pour Nurit », « Le savon a beaucoup pleuré » (ou « Dirty Danny »), et, dans l’esprit de notre visite, « Ruah, Ruah », un mot qui peut être traduit par vent ou fantôme.
Miriam Yalan-Stekelis fut consternée de trouver des pages déchirées de livres, étalées sur une table, et a rapidement rejeté la faute sur les fantômes. Plus troublant encore, elle ne se souvenait pas des mots d’un de ses poèmes !
Un gamin israélien, toujours pragmatique, demanda alors tout haut : « N’y a-t-il pas des caméras de sécurité qui pourraient aider à attraper les fantômes ? ». Et en avançant dans l’intrigue, les enfants découvrirent ce qu’était un système de classement de bibliothèques, avec des fiches. On leur demanda de choisir un tiroir et de trouver les lettres manquantes d’un mot d’un poème de Miriam Yalan-Stekelis. (C’était la première fois que tous les enfants, et beaucoup de leurs parents, voyaient un catalogue sur fiches).
Une fois l’indice recueilli, en sortant de la salle de lecture, plusieurs des enfants se sont demandés pourquoi on ne les avait pas appelés plus tôt pour aider à résoudre ces crimes, voyant avec quelle facilité ils avaient retrouvé le mot manquant de la poètesse. Mais le long du chemin sombre qui menait à notre prochaine halte, une petite fille chuchota par-dessus la bande sonore fantomatique que tout cela était tout de même un peu effrayant.
Les enfants ont vu une vieille machine à microfilms. Avec la démocratisation de la numérisation des journaux et des manuscrits, la bibliothèque n’aura bientôt plus besoin de ces dinosaures, et ils suivront le chemin du catalogue sur fiches, expliqua le guide.
Nous avons ensuite atteint une porte fermée, qui garde la plus grande bibliothèque de Kabbale du monde et qui a appartenu au mystique Gershom Scholem. Les enfants ont alors été invités à deviner l’âge de l’objet le plus ancien de la bibliothèque, dissimulé ici. « Un million d’années ! » cria un élève de CP. Puis, « 25 000 ans », a deviné un élève de troisième année. Certain qu’il était moins ancien que ça, un autre a suggéré, « 70 ? ».
Un Gershom Scholem très énergique montra aux enfants un bol d’incantation vieux de 1 100 ans et en décrivit ses fonctions – et ses fantômes. Il dit ensuite aux enfants envoûtés que cinq volumes de livres manquaient, en remerciement de son enseignement de connaissances mystérieuses. Mais soudain, Gershom Scholem se volatilisa !
Le guide demanda alors : « Est-ce possible que l’on ait imaginé cela ? » « Non », ont répondu plusieurs jeunes enfants, « parce qu’on ne l’imaginerait pas tous pareil. »
Notre halte suivante fut une visite aux côtés de Nechama et Yeshayahu Leibowitz. Yeshayahu, chantant une chanson sur la vérité et la chimie, jouant l’homme droit, tandis que Nechama encourageait la croyance dans le surnaturel. Puis Yeshayahu, lui aussi, fut emmené dans une autre dimension.
En se rendant à notre dernière étape, une mère protesta contre le rôle attribué à la grande pionnière de la recherche biblique : « Je ne pense pas que Nechama Leibovitz croirait aux fantômes. »
Nous avons été conduits à la grande salle sombre de la bibliothèque. Là, les hommes ont réapparu, une dernière chanson a été entonnée, et à l’aide de vœux, de lampes de poche à piles et d’une incantation magique, les fantômes ont été chassés. Pour symboliser leur expulsion, les fameux vitraux de l’artiste Mordecai Ardon étaient rétro-éclairés de façon spectaculaire.
Pour l’auteur de ces lignes, les fenêtres éclairées ont été le point culminant de cet événement très agréable. Lorsque la bibliothèque déménagera, ils seront laissés derrière et c’est une joie de pouvoir encore les contempler. Mais pour mes comparses critiques de 10 ans, ces fenêtres étaient encore plus mystérieuses que le programme de la soirée (qu’ils ont trouvé trop enfantin pour leur âge avancé).
« Pourquoi y a-t-il des pelles et un atome sur la fenêtre », a demandé le meilleur ami de ma fille. J’ai expliqué que les fenêtres sont une représentation artistique de la vision du prophète Isaïe de la paix éternelle. Intrigué, le jeune garçon a dit qu’il aimerait revenir pour les étudier de plus près.
Il n’aura sûrement jamais besoin d’un catalogue sur fiches ni d’une machine à microfilms, pour moi, ce désir de revenir montre clairement que la soirée a été un succès.
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