Israël en guerre - Jour 490

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Reportage

Pour Nazareth, Israël est le meurtrier, l’Egypte son complice

Des milliers ont suivi l’appel chez les Arabes israéliens pour exprimer leur indignation face à l’opération à Gaza et dénoncer la trahison des autres Arabes

Elhanan Miller est notre journaliste spécialiste des affaires arabes

Rassemblement à Nazareth (Crédit : Elhanan Miller/Times of Israel)
Rassemblement à Nazareth (Crédit : Elhanan Miller/Times of Israel)

NAZARETH – Avant que le rassemblement de masses en soutien à Gaza ne devienne violent, lundi après-midi, que les manifestants soient dispersés avec des gaz lacrymogènes et canons à eau « skunk », des slogans ont été scandés et des discours prononcés.

Le cortège est parti de l’extérieur de l’Eglise de l’Annonciation et a avancé lentement vers le Centre culturel Mahmoud Darwish. Des milliers de manifestants ont répondu à l’appel du Haut Comité de suivi – la plus large organisation de regroupement des Arabes-israéliens – et sont descendus dans la rue agitant de grands drapeaux palestiniens. Certains portaient des affiches d’enfants Palestiniens déchiquetées avec écrit en hébreu, « la banque israélienne de cibles ».

Ils étaient sans aucun doute possible Israéliens : des hommes avec des lunettes de soleil à la mode, les cheveux coiffés de gel, les femmes en jeans serrés et débardeurs ; les keffiehs palestiniens enroulés autour des épaules. Certains portaient des colliers avec le crucifix, d’autres le marteau et la faucille communistes.

Le Haut Comité de suivi avait déclaré une grève générale au sein du secteur arabe lundi pour protester contre l’opération de l’armée israélienne dans le bastion du Hamas de Chajaya la veille, qui a fait quelques 70 morts gazaouis et des centaines blessés, selon des rapports médicaux palestiniens, avec plus d’une dizaine de soldats Israéliens.

Le Ministre des affaires étrangères Avigdor Liberman a répondu par un appel public aux juifs à boycotter les commerces des Arabes mécontents. Cependant, tous les commerces de Nazareth avaient les volets fermés comme ceux d’autres villes arabes tout le long de ma route depuis Jérusalem.

Etait assis à coté de moi dans le bus, Younis Abdallah de Ein Naqouba, un village à l’extérieur de Jérusalem. Il espérait commencer à étudier l’ingénierie du logiciel à Haïfa l’an prochain, tout en travaillant comme « écrivain » à l’hôpital Shaarei Zedek, employé à Shabbat pour faire ce que les infirmières juives ne peuvent faire.

« Je suis venu exprimer mon opposition à la politique d’oppression d’Israël contre la population innocente de Gaza » a dit Abdallah. « Je suis sur que la manifestation sera paisible ; c’est la chose la plus importante ».

Pancartes en hébreu et en arabe où l'on peut lire : "Israël est la source du terrorisme" et « ministre de la Défense Boogie, combien d'enfants avez-vous tué jusqu'à présent » (Crédit : Elhanan Miller / Times of Israël)
Pancartes en hébreu et en arabe où l’on peut lire : « Israël est la source du terrorisme » et « ministre de la Défense Boogie, combien d’enfants avez-vous tué jusqu’à présent » (Crédit : Elhanan Miller / Times of Israël)

Sur place, Abdallah s’est porté volontaire pour servir comme mon « écrivain » personnel, griffonnant rapidement des chants notamment « Gaza ne succombera pas aux tanks et au mortier » ou « nous saluons chaleureusement les enfants des pierres ». Les panneaux d’affichage de la ville ont été couverts d’affiches manuscrites sur lesquelles on peut lire « Israël est la source de la terreur » et « Boogie (Ya’alon), Ministre de la défense, combien d’enfants as-tu tué jusqu’à aujourd’hui ? ».

Mais pour autant qu’ils étaient enragés contre Israël, l’unique accusation de trahison était dirigée à l’encontre du monde arabe et particulièrement l’Egypte ; qu’ils considèrent largement comme le principal complice d’Israël dans l’assaut contre Gaza. « Détruis, ô peuple, tous les pouvoirs réactionnaires » chantaient les manifestants. Une affiche sur le mur donnait à lire « Honte sur les régimes arabes réactionnaires ». Un mécontent a fait un jeu de mot sur le fait qu’il voulait « une solution siyassi (politique), et non une solution Sissi ».

Au Centre Darwish, derrière un manifestant portant un écriteau avec écrit « Sissi est le héros d’Israël » – en référence au Président Egyptien Abdel-Fattah Al-Sissi qui a proposé un accord de cessez-le-feu soutenu par Israël et le monde occidental mais rejeté par le Hamas – Mohamed Zidan, à la tête du Haut-Comité de suivi, a commencé à parlé.

« Nous sommes ici pour élever nos voix contre les agressions barbares d’Israël » a-t-il dit. « A la classe dirigeante israélienne, notre message est que la logique du pouvoir est l’histoire. La seule solution est de mettre fin à l’occupation et d’établir un Etat palestinien ».

Zidan a lancé un appel au Président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas pour qu’il se prononce publiquement contre Israël, et pour la « résistance » palestinienne à Gaza qu’elle s’abstienne d’accepter un cessez-le-feu tant que le blocus sur la bande de Gaza n’est pas levé.

« Je suis plus surpris par la position égyptienne » a-t-il ajouté. « Je ne comprends pas comment ils peuvent fermer leurs portes face aux blessés. Cette position ne reflète pas la société égyptienne. C’est honteux. Etre témoin de la mort d’un enfant et ne rien faire pour aider n’est pas être complice du crime, c’est être l’auteur du crime ».

Alors que la manifestation a pris fin et les gens ont commencé à rentrer vers chez eux, Hunsniya, une femme voilée de Tamra, ville de Galilée, âgée de 50 ans a dit être d’accord avec Zidan.

« La plus grande responsabilité est celle des Arabes, plus que n’importe qui d’autre » a-t-elle dit. « Les Arabes devraient soutenir le gouvernement de Gaza, leurs frères de sang. Ce devrait être les Arabes qui se placent de notre côté, pas les pays étrangers ».

Les régimes arabes, continue-t-elle, rejettent les principes de démocratie manifestés dans le gouvernement islamique du Hamas. « Ils refusent le vrai islam » a-t-elle expliqué. « Notre système est fondé sur une démocratie idéale. Mais les régimes arabes n’en veulent pas, ils veulent une dictature ».

Rassemblement à Nazareth (Crédit : Elhanan Miller/Times of Israel)
Rassemblement à Nazareth (Crédit : Elhanan Miller/Times of Israel)

Alors qu’elle parlait, un grand groupe de jeunes – nombreux d’entre eux masqués – se sont séparés du cortège principal et se sont dirigés vers l’autoroute menant à Nazareth, pour faire face à la police. La police a déclaré le rassemblement illégal et a commencé à envoyer des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes.

Des policiers sur chevaux ont dispersé la foule, qui a commencé à courir en direction de l’Eglise de l’Annonciation à travers les rues jonchées de débris enflammés.

J’ai aussi commencé à courir, avec Younis Abdallah d’Ein Naqouba à mes côtés. Mais alors que nous avons tourné à gauche dans une impasse pour éviter la foule, nous avons été coincés par la police aux frontières. Abdallah a été par erreur pris pour un émeutier, menotté et conduit au poste de police de Nazareth pour un interrogatoire.

Sur le retour pour Jérusalem, Du’aa Ali Nasser de Nazareth, étudiante en ergothérapie à l’Université américaine de Jenin a réfléchi sur le fait que les manifestations pro-Gaza de ces derniers jours pouvaient guère avoir lieu dans n’importe quelle capitale arabe.

« Même à Ramallah, la sécurité du gouvernement empêche de telles manifestations » fait-elle remarquer tristement. Cela, ajoute-t-elle, est le résultat du contrôle israélo-américain sur le Moyen-Orient, « sinon sur le monde entier ».

« Je discerne plus de solidarité occidentale que de la solidarité arabe avec Gaza » a-t-elle expliqué.

Auparavant confinés à la Cisjordanie et à Jérusalem, les grands rassemblements pro-Gaza sont un nouveau phénomène des les villes israéliennes arabes, a noté Nasser. Peut-être que les citoyens avaient peur de l’oppression du gouvernement ou de détruire les délicates relations qu’ils avaient avec les collègues juifs, suppose-t-elle. Nombreux proches lui ont fait part de leur hostilité aux juifs, nouvellement prononcée, « même de gens politiquement au centre ».

Une tentative de dialogue avec une école juive de Sdérot en 2008 a laissé Nasser désespérée face à la possibilité de coexistence.

« Il y a eu de nombreuses confrontations verbales et d’abus entre nous » a-t-elle raconté. « L’idée était la coexistence, mais j’en suis arrivée à sentir que cette coexistence ne marchera pas ».

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