Préparatifs pour la commémoration de l’Holocauste
Le Sénat américain obtient le droit de regard sur l'accord iranien ; le taux de cancer à Haifa relégué au second plan
Ilan Ben Zion est journaliste au Times of Israel. Il est titulaire d'une maîtrise en diplomatie de l'Université de Tel Aviv et d'une licence de l'Université de Toronto en études du Proche-Orient et en études juives
La journee de commémoration de la Shoah est devant nous, et les tabloïds sortent mercredi leur parure de survivant pour l’occasion. Mais au milieu des histoires de survivants et de leurs descendants, l’Iran continue de faire la une des journaux.
Yedioth Ahronoth et Israel Hayom couvrent largement le Yom Hashoah.
Yedioth propose un reportage photo avec des survivants de l’Holocauste et leurs petits-enfants ou arrière-petits enfants avec le titre : « Nous avons gagné ». On y voit des belles petites images telles que celle de l’amitié entre une survivante de la Shoah de 84 ans une jeune allemande de 19 ans bénévole dans sa maison de retraite et dont le grand-père était un soldat nazi.
Israel Hayom donne la répartition des cérémonies officielles pour les commémorations de la Shoah, qui sont dédiées cette année au 70e anniversaire de la fin de la guerre. « Peu importent vos efforts pour essayer de vous rappeler des événements de la Shoah, pour les commémorer et en tirer des leçons, vous ne pouvez vraiment pas les digérer », dit le journal.
Haaretz consacre sa page 3 à l’histoire d’un rabbin et d’un archevêque qui ont travaillé ensemble pour sauver les Juifs de la ville grecque de Volos pendant la Shoah. Dans l’ensemble, il adopte une approche beaucoup moins ampoulée pour couvrir la sombre journée.
Sans lésiner sur sa joie, Israel Hayom rapporte que le président américain Barack Obama ne décidera pas seul sur l’Iran seul après qu’une commission du Sénat ait approuvé un projet de loi donnant au Congrès une surveillance accrue sur tout accord global sur le nucléaire.
L’envoye special du quotidien parle d’un « grand coup » porté à Obama, qui « voulait vraiment jouer seul sur le terrain iranien », mais qui doit aujourd’hui compter avec le Congrès. La Maison Blanche a déclaré qu’Obama était susceptible de signer la proposition de loi.
« Il n’y avait aucune négociation entre la commission des Affaires étrangères du Sénat et la Maison Blanche » a révélé au journal une source du Sénat.
« La Maison Blanche a souhaité préserver son honneur et quand elle a vu qu’elle allait perdre a préféré évoquer une sorte de compromis. C’est un grand succès pour le Sénat et un grand échec pour la Maison Blanche, qui a beaucoup investi pour éviter que les représentants démocrates ne votent la loi ».
Sur le front iranien, Haaretz, fait état de l’appel téléphonique du Premier ministre Benjamin Netanyahu au président russe Vladimir Poutine, demandant au Kremlin de renoncer à la vente à l’Iran de missiles avancés de défense aérienne S-300.
Selon le quotidien, la demande de Netanyahu a été ecartée d’un revers de main, Poutine assurant à Jérusalem que les missiles n’étaient utilisés qu’à des fins défensives et ne constituaient pas une menace pour la sécurité d’Israël.
Haaretz rapporte aussi que les registres des visiteurs de la Maison Blanche publiés par l’administration Obama montrent que l’ambassadeur israélien aux États-Unis Ron Dermer n’a pas rencontré une seule fois en 2014 des collaborateurs de la Maison Blanche. Contrairement à Yair Netanyahu, le fils du Premier ministre, le chef de l’opposition Isaac Herzog, l’ancien Premier ministre Ehud Barak et la journaliste vedette de la Deuxième chaîne Yonit Levy.
Le journal signale que la révélation que Dermer ne se soit pas rendu une seule fois à la Maison Blanche « montre la déconnexion entre Dermer et les conseillers d’Obama » mais il reconnaît que la liste n’est pas exhaustive en cela qu’elle ne mentionne pas les réunions secrètes ou ni celles dans des bâtiments adjacents.
Yediot Aharonot rapporte que les autorités iraniennes sont furieuses après qu’une journaliste de Yedioth soit entrée dans le pays et ait écrit sur les réactions à l’accord nucléaire entre les puissances mondiales et Téhéran.
Même si Orly Azoulay s’était déjà rendue auparavant dans la République islamique, pour couvrir les élections le 2005, le journal rapporte que la publication de son article a suscité l’indignation sur la manière dont elle a reçu l’autorisation d’entrer dans le pays.
« Elle n’a rien à faire ici mis à part espionné », cite le papier qui cite un article de Lenz Iran qui lui-même reprend les propos d’un membre de la commission des Affaires étrangères et de la Défense du Parlement iranien qui évoquait Azoulay.
« Le problème est notre système de renseignements ». Selon l’article, chaque ministère essaie de placer la responsabilité de l’ « échec » des renseignements sur les épaules de l’autre.
Malgré l’indignation du public, le rapport du ministère de la santé qui fait le lien entre la pollution de l’air et les taux plus élevés de cancer dans la ville portuaire de Haïfa n’est mentionné qu’en dernières pages de la presse en hébreu.
Yedioth Ahronoth ne daigne évoquer qu’il y avait 780 cas de cancer dans la dernière décennie liée à la pollution de l’air, dont 30 d’entre eux étaient des cas de cancer chez des enfants, qu’à la dixième page.
Israël Hayom ne mentionne qu’en page 10 le fait que les chances d’avoir un cancer à Haïfa sont de 16 % plus élevés que la moyenne nationale. Haaretz l’évoque uniquement en page 8, en donnant à ce sujet un peu plus d’importance qu’aux parents qui s’unissent pour lutter contre le nombre de jours de vacances dans les écoles israéliennes.