Pour les habitants de Tamra, le missile iranien mortel « a libéré la haine » en Israël
Une vidéo montrant un Israélien juif applaudissant le missile qui a tué 4 personnes dans une communauté arabe israélienne près de Haïfa met le vivre ensemble à l'épreuve

Dimanche, Doaa Hmade, 24 ans, bénévole au sein du Commandement du Front intérieur, se trouve dans la rue, dans la ville arabe israélienne de Tamra, à 27 kilomètres de Haïfa, quelques heures après qu’un missile balistique a frappé une maison.
Manar Khatib et ses deux filles, Hala, 20 ans et Shada, 13 ans, ont perdu la vie lors de cette attaque – comme cela a également été le cas d’une autre membre de la famille, également appelée Manar Khatib.
« Ce quartier, c’est le nôtre », déclare Hmade au Times of Israel en regardant autour d’elle, essayant d’évaluer les dégâts survenus dans ce paisible quartier résidentiel de la ville majoritairement musulmane où vivent 37 000 habitants.
Partout, des débris de voitures, des gravats et des éclats de verre, et des travailleurs essayant de rétablir l’électricité et de nettoyer les décombres.
Lorsque les sirènes ont retenti au milieu de la nuit, Hmade et sa famille se sont réunies dans la pièce blindée de leur maison.
« Ensuite, nous avons entendu les explosions », raconte-t-elle. « Ça semblait être vraiment proche. »

Quand elle a enfin pu sortir, il n’y avait plus ni électricité ni Internet. « J’ai vu du sang », ajoute-t-elle.
« La maison de la famille Khatib avait une pièce blindée », poursuit-elle. « Mais le missile est tombé directement sur la maison. »
« À quoi peut servir une pièce blindée dans un cas pareil ? », s’interroge-t-elle.
Les funérailles des victimes n’ont pas encore été organisées. Leurs corps sans vie se trouvent toujours à l’hôpital Rambam, à Haïfa.

Le missile « a libéré la haine »
« Les missiles ne font aucune distinction entre les appartenances et les confessions », explique Jabar, un habitant de Tamra, qui souhaite conserver l’anonymat. « Les Iraniens sont chiites et nous sommes sunnites », précise-t-il.
Durant le conflit opposant Israël et le Hezbollah, dans le sillage de l’attaque sanglante du Hamas, le 7 octobre 2023, des roquettes tirées par le Hezbollah depuis le Liban avaient atterri dans son champ, tuant son cheval, se souvient-il.
Selon Jabar, ce qui a le plus perturbé les habitants de la ville, c’est que « le missile a libéré la haine ».
Lorsque, pendant le conflit Israël-Hezbollah, des roquettes avaient été tirées sur les villes voisines, des habitants de Tamra étaient allés porter secours aux résidents juifs.
La rue où un missile balistique iranien s’est écrasé à Tamra, tuant quatre femmes, le 15 juin 2025. (Diana Bletter/Times of Israel)
Mais peu de temps après l’attaque au missile de dimanche, une vidéo a été postée sur les réseaux sociaux, montrant des gens chanter et répéter que Tamra « devait brûler ».
Cette vidéo a d’abord été attribuée à des habitants de la localité voisine de Mitzpeh Aviv, à 5,5 kilomètres. Mais Ron Shani, le responsable de la communauté, a démenti cette affirmation sur Facebook, affirmant que la vidéo n’avait pas été filmée dans son moshav.
« Ici, il n’y a ni grands immeubles, ni une vue comme celle-là », a noté Shani, qui a ajouté qu’il s’était entretenu avec Mussa Abu Rumi, le maire de Tamra, lui transmettant ses condoléances et sa sympathie, et lui offrant son aide.
« Nous ignorons qui a diffusé cette vidéo et nous la condamnons avec la plus grande fermeté », a fait savoir Shani.
D’autres vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ont montré des Arabes israéliens applaudissant à la vue de missiles se dirigeant vers des localités et vers des quartiers à forte concentration juive.

Hisham Diab, 50 ans, membre du Commandement du Front intérieur, explique qu’il appartient à l’organisation Mosaica, dont l’objectif est de créer des liens entre les différentes communautés qui forment la société israélienne.
« Travailler sur le ‘vivre ensemble’ est essentiel », s’exclame Diab tout en aidant les travailleurs d’Israel Electric Corporation.
« Nous voulons la paix. Il y a plus de 40 ans que je vis à Tamra, et je n’ai jamais entendu parler d’antisémitisme. Je n’ai jamais entendu quelqu’un dire qu’il ne voulait pas faire partie d’Israël. »
Les citoyens arabes ont « décidé d’être des citoyens de ce pays. Mais le gouvernement ne nous considère pas toujours comme des citoyens », déplore Diab.
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