Israël en guerre - Jour 370

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"Nous sommes captifs de Netanyahu et de Sinwar"

Près de 200 000 Israéliens dans les rues pour réclamer un accord sur les otages

La mère d'un otage est entrée dans une cage suspendue au-dessus d'une route de Tel Aviv, exigeant du gouvernement qu'il arrête "de traîner les pieds"

Des milliers de personnes ont marché jusqu’à la résidence du Premier ministre Benjamin Netanyahu à Jérusalem, dimanche dans la soirée, pour marquer les neuf mois très exactement qui se sont écoulés depuis le 7 octobre. Elles ont réclamé l’organisation de nouvelles élections et la conclusion d’un accord qui ouvrirait la porte à la remise en liberté des 120 otages qui sont encore retenus en captivité à Gaza.

Des milliers d’Israéliens se sont aussi réunis à Tel Aviv où Einav Zangauker — dont le fils, Matan, est encore dans les geôles du Hamas – est entrée dans une cage accrochée à un pont de la rue Begin dans le cadre d’un acte de défiance à l’égard du gouvernement.

Ces rassemblements, qui ont eu lieu dans deux des villes les plus peuplées du pays, ont été précédés par une journée d’action qui a mobilisé les Israéliens sur tout le territoire. Les protestataires ont bloqué des routes et ils se sont regroupés, nombreux, aux abords des domiciles privés de plusieurs ministres du gouvernement. Ont notamment été concernés le ministre de la Défense Yoav Gallant, le ministre des Affaires étrangères Israel Katz et le président de la Knesset Amir Ohana.

Dans la matinée de dimanche, les manifestations ont commencé à 6 heures 29 du matin très précisément – à l’heure exacte des premiers tirs de roquette du Hamas qui avaient émané de la bande de Gaza en date du 7 octobre, des tirs qui avaient donné le coup d’envoi à une journée d’horreur et de terreur sans précédent. Les hommes armés avaient massacré près de 1 200 personnes dans le sud d’Israël, semant la désolation – un pogrom qui avait déclenché la guerre qui oppose encore actuellement Israël au groupe terroriste au pouvoir au sein de l’enclave côtière.

Cinq personnes ont été arrêtées pour trouble à l’ordre public lors d’une manifestation qui a eu lieu à l’échangeur Kfar Hayarok, qui se trouve au nord de Tel Aviv – un rassemblement qui n’avait pas été autorisé au préalable. Douze personnes ont écopé d’une amende pour troubles à l’ordre public ou pour avoir utilisé leur véhicule pour bloquer la circulation. Il y a aussi eu des confrontations mineures entre manifestants et policiers à l’échangeur de Rokach/Namir, dans le nord de Tel Aviv.

Dans la soirée, ces regroupements restés dispersés dans la journée ont finalement fusionné alors que des milliers de manifestants sont venus écouter la prise de parole de Zangauker, enfermée dans sa cage à cinq mètres de hauteur. Des panneaux qui étaient collés sur la cage métallique réclamaient un accord immédiat ouvrant la porte à la libération des otages, affirmant : « Netanyahu, tout est entre vos mains » et « le gouvernement les a abandonnés ; le peuple les fera revenir ».

Des manifestants protestant pour la libération des otages dans la bande de Gaza, devant les quartiers généraux de l’armée de la Kirya, à Tel Aviv, le 7 juillet 2024. Einav Zangauker, la mère de l’otage Matan Zangauker, se tient dans la cage à gauche. Le slogan sur la cage est le suivant :  » Netanyahu, c’est entre vos mains « . (Crédit : Itaï Ron/Flash90)

S’adressant à la foule, Zangauker a déclaré avoir choisi de s’enfermer dans la cage « parce que nous sommes tous captifs de Netanyahu et du [chef du Hamas Yahya] Sinwar. »

« Il y a un accord sur la table qui est susceptible de sauver des vies – et nous tous. Je veux que Matan rentre à la maison, je veux que tous les otages rentrent maintenant à la maison », a-t-elle continué. « Je veux le dire à Netanyahu : les clés de cette cage et de toutes les autres sont entre vos mains. Vous avez abandonné les otages pendant neuf mois – cessez de traîner les pieds. Nous voulons qu’ils reviennent à la maison et c’est à vous de le faire ».

« Je veux que Matan rentre à la maison », a-t-elle répété. « Je veux entendre mon fils me dire ‘Maman’. »

Einav Zangauker, la mère d’un otage, Matan Zangauker,, se tient dans une cage lors d’une manifestation à la Kirya, à Tel Aviv, le 7 juillet 2024. (Crédit : Dana Reany / Pro-Democracy Protest Movement)

Des barrières bloquent les manifestants à Jérusalem

A Jérusalem, la marche vers la résidence de Netanyahu a été dirigée par le mouvement de jeunes HaShomer HaTzaïr. Les manifestants ont entonné le slogan « Nous n’accepterons pas l’abandon des otages ! »

Le défilé est parti du parc Sacher et il a emprunté le boulevard Ben Zvi, une artère de circulation majeure qui longe le parc.

La police était présente, escortant les manifestants. Elle était aussi en tête de cortège. Des policiers à cheval et un canon à eau avaient, pour leur part, été déployés au bout de la rue.

Au moment où le mouvement de protestation a atteint le boulevard Rehavia, des groupes s’étaient déjà dispersés, prenant de multiples directions. Toutefois, ce sont des centaines de personnes qui ont tenté de s’approcher autant que possible de la résidence de Netanyahu.

La police avait néanmoins installé de barrières rue Azza pour les empêcher d’aller plus loin.

La police derrière des barrières empêchant les manifestants anti-gouvernement d’atteindre la résidence du Premier ministre Benjamin Netanyahu à Jérusalem, le 7 juillet 2024. (Crédit : Charlie Summers/Times of Israel)

Hillel Levi-Faur, l’un des organisateurs de la manifestation, a prononcé un discours improvisé qui s’est adressé aux policiers.

« Vous nous connaissez ; nous sommes des personnes non-violentes », a-t-il dit. « Toutes ces barrières et tous ces blocages inutiles sont honteux. Permettez-nous de manifester devant la résidence du Premier ministre ».

Derrière lui, les manifestants ont crié : « Bibi abandonne les otages » avant de lire, un à un, les noms des captifs qui se trouvent encore à Gaza.

Le rassemblement a suivi des affrontements avec la police en début de soirée – un protestataire a été pris en charge à l’hôpital après avoir, semble-t-il, été violemment bousculé par les forces de l’ordre.

Les heurts ont éclaté alors que les agents tentaient de disperser les manifestants qui s’étaient installés sur le rails du tramway. Des images qui ont été postées sur les réseaux sociaux montrent les policiers pousser les manifestants et traîner une femme au sol. Selon la personne qui a diffusé la séquence sur internet, la police a arrêté un activiste du groupe « Meshanim Kivun » (« Nous changeons de direction »), une organisation militante qui consacre ses activités au dérèglement climatique.

Des manifestants anti-gouvernement, à Jérusalem, marchent vers la résidence officielle de Netanyahu dans le cadre d’une journée nationale de protestation, le 7 juillet 2024. (Crédit : Charlie Summers/ Times of Israel)

Une « semaine de résistance »

Cette mobilisation de dimanche est entrée dans le cadre d’une « semaine de la résistance » qui a été lancée par les groupes organisateurs du mouvement de protestation lors du rassemblement hebdomadaire qui a lieu le samedi soir.

Certaines entreprises israéliennes majeures, principalement issues du secteur hi-tech et des finances, ont laissé leurs employés prendre part aux rassemblements de dimanche, dont les groupes qui s’opposent au gouvernement avaient annoncé la tenue à la fin du mois de juin. Netzach Israel, un groupe de droite, a expliqué dimanche qu’il s’efforcerait de coopérer avec les actionnaires pour porter plainte contre les firmes concernées.

Les organisations à l’origine des manifestations se rassemblent toutes les semaines depuis le début de l’année 2023 – elles avaient protesté, dans un premier temps, contre le plan de refonte radicale du système judiciaire israélien qui était avancé par le gouvernement de droite, d’extrême-droite et religieux. Ces mouvements de protestation avait été mis en pause pendant quelques semaines dans le sillage de l’invasion et du massacre du 7 octobre et elles ont fait depuis un retour en force, réclamant de nouvelles élections. Les organisateurs affirment que le gouvernement a l’impératif moral de regagner la confiance du public après avoir échoué à déjouer le pire massacre jamais survenu dans l’histoire d’Israël.

Ces derniers mois, les principaux rassemblements anti-gouvernementaux à Tel Aviv ont eu lieu conjointement avec ceux qui sont organisés par le Forum des Familles des otages – des familles qui appellent à ce que leurs proches soient libérés. Pendant la guerre, ces groupes de protestation ont aussi réaffirmé avec véhémence leur opposition à une législation qui prévoit d’exempter les étudiants en yeshiva de service militaire – un projet de loi qui, selon les critiques, s’apparente à un abus de pouvoir de la part des partenaires de coalition ultra-orthodoxes de Netanyahu.

« L’État d’Israël a été abandonné depuis 275 jours [correspondant au 7 octobre] », a dit un communiqué qui a été émis par Frères d’Armes, l’organisation réunissant des réservistes et qui est un fer de lance de la mobilisation, avant les rassemblements de dimanche.

« Ce gouvernement d’extrémistes refuse de prendre ses responsabilités et de rendre son mandat au peuple pour pouvoir enfin faire revenir nos frères et sœurs qui ont été arrachés de leurs foyers et ce, indépendamment du prix à payer ; un gouvernement d’extrémistes qui légifère un texte qui légalise la désertion », a continué le communiqué.

« Nous continuerons ces manifestations jusqu’à ce que ce gouvernement d’abandon se réveille enfin, qu’il assume ses responsabilités et qu’il fixe une date pour de nouvelles élections. »

116 otages qui avaient été kidnappés, le 7 octobre, sont encore encore détenus par le Hamas à Gaza. L’armée israélienne a confirmé la mort de 42 d’entre eux.

Le groupe terroriste détiendrait aussi les corps sans vie de deux soldats qui avaient été tués en 2014 ainsi que deux civils, qui seraient vivants. Ces derniers, qui souffraient d’une maladie psychiatrique, étaient entrés de leur plein gré dans la bande en 2014 et en 2015 respectivement.

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