Israël en guerre - Jour 494

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Pourquoi Netanyahu est contre la commission pour lutter contre les armes illégales

Le député de Meretz, Issawi Frej, a demandé à la Knesset d'enquêter sur la crise des armes inondant la société arabe

Simona Weinglass est journaliste d'investigation au Times of Israël

Le membre arabe de la Knesset, Ahmed Tibi (à gauche) s'entretenant avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors d'une session de la Knesset d'une commission d'enquête parlementaire sur la violence dans la communauté arabe, le 13 février, 2012 (Crédit : Kobi Gideon / Flash90)
Le membre arabe de la Knesset, Ahmed Tibi (à gauche) s'entretenant avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors d'une session de la Knesset d'une commission d'enquête parlementaire sur la violence dans la communauté arabe, le 13 février, 2012 (Crédit : Kobi Gideon / Flash90)

S’il y a un sujet sur lequel la plupart des membres de la Knesset s’accordent, tout du moins dans leurs déclarations publiques, c’est sur la nécessité de collecter les armes illégales, en particulier parmi les citoyens arabes.

Voilà pourquoi un vote qui a eu lieu à la Knesset la semaine dernière peut paraître surprenant.

Pourquoi la coalition dirigée par le Likud, le 6 janvier a contrecarré une proposition visant à mettre en place une commission d’enquête pour examiner la prolifération des armes illégales ? Est-ce que le Premier ministre a quelque chose à cacher, comme ses détracteurs le prétendent, ou a-t-il tout simplement préféré prendre en charge le problème par d’autres moyens, loin des projecteurs ?

Voici le problème : Il y a 500 000 armes illégales en circulation dans les communautés arabes d’Israël, a déclaré le député de Meretz, Issawi Frej, citant ce qu’il dit être des estimations non officielles de la police, au Times of Israel.

Avec des gens blessés chaque jour, Frej qualifie la situation « de terrorisme civil dans toute la société arabe ». Les membres arabes de la Knesset ont demandé au gouvernement pendant près de dix ans de confisquer ces armes illégales, sans grand succès, disent-ils.

Mercredi dernier, Frej a déclaré lors de l’assemblée plénière de la Knesset qu’il aimerait connaître la source de ces armes et pourquoi il n’y a eu aucun effort de grande échelle pour les retrouver.

À cette fin, il a demandé la création d’une commission d’enquête parlementaire. Malgré le fait que Netanyahu a déclaré qu’il était déterminé à confisquer les armes illégales, sa coalition dirigée par le Likud a voté contre l’initiative de Frej.

Le député du Meretz Issawi Frej, au centre (Crédit : Autorisation)
Le député du Meretz Issawi Frej, au centre (Crédit : Autorisation)

Frej s’est adressé à la séance plénière de la Knesset le même jour où la comission des affaires internes de la Knesset a tenu une session d’urgence sur le problème des armes illégales, en particulier dans la communauté arabe, dans le sillage de la fusillade orchestrée par le citoyen arabe israélien, Nashat Milhem, à Tel-Aviv le 1er janvier. (Milhem a utilisé une mitraillette sophistiquée qui apparemment était à son père Mohammed, un gardien de sécurité et ancien volontaire de la police.)

Le jour suivant les attentats, le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui était au bar Simta sur la rue Dizengoff, où Milhem a lancé sa fusillade meurtrière, a déclaré qu’il était déterminé à imposer la règle de droit à la minorité arabe d’Israël.

Nashat Milhem, l'homme arabe israélien qui aurait perpétré la fusillade à Tel Aviv le 1er janvier 2016 (Photo: Police israélienne)
Nashat Milhem, l’homme arabe israélien qui aurait perpétré la fusillade à Tel Aviv le 1er janvier 2016 (Photo: Police israélienne)

« Je ne vais pas accepter deux nations au sein d’Israël : une nation légitime pour tous ses citoyens et une [deuxième] nation-dans-une-nation pour certains de ses citoyens, dans des poches de non-droit », a déclaré Netanyahu.

« Vous ne pouvez pas dire, ‘je suis Israélien dans mes droits et Palestinien dans mes obligations’. Si vous voulez être Israélien, soyez complètement Israélien et votre obligation avant tout est de suivre les lois de l’État ».

Netanyahu a promis de sévir contre les armes illégales au sein de la communauté arabe d’Israël, qui constitue 20 % de la population.

« C’est une formule, rien de plus », a déclaré Frej au Times of Israel en ce qui concerne la déclaration de Netanyahu, et à la lumière du vote de la coalition contre son initiative pour une comission d’enquête.

« Si Netanyahu était Pinocchio, son nez ferait des kilomètres de long. Tout le monde dans la coalition connaît le problème de la violence dans le secteur arabe, mais ils ne font rien parce que nous sommes l’arrière-cour du pays ».

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s'adresse à la presse rue, dans le centre de Tel Aviv, le 2 janvier 2016, au lendemain d'une fusillade qui a tué deux personnes dans un bar. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’adresse à la presse rue, dans le centre de Tel Aviv, le 2 janvier 2016, au lendemain d’une fusillade qui a tué deux personnes dans un bar. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

Interrogé sur quel intérêt Netanyahu pourrait avoir à mettre en échec une proposition qui semble être aux prises avec ses propres objectifs déclarés, a déclaré Frej, « S’il y a une commission d’enquête, cela pointera vers son incapacité à faire quoi que ce soit au cours des sept dernières années qu’il a été au bureau ».

Frej a dit que certains membres de la coalition lui ont dit en privé qu’ils étaient d’accords avec lui sur l’impératif de passer à l’action.

« Alors je leur ai dis : ‘alors, votez avec moi’. Ils m’ont répondu : ‘non nous ne pouvons pas, il y a la discipline de la coalition’ ».

The Times of Israel a contacté sept ministres de la coalition et les membres de la Knesset pour découvrir le raisonnement qui se cache derrière leur vote contre la proposition de Frej. Il en est ressorti de certaines des conversations qu’il y avait un soutien ferme sur la nécessité d’aborder la question mais pas par les moyens suggérés par Frej.

Le député David Amsalem du Likud (Crédit : Miriam Alster/FLASH90)
Le député David Amsalem du Likud (Crédit : Miriam Alster/FLASH90)

Le président de la coalition, Tzahi Hanegbi (Likud), a déclaré qu’il n’était pas au courant de ce vote en particulier parce qu’il était à l’étranger la semaine dernière et que les votes de la coalition sont déterminés par la commission ministérielle pour la législation dirigée par la ministre de la Justice Ayelet Shaked (HaBayit HaYehudi).

Un porte-parole de Shaked a déclaré qu’elle était également absente la semaine dernière et que la commission ministérielle avait été dirigée par le député Yariv Levin. Le bureau de Levin n’a pas répondu aux demandes répétées de commenter.

Interrogé sur la source des armes illégales, le bureau du ministre de la Sécurité intérieure, Gilad Erdan, a déclaré que « cela est une question pour la police ». Le ministère d’Erdan supervise la police.

Frej a expliqué que lui aussi a demandé aux membres de la coalition pourquoi ils ont voté contre la commission d’enquête. « Ils ont dit : ‘Le Premier ministre a promis de s’occuper des armes illégales’ ».

« Mais il ne s’en occupera pas », a ajouté Frej. « Ce qui a été est ce qui sera [encore], j’en suis sûr ».

Un porte-parole du Likud pour le député David Amsalem a déclaré au Times of Israël qu’Amsalem se soucie du problème des armes illégales. Voilà pourquoi, en tant que président de la commission des affaires internes de la Knesset, il a tenu l’audience du 6 janvier.

Amsalem « tente de résoudre le problème par le biais de sa commission, alors pourquoi avez-vous besoin d’une commission d’enquête ? », s’est interrogé le porte-parole. « Pourquoi avez-vous besoin de plus en plus de commissions ? Nous allons étudier, voir ce qui se passe. Et la police a promis de présenter un plan d’action dans les 60 jours, nous allons leur donner une chance ».

Pour sa part, la députée du Likud, Anat Berko, a voté contre la proposition parce qu’ « elle ne pense pas qu’une commission d’enquête peut faire avancer l’aspect pratique de la confiscation des armes (qu’elle favorise évidemment) », a déclaré son porte-parole.

« En général, les commissions d’enquête ne sont pas une solution, et dans ce cas, tout le monde sait ce qui doit être fait, mais il y a une crainte que la confiscation des armes pourrait être accompagnée par de violents affrontements et même des victimes. Il serait utile que les députés arabes non seulement appellent à la collecte des armes, mais aussi devraient appuyer leurs appels en demandant à leurs électeurs de permettre que la confiscation ait lieu sans friction violente ».

D’où viennent les armes ?

Lors de son discours à la Knesset, Frej a souligné plusieurs incohérences dans ce que les responsables israéliens disent être la source d’armes illégales dans la communauté arabe.

Par exemple, le ministre de la Sécurité intérieure Erdan a déclaré à la commission des affaires intérieures de la Knesset, le 6 janvier, que 90 % des armes illégales viennent de l’armée israélienne.

Mais un représentant de Tsahal aurait déclaré lors de la même réunion que seuls 80-90 des armes à feu sont volées en moyenne par an.

« Quelle est la source de ces armes ? », a demandé Frej à la Knesset. « Nous voulons une réponse. Est-ce que cela ne nécessite pas une commission d’enquête ? Réveillez-vous. Pourquoi ne demandez-vous pas au moins ce qui se passe dans l’armée israélienne ? Est-ce que les grenades assourdissantes et les armes anti-chars lumineux proviennent de l’Autorité palestinienne ? ».

La députée du Likud, Anat Berko, (au centre) lors d'une joute verbale avec Frej le 6 janvier (Crédit : Capture d'écran de la Chaîne de la Knesset)
La députée du Likud, Anat Berko, (au centre) lors d’une joute verbale avec Frej le 6 janvier (Crédit : Capture d’écran de la Chaîne de la Knesset)

« Oui », est intervenue Berko du Likud.

« 500 000 armes de l’AP sont entrées en Israël ? », a demandé Frej, incrédule.

« Je vais vous donner un millier de dollars (pour dépenser là-bas, et vous verrez) », a-t-elle répondu, « Ils ont des usines ».

Frej a secoué la tête, puis a déclaré à la session plénière qu’en l’absence d’une commission d’enquête, les théories du complot circulaient dans la rue arabe israélienne.

« Ce que les gens disent est que l’establishment nous inonde avec des armes pour que nous nous tuons les uns et les autres et nous n’aurons pas le temps pour les universités et à nous faire avancer. Voilà la conversation et c’est de votre faute. Est-ce que c’est vrai, est-ce que ce n’est pas vrai ? Je ne sais pas ».

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