Profanation du cimetière de Sarre-Union en 2015 : le « mobile antisémite » enfin reconnu
Des centaines de stèles avaient été renversées, certains tombeaux avaient été ouverts et les profanateurs - tous mineurs au moment des faits - avaient uriné sur certaines sépultures
La cour d’appel de Metz a reconnu lundi le « mobile antisémite » de la profanation du cimetière juif de Sarre-Union, en février 2015, pour lequel cinq jeunes hommes ont été condamnés à des peines de huit à 18 mois de prison avec sursis en 2017.
L’affaire, la plus grave visant un cimetière juif depuis une vingtaine d’années, avait été jugée au pénal par le tribunal pour enfants de Saverne, les prévenus étant tous mineurs au moment des faits.
Mais c’est l’audience sur les intérêts civils qui avait posé problème : en première instance puis en appel, plusieurs associations de lutte contre le racisme n’avaient pas été déclarées recevables à se constituer parties civiles.
L’une d’elles, « La Maison des potes », s’est pourvue en cassation contre cette irrecevabilité.
La Cour de cassation, qui a estimé que la cour d’appel de Colmar n’avait pas justifié l’irrecevabilité, a renvoyé l’affaire devant la cour d’appel de Metz en avril 2023.
Dans sa décision rendue lundi et consultée par l’AFP, la juridiction messine a conclu que « le mobile antisémite est parfaitement caractérisé ».
Elle a donc déclaré recevable la constitution de partie civile de l’association de lutte contre le racisme et les discriminations pour l’acte de dégradation volontaires de tombes.
Les prévenus ont été condamnés à verser 2 000 euros à l’association pour le préjudice moral et 3 000 euros pour les frais de justice, une condamnation « symbolique au regard de l’ampleur du préjudice », a jugé Samuel Thomas, le président de la Maison des potes, « mais elle est conforme au montant qui avait été accordé aux familles et victimes individuelles des dégradations ».
M. Thomas évoque « une grande victoire », après une « bataille de neuf années pour faire reconnaître la motivation antisémite des auteurs » du saccage.
Des centaines de stèles avaient été renversées, certains tombeaux avaient été ouverts et les profanateurs avaient uriné sur certaines sépultures.
Le saccage de très grande ampleur avait provoqué une vive indignation au niveau national, conduisant François Hollande, alors président de la République, à se rendre sur place. « Profaner, c’est insulter toutes les religions », avait-il proclamé, lors d’une cérémonie de recueillement organisée en présence de nombreux responsables politiques et religieux.