Pourim en Israël au temps du Coronavirus
"Le coronavirus ne nous fait pas peur !", affirme Shira Merenstain, 14 ans, visage peinturluré, à l'image de ses trois frères et soeurs

Dans les rues d’Israël, des milliers de Juifs célèbrent cette semaine la fête juive de Pourim marquant la vaine tentative d’un dirigeant perse de l’Antiquité d’anéantir les Juifs. Au programme, comme le veut la coutume : lecture du récit de Pourim, charité, déguisements, alcool et festins.
Or, Israël a interdit mardi les rassemblements de plus de 2 000 personnes, parmi d’autres mesures drastiques pour lutter contre la propagation du nouveau coronavirus.
Néanmoins, de nombreuses personnes se sont, par tradition, coronavirus ou non, rassemblées lundi soir dans les rues de Tel Aviv à l’occasion de la fête.
Des vidéos postées sur les réseaux sociaux ont ainsi montré de larges groupes déguisés en train de danser et chanter à l’unisson.
Italy currently on lockdown due to the Corona Virus.
Meanwhile in Israel:#coronavirus #purim #israel #telaviv #COVID19 pic.twitter.com/6KPXt46pQB
— Aran Clayton (@Aranclayton) March 11, 2020
La municipalité de Tel Aviv a également publié une vidéo d’un évènement dans la ville, de moindre ampleur. La grande parade traditionnelle de l’adloyada à Holon, au sud de Tel Aviv, avait elle été supprimée.
Happy Purim from Tel Aviv- GOOD VIBES ONLY✌????????Video by Tal Almog
פורסם על ידי Tel Aviv City ב- יום שלישי, 10 במרץ 2020
A Bnei Brak, une ville où réside une importante communauté ultra-orthodoxe dans la périphérie de Tel-Aviv, les habitants déambulent mardi déguisés en licornes, en soldats ou en princesses, dans un concert de klaxons. Le miracle de Pourim ayant eu lieu principalement grâce à l’ivresse et l’enivrement, certains hommes, bouteilles de vin rouge à la main, titubent et s’enlacent, faisant fi de toutes les recommandations sanitaires des autorités, qui ont conseillé à la population d’éviter tout contact physique.
Le grand rabbin d’Israël David Lau a rappelé qu’aucune obligation religieuse n’était plus importante que le respect de la vie, affirmant que suivre les directives du ministère de la Santé était « une obligation religieuse ».

« Ce sont les personnes qui regardent la télévision qui ont peur du coronavirus, mais nous on ne la regarde pas ! », s’exclame Ahuva Alfa, une juive ultra-orthodoxe entourée de son mari et de ses six garçons.
La mère de famille se souvient que « pendant la guerre du Golfe (1990-1991), le rabbin Kanievsky avait dit qu’aucun missile ne tomberait sur Bnei Brak, et ils sont tous tombés à Ramat Gan (ville voisine, NDLR) ». « Alors quand il dit qu’il n’y aura pas de coronavirus à Bnei Brak, ça veut dire qu’il n’y en aura pas ! », assure-t-elle.
« Pas peur »
Soixante-seize cas de coronavirus ont été confirmés en Israël, où toute personne arrivant sur le territoire doit se mettre en quarantaine, ont annoncé lundi les autorités.
« Le coronavirus ne nous fait pas peur ! », réplique Shira Merenstain, 14 ans, visage peinturluré, à l’image de ses trois frères et soeurs.

Leur mère Ruchama affirme que « la prière suffit ».
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« Faire ce qu’il faut faire »
« Ce qui doit arriver arrivera », philosophe Rivi Bard, 30 ans.
« Il y a une expression juive qui dit : ‘celui qui respecte un commandement religieux ne peut pas être blessé' », explique-t-il, devant une synagogue où des dizaines de femmes aux cheveux couverts par des turbans s’occupent de leurs enfants excités par la fête.
« Dieu s’occupe de nous, et nous faisons ce qu’il faut faire en ce jour si spécial. »

Israël a annoncé mardi la fermeture du point de passage d’Allenby, reliant la Cisjordanie à la Jordanie, qu’il contrôle.
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