Poutine persona non grata au 80e annniversaire du Débarquement de Normandie
La Russie sera conviée aux célébrations début juin, au nom de sa contribution à la victoire sur l'Allemagne nazie, mais pas son président en raison de la "guerre d'agression" russe en Ukraine
La Russie sera conviée aux célébrations du 80e anniversaire du Débarquement en Normandie début juin, au nom de sa contribution à la victoire sur l’Allemagne nazie, mais pas son président Vladimir Poutine en raison de la « guerre d’agression » russe en Ukraine, a annoncé mardi l’organisateur des commémorations.
« Compte tenu des circonstances (l’offensive russe en Ukraine, NDLR), le président Poutine ne sera pas invité à participer aux commémorations du débarquement de Normandie », a indiqué la Mission Libération, à la manœuvre des célébrations.
« La Russie sera toutefois invitée à être représentée pour que l’importance de l’engagement et des sacrifices des peuples soviétiques, ainsi que sa contribution à la victoire de 1945, soient honorées », a-t-elle ajouté, confirmant une information d’Europe 1.
Aucune précision n’a été donnée sur le niveau auquel la Russie pourrait être représentée à ces cérémonies.
Le président américain Joe Biden est notamment attendu le 6 juin pour cette date anniversaire hautement symbolique du « D-Day » (Jour-J). Son prédécesseur Donald Trump avait également fait le voyage de Normandie pour le 75e anniversaire en 2019, ou Barack Obama en 2014.
Vladimir Poutine avait été convié aux célébrations du 60e anniversaire en juin 2004, au côté de Jacques Chirac, puis à celles du 70e en 2014 malgré l’annexion de la Crimée trois mois plus tôt par la Russie.
Le président russe et son homologue ukrainien Petro Porochenko s’étaient alors parlé pour la première fois, en pleine insurrection prorusse dans l’est de l’Ukraine, que les Occidentaux accusaient Moscou d’attiser, voire d’orchestrer directement.
La rencontre, en présence du président français François Hollande et de la chancelière allemande Angela Merkel, avait alors ouvert la voie à des discussions associant les quatre pays, au format dit « Normandie », afin de tenter de trouver une issue à la crise ukrainienne, qui se sont poursuivies jusqu’à l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022.
« Pas un problème »
Vladimir Poutine n’avait en revanche pas été invité au 75e anniversaire du « Jour-J », en 2019, alors que la situation s’enlisait dans l’est de l’Ukraine et que les relations se tendaient déjà lourdement avec l’Occident. De telles invitations sont plutôt réservées aux anniversaires en « 10 » et non en « 5 », avait-on alors relevé à Paris, sans plus de précisions.
M. Poutine avait alors assuré que ce n’était « absolument pas un problème ». Et Moscou avait appelé à ne pas « exagérer » l’importance du Débarquement allié, rappelant les 27 millions de morts soviétiques pendant la Seconde Guerre mondiale.
Sans les « efforts titanesques » de l’URSS, cette victoire « n’existerait tout simplement pas », avait alors lancé la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova.
Le maître du Kremlin justifie par ailleurs désormais l’invasion de l’Ukraine par la volonté de « dénazifier » et « démilitariser » cet Etat.
« Contrairement au régime du Kremlin, la France ne conduit pas de politique de révisionnisme historique », a souligné la Mission, présidée par Philippe Etienne, ancien ambassadeur de France aux Etats-Unis.
« Historiquement, la France a toujours invité à la cérémonie les pays dont les contingents ont débarqué en Normandie. Par ailleurs, l’invitation a pu, par le passé, être élargie à la Fédération de Russie », rappelle-t-elle également.
Etape clé de la libération de l’Europe du joug nazi, ce débarquement est le plus important de l’histoire par le nombre de bâtiments engagés: 6 939 navires ont débarqué 132 700 hommes sur les plages de Normandie.
En Russie, le souvenir de la « Grande Guerre Patriotique », nom donné au conflit armé entre l’URSS et l’Allemagne nazie, reste la source d’une immense fierté et constitue un pilier essentiel du patriotisme prôné par le Kremlin.