Attaque du Radisson de Bamako : outre les Maliens, au moins 8 nationalités présentes
L'assaut a été donné par les forces spéciales ; environ 170 personnes ont été prises en otage dans un hôtel de luxe au Mali
De nombreux étrangers, d’au moins 7 nationalités, séjournaient à l’hôtel Radisson Blu de Bamako, attaqué vendredi matin par plusieurs individus armés qui retenaient encore 125 clients et 13 employés à 13H50, selon le groupe hôtelier.
Environ 80 personnes ont réussi à quitter l’établissement de luxe de 190 chambres et suites, situé à l’ouest du centre-ville de la capitale malienne, après l’assaut donné en milieu de journée par les forces spéciales maliennes, selon la télévision publique.
Doté d’une piscine extérieure et d’un spa, le Radisson Blu Hotel se présente sur son site internet comme « l’un des lieux de conférence les plus populaires de la ville, qui propose aux hôtes des événements, une salle de bal incroyable de 508 m² et des salles de réunion bénéficiant d’équipements audiovisuels dernier cri ».
Outre les Maliens présents dans l’hôtel, sept nationalités y étaient représentées. Voici certains des ressortissants étrangers résidant dans l’hôtel au moment de l’attaque:
ALGERIE
Sept Algériens, dont six membres d’une délégation officielle algérienne et et un cadre d’un entreprise française, ont été exfiltrés de l’hôtel, selon les autorités algériennes.
ALLEMAGNE
Deux Allemands ont réussi à sortir de l’hôtel, a indiqué le ministère des Affaires étrangères, sans préciser si d’autres ressortissants séjournaient dans l’établissement.
BELGIQUE
Quatre Belges étaient présents au moment de la prise d’otages, selon les autorités belges, qui n’ont pas indiqué s’ils faisaient partie des otages.
CHINE
Au moins sept ressortissants chinois séjournaient au Radisson Blu, selon l’agence Chine Nouvelle.
ETATS-UNIS
Au moins six citoyens américains ont été évacués de l’hôtel, selon le commandement militaire américain pour l’Afrique.
FRANCE
Douze employés d’Air France résidaient dans l’établissement. Ils sont désormais « en lieu sûr », a indiqué la compagnie aérienne qui a annulé tous ses vols à partir et à destination de Bamako.
INDE
Au moins 20 ressortissants indiens figuraient parmi les otages, selon des sources officielles indiennes.
TURQUIE
Sept membres d’équipage de Turkish Airlines étaient dans l’hôtel, dont cinq ont été libérés : le chef de station, deux pilotes et deux personnels navigants. Deux autres personnels navigants étaient toujours à l’intérieur, selon la compagnie.
Assaut des forces maliennes
Les forces spéciales maliennes ont donné vendredi l’assaut contre l’hôtel Radisson de Bamako, théâtre d’une prise d’otages, et ont « pu libérer une dizaine de personnes », a affirmé à l’AFP le porte-parole du ministère malien de la Sécurité intérieure.
« Trois otages ont été tués », a indiqué ce porte-parole, précisant que les nationalités étaient en cours de vérification. « L’assaut vient d’être donné. Les forces spéciales ont pu libérer une dizaine de personnes », a-t-il déclaré, estimant le nombre des assaillants de l’établissement à « deux ou trois ».
« L’assaut vient d’être donné. Les forces spéciales ont pu libérer une dizaine de personnes », a-t-il déclaré, estimant le nombre des assaillants de l’établissement à « deux ou trois ».
Ils ont attaqué l’hôtel vers 07H00 et pris des otages, selon ce responsable du ministère de la Sécurité, soulignant qu’une bonne partie des clients et employés s’étaient enfermés dans des chambres et n’étaient donc pas sous la menace directe des ravisseurs.
Un secouriste présent sur les lieux a indiqué à l’AFP avoir assisté tôt vendredi matin trois gardes chargés de la sécurité de l’hôtel qui étaient blessés, dont un grièvement par balle.
« Selon nos informations, deux personnes retiennent 140 clients et 30 employés », a indiqué auparavant dans un communiqué le groupe hôtelier Rezidor, qui gère le Radisson Blu, situé près du centre de la capitale malienne, où séjournent notamment les équipages de compagnies aériennes.
La société de gardiennage de l’hôtel a signalé qu’un gardien grièvement blessé, est entre la vie et la mort, selon une source au sein de l’entreprise. Un journaliste de l’AFP a ensuite vu peu avant 11H00 locales un policier, également blessé par balle, en train d’être évacué par les forces de sécurité.
Le même journaliste a aussi pu trois personnes évacuées de l’hôtel par les forces de sécurité, dont deux femmes, qui lui ont affirmé avoir vu dans l’hôtel le corps d’un homme à la peau claire gisant au sol.
Les deux femmes sont une Turque, travaillant pour une compagnie aérienne de son pays, ainsi qu’une Ivoirienne, qui était présente à l’hôtel Radisson pour une rencontre économique, et l’homme est un employé de l’établissement, qui arborait un badge.
« En sortant, j’ai vu ‘une victime’ à la peau blanche par terre », a dit l’une des deux femmes, l’autre parlant de mort gisant au sol. Aucune n’était en mesure de fournir davantage de détails dans l’immédiat.
Tous étaient visiblement choqués mais sans blessure apparente, selon le journaliste de l’AFP qui les a vus sortir des lieux escortés par les forces de sécurité.
En Turquie, la compagnie Turkish airlines a indiqué que sept membres de son équipage se trouvaient dans l’hôtel, dont cinq avaient été évacués.
En raison de la situation, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, qui se trouvait à N’Djamena, au Tchad, pour un sommet d’un groupe de pays du Sahel, a décidé d’écourter son séjour et de rentrer aussitôt sur Bamako, ont indiqué à l’AFP la présidence et le ministère de la Sécurité.
L’assaut dans ce pays du Sahel régulièrement en proie à des violences djihadistes survient une semaine exactement après les attaques meurtrières revendiquées par le groupe Etat Islamique qui ont fait 129 morts à Paris.
Un journaliste de l’AFP sur place a entendu une fusillade en cours dans l’hôtel, situé dans le centre de la capitale, devant lequel les forces de l’ordre ont établi un périmètre de sécurité.
Des tirs d’armes automatiques pouvaient être entendus de l’extérieur de l’hôtel qui compte 190 chambres. « Ca se passe au septième étage, des djihadistes sont en train de tirer dans le couloir », a déclaré une source de sécurité à l’AFP.
Selon une source sécuritaire malienne, des assaillants sont rentrés dans l’enceinte de l’hôtel à bord d’une voiture munie d’une plaque diplomatique.
Selon le propriétaire de l’établissement, cité par Jeune Afrique, l’attaque a été menée par « trois individus lourdement armés ».
Outre des policiers et militaires maliens, des forces spéciales de la gendarmerie sont arrivées sur les lieux, où étaient également visibles des membres de la force de l’ONU au Mali, la Minusma, et des forces françaises Barkhane, selon un photographe de l’AFP également présent sur les lieux.
‘cible évidente’
Un consultant français ayant requis l’anonymat qui descend régulièrement au Radisson, a estimé qu’il s’agissait « d’une cible évidente pour les terroristes ».
« Le Radisson se trouve à un carrefour, l’une des rues étaient bloquées. Le contrôle est assuré par les gardiens privés. Ils passaient le détecteur de métaux sous les voitures. J’avais remarqué que lorsqu’ils connaissaient ils ne le passaient plus, » a poursuivi cette même source.
Les personnels civils de la Minusma ont reçu un ordre de confinement et l’ambassade américaine à Bamako a appelé dans un tweet « ses ressortissants à rester à l’abri, et à respecter les instructions des autorités locales ».
En août, une attaque contre un hôtel à Sévaré, près de Mopti (entre), avait fait au total 13 morts, dont quatre parmi le personnel d’une société sous-traitante de la Minusma.
Le 7 mars, un attentat contre un bar-restaurant à Bamako avait coûté la vie à 5 personnes, dont un Français et un Belge. Il s’agissait de la première attaque de ce type perpétrée dans la capitale du Mali.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda après la déroute de l’armée face à la rébellion, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.
Ils y ont été dispersés et en ont été en grande partie chassés à la suite du lancement en janvier 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire internationale qui se poursuit actuellement.
Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères. Longtemps concentrées dans le Nord, les attaques djihadistes se sont étendues depuis le début de l’année vers le centre, puis à partir de juin au sud du pays.
Dans un enregistrement remontant à octobre et récemment authentifié, le chef du groupe djihadiste Ansar Dine, allié d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Iyad Ag Ghaly, avait appelé à poursuivre la lutte contre la France.