Premier ministre de l’AP: Les médecins israéliens doivent soigner en Cisjordanie
Mohammad Shtayyeh suggère que, depuis l'arrêt du paiement par l'AP des soins médicaux pour les Palestiniens dans les hôpitaux israéliens, il faut que "la montagne vienne à Mahomet"
Le Premier ministre de l’Autorité palestinienne, Mohammad Shtayyeh, a proposé que les médecins israéliens travaillent dans les hôpitaux palestiniens de Cisjordanie afin d’économiser sur les frais de transport de patients en Israël pour y suivre un traitement.
Shtayyeh a fait cette suggestion lors d’une réunion avec une délégation de Physicians for Human Rights-Israel – PHRI, [Médecins pour les droits de l’homme – Israël], dans la ville de Ramallah, en Cisjordanie.
Le Premier ministre a déclaré qu’une telle décision signifierait « qu’au lieu que Mahomet aille à la montagne, la montagne vienne à Mahomet », a rapporté l’agence de presse officielle palestinienne Wafa.
L’Autorité palestinienne règle depuis longtemps la plupart des factures médicales des Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza qui sont envoyés dans des hôpitaux israéliens pour des traitements qui ne sont pas disponibles dans les hôpitaux palestiniens, mais elle a cessé de payer ces traitements en mars dans un contexte de crise financière causée par un conflit avec Israël concernant le transfert des recettes fiscales à l’AP.
Un porte-parole du ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne a déclaré à l’époque que la décision d’arrêter les paiements des soins médicaux avait été prise parce qu’Israël facturait trop cher les traitements.
Shtayyeh a répété cette accusation aux médecins visiteurs lors de leur réunion de mercredi. Il leur a dit que les hôpitaux israéliens extorquaient les Palestiniens avec des prix exorbitants et des séjours à l’hôpital inutilement longs pour gonfler les coûts, et c’est pourquoi l’AP a arrêté les paiements, a rapporté Wafa.
Shtayyeh a dit qu’il avait proposé qu’un comptable indépendant examine les dépenses, mais que les hôpitaux israéliens avaient refusé de coopérer.
Le directeur exécutif de PHRI, Ran Goldstein, a déclaré au radiodiffuseur public Kan que la proposition de Shtayyeh d’envoyer des médecins israéliens travailler en Cisjordanie était réalisable.
« Je pense que ce serait très pratique », a-t-il dit, notant que l’offre de Shtayyeh a été étendue aux médecins arabes et juifs. « Cela ne veut pas dire qu’un médecin ira travailler à plein temps en Cisjordanie, mais s’il y a une sorte de programme, avec la bonne volonté des deux parties, Israéliens et Palestiniens, c’est certainement possible.
M. Goldstein a dit croire que de nombreux médecins seraient intéressés pour participer par sens du devoir moral.
Des sources israéliennes qui connaissent bien les programmes de traitement ont rejeté les affirmations de Shtayyeh sur les coûts élevés et les séjours prolongés, a déclaré la station de radio. Kan a noté que, si la plupart des traitements ont été interrompus, les hauts responsables de l’Autorité palestinienne et les membres de leur famille continuent de recevoir des traitements, payés par Ramallah.
Bien que l’Autorité palestinienne ait cessé d’envoyer les patients vers les hôpitaux israéliens, elle continue de les diriger vers les hôpitaux de Jérusalem-Est.
Au cours des 12 mois qui ont précédé l’arrêt des paiements de l’Autorité palestinienne, quelque 50 000 Palestiniens ont été soignés dans des hôpitaux israéliens, pour un coût d’environ 100 millions de dollars en frais de santé, selon le ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne.
L’Autorité palestinienne a vu ses coffres se rétrécir depuis qu’elle a commencé à refuser d’accepter des transferts fiscaux d’Israël en février pour protester contre le fait qu’Israël saisisse les transferts pour compenser les paiements qu’elle verse aux terroristes et à leurs familles. Israël affirme que cette politique encourage la poursuite de la violence, alors que le Président de l’AP Mahmoud Abbas avait insisté pour qu’il reçoive tout ou rien.
Au début du mois, l’Autorité palestinienne a accepté de nouveau les transferts fiscaux, qui s’élèvent à quelque 600 millions de shekels (environ 150 millions d’euros) par mois et constituent une source essentielle de financement pour cette autorité. Israël perçoit les taxes sur les marchandises qui transitent par les ports israéliens avant de se rendre dans les Territoires palestiniens.