Premier usage par le Hezbollah des roquettes Fadi contre Israël
Cette arme garantit au groupe terroriste chiite libanais une portée et une charge plus importantes, sans jouir toutefois d'une grande précision
Le groupe terroriste islamiste libanais du Hezbollah, allié de l’Iran, a revendiqué des tirs de roquettes Fadi vers Israël, une arme qui lui garantit une portée et une charge plus importantes, sans toutefois jouir d’une grande précision.
C’est la première fois que les Fadi sont utilisées par le Hezbollah depuis l’attaque du groupe terroriste islamiste palestinien du Hamas contre Israël le 7 octobre, à l’origine de la guerre qui fait rage depuis dans la bande de Gaza.
L’agence iranienne Mehr, citant le Hezbollah, décrit une roquette tactique sol-sol à usages multiples. La Fadi-1 mesure 6 mètres de long avec un calibre de 220 mm, et emmène une charge explosive de 83 kg sur une portée de 70 km. La Fadi-2, dont le Hezbollah a revendiqué l’usage dimanche, fait la même longueur mais pour un calibre de 302 mm. Sa charge atteint les 170 kg et sa portée 100 km.
Selon Elliot Chapman, expert de la région pour la société de renseignement privée britannique Janes, la roquette non guidée « ressemble à la roquette syrienne de 302 mm Khaibar », elle-même « version manufacturée syrienne du chinois WS-1 ».
L’engin, précise-t-il, apparaissait vraisemblablement dans une vidéo diffusée mi-août par l’organisation, montrant des combattants dans de larges tunnels éclairés, creusés dans la roche et parcourus de camions, ainsi qu’une trappe révélant un grand lanceur dirigé vers le ciel.
Aucune information n’était accessible mardi sur leur lieu de fabrication, au Liban ou à l’extérieur.
La quantité dont disposerait le groupe terroriste chiite pro-iranien n’est pas connue non plus. Mais selon diverses estimations crédibles, ce dernier s’appuierait sur des milliers de roquettes non guidées de divers types, capables de frapper dans un rayon de 45 à 200 km.
« L’impact sur ses capacités de la campagne de frappes aériennes israéliennes reste encore inconnu », tempère Elliot Chapman. Quant à la précision de l’engin, elle semble assez aléatoire, comme en témoigne l’écart entre les cibles annoncées et les résultats des frappes.
« Dôme de fer »
« Le Hezbollah a évité une escalade majeure dans ses attaques précédentes », affirme War Noir, un expert sous pseudonyme cofondateur du site spécialisé américain Militant Wire, expliquant ainsi l’usage jusqu’à présent de roquettes d’artillerie plus petites contre des sites militaires israéliens.
« Mais dès lors que l’escalade s’accentue, si le Hezbollah peut survivre aux intenses frappes de l’armée israélienne, ces roquettes lourdes devraient être utilisées plus fréquemment », possiblement contre des positions israéliennes plus importantes et plus distantes de la frontière israélo-libanaise, ajoute-t-il.
Les analystes semblent pour autant considérer qu’Israël a les moyens de se protéger, grâce à l’une des industries d’armement les plus avancées du monde et à son système de défense aérienne, le « Dôme de fer ». Avec l’appui financier, technologique et politique indéfectible des États-Unis.
En 2021, le Hezbollah revendiquait quelque 100 000 membres. L’Institut international pour les études stratégiques (IISS) en compte moitié moins.
Il y a un an, l’Institut israélien pour les études de sécurité (INSS) évaluait de son côté son arsenal à 150 000 à 200 000 roquettes et missiles de toutes sortes, dont « des centaines de missiles de précision ».
Le groupe avait organisé des manœuvres en mai 2023, montrant aussi des systèmes d’armes iraniens, syriens, russes et chinois.
Selon le centre israélien Alma, la roquette Fadi porte le nom de Fadi Hassan Tawil, un membre du Hezbollah tué par Israël en 1987. Son frère, Wissam Tawil, commandant de la force d’élite Radwan de l’organisation, a été tué pour sa part en janvier dernier par une frappe sur son véhicule.