« Préparation et changement » : Kohavi révèle ses ambitions coûteuses pour l’armée
En poste depuis trois mois, le chef d'Etat-major propose un plan pluriannuel pour améliorer l'armée — avec l'usage accru de l'intelligence artificielle et la fusion d'unités
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.
Alors qu’il est devenu chef d’Etat-major il y a trois mois, le général Aviv Kohavi vient de soumettre les lignes de son plan – qui s’étend sur plusieurs années – visant à améliorer l’armée israélienne. Certaines dispositions pourront être mises en place rapidement tandis que d’autres nécessiteront des approbations budgétaires et législatives avant leur mise en vigueur.
Selon l’armée, le plan de Kohavi, intitulé « Préparation et changement », se concentre sur la continuation et le renforcement de deux tendances existantes chez les militaires : une plus grande distribution de la technologie et des renseignements au sein de l’armée et une coopération améliorée entre ses différentes branches et unités variées.
« Préparation et changement » semble davantage s’inquiéter des changements à court-terme nécessaires pour améliorer rapidement l’efficacité – ce que les militaires désignent habituellement sous le terme de « létalité » – tandis que le plan « Gédéon » qui avait été ourdi par l’ex-chef d’Etat-major, le général réserviste Gadi Eizenkot, qui s’étendait lui aussi sur plusieurs années, s’était davantage intéressé à des changements structurels à long-terme au sein de l’armée israélienne.
Le plan de Kohavi comprendra également la création d’une unité au sein de l’administration de planification qui sera dirigée par un général de brigade, qui s’appellera « méthodes de combat et modernité » – « Shiluah », selon son acronyme en hébreu – qui se concentrera sur l’intégration de nouvelles technologies et techniques au sein de l’armée, a fait savoir Tsahal.
Une nouvelle task force chargée du choix des cibles sera également établie, réunissant les renseignements militaires, l’armée de l’air et les trois commandements régionaux. Ce groupe comprendra des éléments existants de ces unités et il élargira également l’usage de la technologie – en particulier l’intelligence artificielle et les mégadonnées – pour identifier les cibles potentielles des frappes militaires.
« Ce qui va améliorer le nombre et la qualité de ces cibles dans les différentes régions », a noté l’armée ce jeudi.
Tandis que les plans de Kohavi devraient affecter l’armée toute entière, les principaux bénéficiaires de l’ensemble de ces propositions seront les forces terrestres – infanterie, tanks, artillerie et génie de combat – qui ont été au centre d’un débat interne et public l’année dernière portant sur leur niveau de préparation à la guerre.
Afin de renforcer les capacités des forces terrestres, l’armée prévoit de leur octroyer des ressources supplémentaires, particulièrement sous la forme de missiles anti-tank de précision et d’un plus grand accès à la force aérienne.
« Cela renforcera les capacités des soldats au combat, aidera à vaincre l’ennemi et ôtera à ce dernier ses capacités très rapidement et de manière très puissante », ont expliqué les militaires.
Ces ressources supplémentaires et coûteuses devront être approuvées au niveau budgétaire par le gouvernement.
Une autre proposition potentiellement onéreuse figurant dans le plan vise à connecter la quasi-totalité des branches et unités de l’armée par le biais d’un intranet, ce qui permettrait un échange d’informations opérationnelles et de renseignements bien plus rapide que ce n’est le cas aujourd’hui.
Un groupe de travail dirigera le projet au sein de l’Etat-major.
« Nous avons compris que progresser à ce niveau permettra une meilleure collaboration et une meilleure connectivité au sein de toute l’armée et reliera l’ensemble des soldats et des plateformes sur le champ de bataille les uns aux autres », a fait savoir l’armée.
Kohavi a également demandé la mise en œuvre d’un plan existant qui prévoit de former une unité combinée constituée de l’infanterie, du génie de combat, de l’artillerie, des forces aériennes et des renseignements. Actuellement, ces diverses unités collaborent régulièrement les unes avec les autres mais elles sont structurellement séparées. Sous les termes du projet – qui avait d’abord été proposé par Eizenkot – tous ces éléments actuellement disparates seront réunis.
« Ce sera le modèle pour de futurs changements dans les unités de manœuvres », ont indiqué les militaires, utilisant le terme consacré pour désigner les forces terrestres.
Le plan Gédéon avait été très critiqué ces dernières années, essentiellement par l’ancien médiateur militaire Yitzhak Brick, qui avait estimé qu’il contribuait à une baisse de l’état de préparation de l’armée israélienne à la guerre ainsi qu’à un affaiblissement de la qualité de ses officiers.