Qatargate : Jonatan Urich n’aurait pas d’habilitation de sécurité – média
Le bureau du Premier ministre a rejeté les informations contenues dans un reportage diffusé par i24news, des "fake news" qui justifient "un procès en diffamation"

Un conseiller de longue date du Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui est soupçonné de liens illicites avec le Qatar, n’a pas d’habilitation de sécurité et il a préféré interrompre sa demande d’une telle habilitation plutôt que de passer au détecteur de mensonges, selon un reportage qui a été diffusé dimanche.
Selon i24 News, le Premier ministre, suite à l’attaque sanglante qui avait été commise par le groupe terroriste du Hamas, le 7 octobre 2023, avait cherché à remplacer son porte-parole Topaz Luk par Jonatan Urich, qui avait travaillé pendant dix ans au bureau du Premier ministre sans habilitation de sécurité – ce qui avait amené le chef de cabinet de Netanyahu, Tzachi Braverman, à exercer des pressions sur l’agence de sécurité du Shin Bet dans le but d’accélérer la délivrance de cette accréditation.
Cependant, Urich s’était retiré du processus juste avant de passer au détecteur de mensonges – à peu près au moment où il avait commencé à remplir un questionnaire qui comprenait des questions sur les pays et sur les ressortissants étrangers, a précisé la chaîne.
En réponse au reportage, le cabinet du Premier ministre a publié un communiqué laconique qui l’a qualifié de « fake news » – un reportage qui, a-t-il ajouté, « frise la diffamation et justifie un procès en diffamation ».
Dans le dossier dit du « Qatargate », Urich et l’ancien porte-parole de Netanyahu pour les affaires militaires, Eli Feldstein, sont soupçonnés de multiples délits liés à leur travail présumé pour une société de lobbying pro-qatarie. Ils auraient ainsi entretenu des contacts avec des agents étrangers et ils sont accusés de faits de corruption en lien avec des lobbyistes et avec des hommes d’affaires.
Selon un bref résumé des soupçons nourris par les enquêteurs, qui a été publié par la Cour de première instance de Rishon Lezion au début du mois, une société de lobbying américaine, The Third Circle, qui appartient au lobbyiste américain pro-Qatar Jay Footlik, aurait établi un lien direct avec Urich dans le but de diffuser des messages positifs dans les médias israéliens concernant le rôle tenu par Doha dans les négociations d’un accord entre Israël et le Hamas – un accord ouvrant la porte à la remise en liberté des otages – et de diffuser des messages négatifs sur la médiation de l’Égypte dans le cadre de ces pourparlers.

Urich, le principal suspect dans l’affaire, aurait employé Feldstein pour l’aider dans le travail de prise de contact avec les journalistes afin de promouvoir ces messages.
Complétant les informations concernant l’affaire, un enquêteur de la police a déclaré au tribunal qu’Urich « et d’autres » avaient relayé des informations en direction des journalistes en prétendant qu’elles provenaient de hauts responsables politiques ou sécuritaires israéliens – alors qu’Urich et Feldstein, en réalité, transmettaient des messages qui émanaient du gouvernement qatari via la société de lobbying de Footlik.
Urich et Feldstein n’étaient pas directement employés par le cabinet du Premier ministre. Urich occupait un poste de conseiller auprès des médias pour le parti du Likud de Netanyahu, et Feldstein avait été embauché en tant que conseiller média indépendant au sein du bureau du Premier ministre après s’être vu refuser une habilitation de sécurité par le Shin Bet au mois d’avril 2024.

Netanyahu travaille fréquemment avec des personnes qui ne sont pas des employés officiels du bureau du Premier ministre et qui ne sont donc pas légalement tenues d’obtenir une habilitation de sécurité.
Au début du mois, Netanyahu avait accusé la police d’avoir pris « en otages » Urich et Feldstein, affirmant que les enquêteurs s’accrochaient à des éléments sans preuve réelle pour étayer « leur enquête politique ».
Le Premier ministre, qui se dit victime d’un complot de « l’État profond », a également affirmé que l’enquête sur le Qatargate n’avait été ordonnée par la procureure-générale Baharav-Miara et lancée par le chef du Shin Bet, Ronen Bar, que pour créer un prétendu conflit d’intérêts – conflit d’intérêts dans lequel le Premier ministre ne pouvait pas se permettre de renvoyer le chef de la sécurité qui enquêtait sur son bureau.
L’affirmation du Premier ministre semble ne se baser que sur peu de preuves et elle contredit la séquence connue des événements, puisque Netanyahu n’avait initié la procédure de renvoi de Bar qu’après le lancement de l’enquête sur le Qatar.
Jeremy Sharon a contribué à cet article.