Israël en guerre - Jour 471

Rechercher

Procès Merah : le parquet général fait appel du verdict

Le ministère public a estimé que la cour d'assises spéciale de Paris "n’avait pas tiré toutes les conséquences juridiques des faits qui lui étaient soumis"

Une esquisse faite par le tribunal le 2 novembre 2017 montre Abdelkader Merah (d) le dernier jour de son procès au palais de justice de Paris. (Crédit :  AFP / Benoit Peyruco)
Une esquisse faite par le tribunal le 2 novembre 2017 montre Abdelkader Merah (d) le dernier jour de son procès au palais de justice de Paris. (Crédit : AFP / Benoit Peyruco)

Il y aura un deuxième procès Merah : le parquet général a annoncé vendredi qu’il faisait appel du verdict de la cour d’assises de Paris qui a condamné à 20 ans de prison Abdelkader Merah pour association de malfaiteurs terroriste mais ne l’a pas jugé complice des sept assassinats commis par son frère Mohamed.

Le ministère public a estimé que la cour d’assises spéciale de Paris « n’avait pas tiré toutes les conséquences juridiques des faits qui lui étaient soumis » au cours des cinq semaines d’audience, notamment pour avoir acquitté Abdelkader Merah de la « complicité d’assassinats » qui lui était reprochée.

L’appel du parquet général concerne également son co-accusé Fettah Malki, condamné à 14 ans de prison pour avoir vendu l’arme et le gilet pare-balles à Mohamed Merah ayant servi à tuer des militaires, des enfants et un enseignant juifs en mars 2012, en connaissant sa radicalisation jihadiste.

L’avocate générale Naïma Rudloff avait requis la réclusion criminelle à perpétuité avec une peine de sûreté de 22 ans contre Abdelkader Merah, en retenant contre lui la complicité, et 20 ans de réclusion contre Fettah Malki avec une peine de sûreté des deux tiers.

« Rien ne me surprend », a réagi auprès de l’AFP l’avocat d’Abdelkader Merah, Eric Dupond-Moretti, après l’appel du parquet général.

L’avocat a précisé qu’il allait consulter son client pour savoir s’il souhaitait faire appel. Evoquant, la perspective d’un nouveau procès, il a insisté sur la nécessité de réfléchir à « la question de la victime dans le procès pénal, du poids de l’opinion publique, de l’image de l’institution judiciaire et de la façon dont le terrorisme nous a anesthésiés ».

Me Eric Dupond-Moretti, l'avocat d'Abdelkader Merah, à l'ouverture de son procès, à Paris, le 2 octobre 2017. (Crédit : Martin Bureau/AFP)
Me Eric Dupond-Moretti, l’avocat d’Abdelkader Merah, à l’ouverture de son procès, à Paris, le 2 octobre 2017. (Crédit : Martin Bureau/AFP)

Mohamed Merah n’était pas « un « loup solitaire ayant agi seul sans complicité, en l’occurence celle de son frère. Cet appel offre la possibilité supplémentaire d’établir cette complicité, voire d’autres. C’est par conséquent une bonne nouvelle pour les familles des victimes à qui l’on doit faire justice », a salué pour sa part le président du Consistoire, Joël Mergui.

‘Le mal absolu’

Dans ce procès, « nous sommes les seuls en défense à nous être placés sur le terrain probatoire de la preuve », a néanmoins estimé Me Dupond-Moretti en ciblant « les parties civiles qui n’ont pas plaidé le fond du dossier » lui préférant « le terrain victimaire ».

« La question est : est-ce qu’un type qui incarne le mal absolu par les temps qui courent peut se voir condamné au bénéfice du doute ? », a-t-il interrogé.

Il a cependant rendu hommage au travail des juges qui « ont résisté à la pression de l’opinion publique et ont effectué un vrai travail pour motiver leurs décisions ».

Après cinq semaines d’un procès sous haute tension, la cour a souligné que Mohamed Merah a « toujours été seul » au moment où il a commis les sept assassinats, les 11, 15 et 19 mars 2012 à Toulouse et Montauban, avant d’être tué par les forces d’élite de la police le 22 mars.

« S’il partageait bien les motivations » du jihadiste, « aucun élément de la procédure ne montre » qu’Abdelkader Merah « connaissait les objectifs visés et les crimes commis par son frère », a-t-elle dit.

Confrontés aux poids de la douleur des victimes et à la symbolique du premier procès des attentats jihadistes en France, les juges avaient trouvé un compromis en droit qui ne pouvait satisfaire des attentes contradictoires.

Deux figures emblématiques des parties civiles ont manifesté leur cruelle déception.

« On est trop naïf en France. Il faut qu’on se réveille pour protéger notre pays, pour protéger nos enfants », a lancé jeudi soir Latifa Ibn Ziaten, mère du premier soldat tué par Mohamed Merah.

Latifa Ibn Ziaten (Crédit : Capture d’écran BFMTV)
Latifa Ibn Ziaten (Crédit : Capture d’écran BFMTV)

« C’est mieux que rien mais nos enfants, eux, ont pris perpétuité. Dans quinze ans, il aura tout oublié. Nous, notre peine, notre malheur est éternel », a abondé Samuel Sandler, père et grand-père de trois victimes de l’école juive de Toulouse.

Plusieurs avocats représentant des familles de victimes ont néanmoins salué un verdict équilibré.

« C’est un jugement qui devrait satisfaire les parties civiles », a confié Me Simon Cohen, principal avocat des familles de victimes pour qui « la cour (…) n’a cédé ni devant les terroristes de tous poils ni devant certaines menaces ».

Même satisfecit pour Me Olivier Morice, avocat de la famille d’un militaire tué à Montauban pour qui « une justice sereine » a « été rendue ».

En savoir plus sur :
S'inscrire ou se connecter
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
Se connecter avec
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation
S'inscrire pour continuer
Se connecter avec
Se connecter pour continuer
S'inscrire ou se connecter
Se connecter avec
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un email à gal@rgbmedia.org.
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.
image
Inscrivez-vous gratuitement
et continuez votre lecture
L'inscription vous permet également de commenter les articles et nous aide à améliorer votre expérience. Cela ne prend que quelques secondes.
Déjà inscrit ? Entrez votre email pour vous connecter.
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
SE CONNECTER AVEC
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation. Une fois inscrit, vous recevrez gratuitement notre Une du Jour.
Register to continue
SE CONNECTER AVEC
Log in to continue
Connectez-vous ou inscrivez-vous
SE CONNECTER AVEC
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un e-mail à .
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.