Pour Rashida Tlaib, impossible d’être progressiste et pro-Israël
Des membres démocrates du Congrès et l'ADL reprochent à la députée d’avoir dit : « On ne peut pas être progressiste et soutenir l’apartheid pratiqué par Israël »
JTA – La question, qui circule depuis des années, est aujourd’hui rejetée par les membres du Congrès : qu’est-ce qui cadre le mieux avec la notion de « progressiste », favorable ou défavorable à Israël ?
Rashida Tlaib, Représentante démocrate du Michigan palestino-américaine et unique membre du Congrès opposée à la définition que se donne Israël d’un État juif, a déclaré mardi qu’il n’y avait pas de place dans le mouvement progressiste pour ceux qui soutiennent ce qu’elle a qualifié de gouvernement « d’apartheid » d’Israël.
« Je veux que cela se sache chez les progressistes : il est évident qu’on ne peut plus se dire progressiste, tout en soutenant le gouvernement d’apartheid d’Israël. Nous continuerons à nous y opposer et à refuser l’idée d’un progressisme qui s’accommode de la situation avec la Palestine », a déclaré Tlaib dans un forum en ligne organisé par des musulmans américains pour la Palestine.
« Progressiste, mais pas en ce qui concerne la Palestine » est depuis des années le reproche que les progressistes pro-palestiniens font aux progressistes pro-israéliens. Le soutien aux Palestiniens et la critique d’Israël se sont développés ces dernières années au sein du mouvement progressiste, mais un nombre important de membres du Congrès demeurent alignés sur la communauté pro-israélienne.
Jonathan Greenblatt, chef de l’Anti-Defamation League (ADL), a publié sur Twitter la vidéo de Tlaib, assortie de ce commentaire : « En une phrase, [Tlaib] dit aux Juifs américains qu’ils doivent prouver leur anti-sionisme avant de pouvoir se dire progressistes, mais elle laisse libre cours à son antisémitisme en calomniant Israël, qu’elle qualifie d’Etat d’apartheid. »
Tlaib est membre de la mouvance progressiste du Congrès. A ce jour, au moins deux de ses pairs ont déclaré trouver ses déclarations blessantes.
« Je rejette totalement l’idée qu’il soit impossible de soutenir, à la fois, le droit d’Israël à exister en tant qu’État juif et démocratique et d’être progressiste », a déclaré le démocrate new-yorkais Jerry Nadler, qui est juif.
De New-York toujours, Ritchie Torres, qui est gay et vante la protection des droits LGBTQ qu’Israël offre à ses citoyens, s’en est pris à d’autres déclarations de Tlaib.
« Je ne vois rien de progressiste dans le fait d’appeler à ce qu’Israël ne soit plus qualifié d’État juif », a-t-il déclaré. « Tout comme je ne vois rien de progressiste à s’opposer aux Accords d’Abraham, qui promeuvent la paix. Enfin, je ne vois rien de progressiste dans l’opposition au Dôme de fer, qui protège les civils des tirs de roquettes aveugles. »
Un certain nombre d’autres membres du mouvement progressiste ont pris part au forum en ligne, dont Marie Newman de l’Illinois, Andre Carson de l’Indiana et Judy Chu de californie.
La Représentante Debbie Wasserman Schultz, de Floride, qui n’est pas membre du mouvement progressiste, mais est l’un des principaux membres démocrates juifs du Congrès, s’est fendue de ce commentaire.
« Les propos scandaleux de [Tlaib] sur Israël et les progressistes sont une forme d’antisémitisme », a déclaré Wasserman Schultz. « Les progressistes soutiennent fièrement le droit d’Israël à exister en tant qu’État juif et démocratique. Suggérer le contraire est honteux et dangereux. Les discours de division ne sont jamais vecteurs de paix. »
Le Représentant Ted Deutch, autre démocrate juif de Floride qui prend sa retraite pour prendre la direction de l’American Jewish Committee (AJC), a déclaré que le soutien à Israël était, en soi, une valeur progressiste.
« Pour nombre de militants progressistes, d’étudiants progressistes et de membres progressistes du Congrès, le soutien à un Israël démocratique fait partie de leurs valeurs progressistes les plus profondes », a-t-il déclaré.
« Ils ont tous leur place. Nous ne nous laisserons pas réduire au silence. »
Jared Moskowitz, candidat démocrate juif à la succession de Deutch, a inversé les propos de Tlaib pour mieux la critiquer.
« Je veux que cela se sache chez #lesprogressistes : il est évident qu’on ne peut plus se dire progressiste tout en étant antisémite », a-t-il déclaré.