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Pour Ottawa, le crash en Iran est sans doute dû à un missile iranien

Selon des sources de renseignement canadiennes et alliées, le Boeing 737 qui s'est écrasé près de Téhéran a été abattu par un missile iranien, probablement par erreur

Des équipes de secours travaillent au milieu des débris après qu'un avion ukrainien transportant 176 passagers se soit écrasé près de l'aéroport Imam Khomeini dans la capitale iranienne, Téhéran, tôt le matin du 8 janvier 2020. Le Boeing 737 avait quitté l'aéroport international de Téhéran à destination de Kiev. (Crédit : AFP)
Des équipes de secours travaillent au milieu des débris après qu'un avion ukrainien transportant 176 passagers se soit écrasé près de l'aéroport Imam Khomeini dans la capitale iranienne, Téhéran, tôt le matin du 8 janvier 2020. Le Boeing 737 avait quitté l'aéroport international de Téhéran à destination de Kiev. (Crédit : AFP)

Le Boeing 737 qui s’est écrasé mercredi près de Téhéran a sans doute été abattu par un missile iranien, probablement par erreur, a affirmé jeudi le Premier ministre canadien Justin Trudeau en s’appuyant sur des sources de renseignement canadiennes et alliées.

L’Iran a aussitôt demandé au Canada de lui fournir ses informations, en parlant de « mises en scènes douteuses ».

Jeudi soir, l’agence américaine en charge de la sécurité des transports (NTSB) a annoncé que les Etats-Unis allaient participer à l’enquête sur le crash.

La catastrophe, qui a entraîné la mort de 176 personnes, majoritairement des Iraniens et des Canadiens, est survenue peu après des tirs de missiles par Téhéran sur des bases utilisées par l’armée américaine en Irak.

« Nous avons des informations de sources multiples, notamment de nos alliés et de nos propres services », qui « indiquent que l’avion a été abattu par un missile sol-air iranien », a déclaré M. Trudeau lors d’une conférence de presse. « Ce n’était peut-être pas intentionnel », a-t-il ajouté.

« Ces informations vont sans aucun doute provoquer un nouveau choc aux familles déjà endeuillées par cette tragédie sans nom », a-t-il poursuivi. Pour lui, ces derniers développements renforcent « la nécessité d’une enquête approfondie », à laquelle il souhaite que le Canada soit associé.

Un autel avec des photographies des victimes qui ont été tuées dans un crash d’avion en Iran pendant une veillée à leur mémoire, le 9 janvier 2020 à Ottawa, Canada. (Crédit : Dave Chan/Getty Images/AFP)

Son homologue britannique Boris Johnson lui a emboîté le pas, affirmant qu’il existait un « ensemble d’informations » selon lesquelles le Boeing 737 ukrainien a été « abattu par un missile sol-air iranien ». « Cela pourrait bien avoir été accidentel », a-t-il déclaré dans un communiqué.

Sans se montrer aussi explicite, le président américain Donald Trump avait plus tôt exprimé ses « doutes » sur la thèse d’un problème mécanique. « J’ai le sentiment que quelque chose de terrible s’est passé », avait-il dit, évoquant une possible « erreur ».

Dénégations iraniennes

Les autorités iraniennes affirment de leur côté que les « rumeurs » selon lesquelles l’avion d’Ukraine Airlines International aurait été abattu par un missile n’ont « aucun sens ».

L’avion de ligne ukrainien avait décollé mercredi matin de Téhéran en direction de Kiev avant de s’écraser deux minutes après.

Une vidéo d’une vingtaine de secondes, qui montrerait le moment où un missile frappe le Boeing de la compagnie UAI, a été largement diffusée sur les réseaux sociaux. Sur les images, filmées de nuit, on peut voir un objet lumineux grimpant rapidement vers le ciel et frappant ce qui semble être un avion.

La vidéo, qui n’a pas pu être formellement authentifiée par l’AFP, a été publiée par plusieurs médias, dont le New York Times sur son site internet.

Une cinquantaine d’experts ukrainiens sont arrivés jeudi à Téhéran pour participer à l’enquête et notamment au décryptage des boîtes noires de l’appareil.

« À un moment ou à un autre, ils remettront les boîtes noires, idéalement à Boeing, mais s’ils les donnent à la France ou un autre pays, cela irait aussi », a affirmé Donald Trump.

Une certaine confusion règne sur le sort de ces boîtes noires, cruciales pour les investigations à venir.

Mercredi, l’agence Mehr, proche des ultraconservateurs, a cité des propos d’Ali Abedzadeh, président de l’Organisation de l’aviation civile iranienne (CAO) selon lesquels l’Iran ne remettrait pas les boîtes noires aux Américains. Mais le ministère iranien des Transports a depuis rejeté « les rumeurs sur la résistance de l’Iran à livrer les boîtes noires (…) aux Etats-Unis ».

Seuls quelques pays, dont les Etats-Unis mais aussi l’Allemagne ou la France, ont les capacités techniques d’analyser les boîtes noires.

Le Premier ministre du Canada, Justin Trudeau, lors d’une réunion entre les Premiers ministres des provinces canadiennes à Montréal, le 7 décembre 2018. (Crédit : MARTIN OUELLET-DIOTTE / AFP)

Jeudi, Téhéran a invité Boeing, le constructeur de l’aéronef, à « participer » à l’enquête.

Le Bureau canadien de la sécurité des transports a pour sa part indiqué avoir accepté une invitation de l’autorité de l’aviation civile iranienne à se joindre à l’enquête.

M. Trudeau a par ailleurs estimé que la France, dont la société Safran fabrique les moteurs du Boeing 737 en partenariat avec l’Américain General Electric, devrait être associée étroitement aux investigations.

Deuil national en Ukraine

Cette catastrophe aérienne est la plus meurtrière impliquant des Canadiens depuis l’attentat contre un Boeing 747 d’Air India en 1985, dans lequel 268 Canadiens avaient trouvé la mort.

Pays qui accueille une importante diaspora iranienne, le Canada a rompu ses relations diplomatiques avec l’Iran en 2012 en reprochant à la République islamique son soutien à Bachar al-Assad en Syrie.

Kiev examine différentes hypothèses de travail parmi lesquelles un tir de missile antiaérien, l’explosion d’une bombe placée à bord, ou encore une collision avec un drone.

Le président Volodymyr Zelensky a décrété jeudi une journée de deuil national, promettant d’établir la vérité sur ce drame.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky chante l’hymne national lors de sa cérémonie d’intronisation au parlement de Kiev, le 20 mai 2019. (Crédit : GENYA SAVILOV/AFP)

Selon un rapport d’enquête préliminaire de l’aviation civile iranienne, des témoins oculaires ont rapporté qu’un incendie avait été observé dans l’avion.

La CAO laisse entendre que parmi les témoins de l’incendie figurent des personnes au sol et d’autres à bord d’un appareil qui se serait trouvé au-dessus du Boeing au moment du drame.

Après ce départ de feu d’origine encore indéterminée, l’avion a changé de direction, et, selon la CAO, il « était sur le chemin du retour à l’aéroport » quand il s’est écrasé dans un parc de loisirs près de Chahriar, ville située à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de la métropole téhéranaise.

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