Près de 4 milliards de shekels alloués aux communautés druze et circassienne
Les dirigeants communautaires se félicitent de l'investissement, mais le qualifient de « première étape » et expriment l'espoir qu'il ne « restera pas lettre morte » comme les promesses précédentes

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre des Finances Bezalel Smotrich ont annoncé dimanche, dans une déclaration conjointe, l’adoption d’un plan quinquennal d’une valeur d’environ 3,9 milliards de shekels pour résoudre les problèmes de logement et d’urbanisme qui affectent les communautés druze et circassienne dans le nord du pays.
Le bureau du Premier ministre a présenté ce plan comme le plus important jamais mis en place par le pays pour les minorités druze et circassienne, qui comptent respectivement environ 150 000 et 5 000 membres et vivent principalement dans le nord d’Israël.
« Ces actions reflètent la force de notre lien avec la communauté druze. Ils se battent à nos côtés, épaules contre épaules ; nous avons une alliance unique », déclare Netanyahu dans une vidéo pré-enregistrée et diffusée par le bureau du Premier ministre.
Le Premier ministre a rappelé que l’engagement d’Israël envers la communauté druze « inclut les druzes de la région, en particulier en Syrie ».
Le ministre de la Défense, Israel Katz, a annoncé dimanche que les Druzes syriens seraient bientôt autorisés à travailler en Israël. Au début du mois, Netanyahu et Katz ont ordonné à l’armée israélienne de « se préparer à défendre » la ville de Jaramana, à la périphérie de Damas, en Syrie, majoritairement druze, où les forces du régime se sont affrontées avec des hommes armés druzes locaux.
Dimanche, Netanyahu et Smotrich ont évoqué le « pacte de sang » entre l’État d’Israël et ses citoyens druzes – une référence au service militaire des druzes israéliens – et ont déclaré qu’il s’agissait également d’un « pacte de vie ».

Le plan quinquennal, élaboré en coopération avec les ministères concernés, prévoit d’allouer 650 millions de shekels à l’aménagement du territoire et au logement. Il prévoit également de créer une commission d’aménagement pour les localités druzes et circassiennes et d’accélérer la planification urbaine et détaillée. 450 millions de shekels seront investis pour adapter le système scolaire aux futurs marchés du travail, selon le bureau du Premier ministre.
Ce plan vise également à améliorer les réseaux électriques et à subventionner les nouvelles constructions pour les soldats démobilisés et les jeunes couples. Il prévoit aussi de renforcer les autorités locales en investissant plus d’un milliard de shekels pour augmenter leurs budgets et améliorer leur efficacité organisationnelle, et de développer de nouvelles sources de revenus grâce à des projets économiques.
Les dirigeants satisfaits mais sceptiques
Le plan a été bien accueilli par les dirigeants druzes et circassiens, mais a été reçu avec un certain scepticisme.
Le cheikh Muafak Tarik, chef de la communauté druze en Israël, a déclaré, dans un communiqué relayé par Walla, que le plan n’était qu’une « première étape » et que d’autres mesures seraient nécessaires pour résoudre les problèmes auxquels la communauté est confrontée.

Il a appelé « différents ministères à collaborer avec le Forum des autorités locales druzes et circassiennes pour mettre pleinement en œuvre toutes les dispositions du plan, en mettant l’accent sur les écoles, l’enseignement supérieur, l’emploi et la croissance économique ».
Tarik a déclaré que le partenariat entre l’État israélien et sa communauté druze « doit se traduire dans la vie des citoyens et pas seulement dans le partage du fardeau [du service militaire] », ajoutant être « heureux que le Premier ministre ait mis l’accent sur cet engagement et ce partenariat, qui doivent se concrétiser ».
Le Dr Amir Khnifess, président du Mouvement druze et circassien pour la démocratie et l’égalité, a déclaré dans un communiqué, également cité par Walla, qu’il était « satisfait du plan » et espérait qu’il « ne restera pas lettre morte, comme les plans et résolutions précédents » qui, selon lui, n’ont pas été appliqués et ont plongé les conseils locaux dans une crise budgétaire, les obligeant à faire appel au public pour obtenir des fonds.
Khnifess a ajouté que le gouvernement n’a toujours pas abrogé les « clauses racistes de la loi sur l’État-nation et de la loi Kaminitz, qui empêchent la communauté druze de progresser sur un pied d’égalité avec les juifs dans la vie quotidienne », malgré les sacrifices de la communauté sur le champ de bataille.
La communauté a été bouleversée par la controversée loi sur l’État-nation de 2018, une loi fondamentale qui fait d’Israël l’État national juif, et qui a été vivement critiquée comme étant discriminatoire envers les minorités.
La loi dite Kaminitz facilite la destruction des constructions illégales par l’État, malgré la difficulté d’obtenir des permis de construire dans les villes arabes. Dans sa déclaration, Tarik a également fait allusion aux démolitions de logements comme à un préjudice que le gouvernement doit arrêter afin de soutenir la communauté druze.