Promotion d’un policier inculpé : Daniel Levy refuse de dire s’il obéira à Baharav-Miara
La controverse intensifie le conflit entre la procureure générale et le ministre Ben Gvir au sujet de ses efforts pour influencer la politique de la police israélienne
La police israélienne a déclaré dans un communiqué mardi que son nouveau chef, Daniel Levy, « s’engage à agir conformément à la loi, sans équivoque », en réponse à un reportage télévisé indiquant qu’il avait refusé de dire s’il suivrait les directives légales de la procureure générale.
La Douzième chaîne a rapporté que Levy, qui est entré en fonction dimanche, a refusé de dire à qui il s’en remettrait – au ministre d’extrême-droite de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir ou à la procureure générale Gali Baharav-Miara – alors que les deux ont des positions discordantes sur la légalité de la promotion d’un policier très controversé, décidée la semaine dernière. La déclaration de la police a contesté le reportage mais n’a pas clarifié la position de Levi.
Ben Gvir a promu Meïr Suissa, un officier de la police israélienne qui avait été inculpé au début de l’année pour avoir lancé une grenade incapacitante sur des manifestants, au poste de surintendant en chef la semaine dernière, et l’a placé à la tête du commissariat du sud de Tel Aviv.
Puis, dimanche, Baharav-Miara a bloqué la promotion, déclarant que celle-ci avait été faite sans l’autorisation nécessaire. Avshalom Peled, qui assurait l’intérim à la tête de la police jusqu’à la prestation de serment de Levy, a été interdit, par Baharav-Miara, de prendre toute décision concernant le personnel pendant la durée de l’intérim, tandis que Levi n’avait pas encore pris ses fonctions – lui permettant d’approuver cette promotion.
Ben Gvir avait insisté sur le fait que la promotion de Suissa aurait lieu malgré tout, et avait déclaré que si Baharav-Miara « veut annuler la nomination du ministre, elle peut s’adresser à la Cour suprême ».
Selon la Douzième chaîne, Levy a refusé à deux reprises de clarifier sa position sur la question alors qu’il parlait à un correspondant de la chaîne dimanche, disant qu’il opterait plutôt pour une déclaration officielle.
La police a déclaré mardi que « la présentation des propos attribués au commissaire, dans plusieurs organes de presse, est incorrecte, pour ne pas dire plus », et a déclaré que Levy organiserait une discussion dédiée à cette promotion controversée.
Selon la Douzième chaîne, Levi a déclaré lundi à ses collaborateurs : « Je ne suis entré en fonction qu’hier. La décision de promouvoir Suissa au rang de commissaire principal et de lui confier le commissariat du sud de Tel Aviv a été prise par mon prédécesseur, [Avshalom] Peled. De mon point de vue, il s’agit d’une affaire classée, je n’ai pas l’intention de m’y impliquer. »
Peled, qui avait fait l’objet d’une enquête pour corruption en 2015, était le premier choix de Ben Gvir pour le poste de chef de la police israélienne, mais il a retiré sa candidature le 29 juillet.
Réagissant au reportage de la Douzième chaîne lundi, le groupe anti-gouvernement « Free in Our Land » a qualifié la promotion de Suissa de « nouvelle étape dans la politisation de la police par le ministre Ben Gvir ».
Le groupe s’est déclaré « heureux qu’il y ait encore en Israël des gardiens qui fonctionnent, comme le chef [de l’agence de sécurité intérieure] du Shin Bet et la procureure générale, qui font front contre ces tentatives ».
L’ONG Mouvement pour un gouvernement de qualité (MQG) en Israël a appelé la Haute Cour à intervenir immédiatement et à suspendre le mandat de Levi en tant que chef de la police : « Le refus de Levi de déclarer clairement qu’il agira conformément aux directives de la procureure générale confirme notre méfiance quant à son incapacité à résister aux pressions politiques et à protéger l’indépendance de la police », a déclaré l’ONG dans un communiqué, selon la Douzième chaîne.
L’épisode a marqué la dernière confrontation entre Ben Gvir et Baharav-Miara, qui ne cessent de s’affronter depuis que le ministre de la Sécurité nationale a pris ses fonctions fin 2022.
Ben Gvir a demandé à maintes reprises que Baharav-Miara soit licenciée et avait déclaré en mars qu’elle « fait actuellement office de chef de l’opposition de facto ».
Les critiques ont accusé Ben Gvir de prendre le contrôle de la police et de la soumettre à son autorité. Le ministre d’extrême-droite aurait ordonné à la police de ne pas empêcher les extrémistes d’attaquer les camions transportant des fournitures à Gaza au cours de la guerre qui y est menée contre le groupe terroriste palestinien du Hamas.
Des policiers ont également été accusés de ne pas avoir arrêté des résidents d’implantations qui avaient attaqué des Palestiniens en Cisjordanie et d’être restés inactifs lorsque des foules d’extrême-droite avaient pris d’assaut des bases militaires le 29 juillet après l’arrestation de réservistes de Tsahal soupçonnés de sodomies sur un Palestinien détenu pour terrorisme présumé.
Jeudi, le chef de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet, Ronen Bar, a écrit à Netanyahu qu’un « sentiment occulte de soutien » de la part de la police enhardissait les terroristes juifs. Ben Gvir aurait quitté une réunion du cabinet plus tard dans la journée après que le gouvernement eut rejeté sa demande de licencier Bar en raison de la lettre.